TWILIGHT - RÉVOLUTION (Tome 1)

8. FEU DE CAMP (Partie II)

Alors que je m'apprêtais à retourner à ma besogne, il m'obligea à lui faire face. Je baissai la tête afin de lui cacher mon expression mais il releva doucement mon menton – je cessai alors de respirer – et m'embrassa. Lorsqu'il me regarda de nouveau, je lus une douleur identique à la mienne au fond de ses prunelles.

- Bella, dit-il d'une voix triste, aurais-tu l'obligeance de cesser ?

- Quoi donc ? murmurai-je.

- De te trémousser ainsi dans tous les sens, déclara-t-il. Tu vas finir par me donner le vertige. Une seule Alice me suffit, tenta-t-il de plaisanter.

J'imaginais effectivement que ma belle-sœur avait dû opter pour la même solution que moi afin de se changer les idées.

- Je sais, reconnus-je. J'essaie de gérer la situation comme je le peux, mais ce n'est pas facile.

- Tu crois que t'enfermer dans ce genre de banalité t'aidera à mieux t'en sortir ? hésita-t-il, sceptique.

- Peut-être pas, répliquai-je en secouant le menton, mais ça me donne l'impression d'agir.

Je haussai les épaules, lui montrant par-là que j'avais moi-même du mal à croire à ce que je disais. Il me prit dans ses bras et m'étreignit un long moment. Je me laissai alors complètement aller.

- Qu'allons-nous faire ? gémis-je.

- Je ne sais pas, avoua-t-il à regret. Ils ne nous ont pas laissé le choix.

- Je sais mais... combien de temps pourrons-nous supporter de vivre sans elle ? Quand se décideront-ils à nous la rendre ? En ont-ils jamais eu l'intention ? Et pourquoi, pourquoi refusent-ils de s'expliquer ?

Autant de questions sans réponse. Je me lançai dans un discours véhément.

- Ils n'ont pas le droit, tout bonnement pas le droit de nous la prendre sans même avoir le courage de se justifier. Renesmée n'a jamais représenté le moindre danger pour notre espèce. S'ils refusent de parler, c'est qu'ils n'ont pas la moindre raison de faire ce qu'ils ont fait. La loi ne s'applique pas à notre cas, Edward. Et nous, nous sommes là à leur obéir, à nous plier à leur pouvoir. Ça me dégoûte !

- Il ne s'agit pas de ça, tenta-t-il de me calmer. Nous ne nous plions pas à leur pouvoir, nous sommes contraints de ne rien faire. Tu as vu ce qu'ils ont dit : « Dans votre intérêt et celui de votre fille, il serait préférable de ne pas faire appel à vos amis », récita-t-il dans une imitation parfaite du vieil Italien. J'ai bien compris ce que ça voulait dire, je l'ai lu dans ses pensées. Si seulement nous avions pu recourir à ce moyen, regrouper tous ceux qui se sont ralliés à notre cause la dernière fois... Mais même si c'était le cas, ce serait de la folie de s'attaquer à Volterra. Si nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes, là où nous aurions eu toutes les chances d'échouer si nous avions été une trentaine, il est clair que nous n'aurons aucun espoir de survie. Et même si je sais que toute la famille serait prête à mourir pour récupérer Renesmée, ni toi ni moi ne supporterions ce sacrifice.