A Girl Reality - tome 2 (Terminé)

1. La réalité (Erine)

« La véritable source qui fait de l'homme un danger est son aptitude à éprouver des émotions. La colère, l'envie, la haine, l'avarice, la gourmandise, la luxure, la peur... Ce sont ces émotions que j'ai dû éradiquer chez les hommes pour qu'ils puissent nous obéir, pour que nous puissions vivre en harmonie, pour que nous ne connaissions plus jamais la guerre. »

               Anne Syénite

Les jambes flageolantes, je cours à travers un chemin de débris. Nous n'avons pas de temps à perdre. Non seulement les gardiennes ont dû envoyer des drones à notre poursuite hors du dôme, mais les Askaris ne sont pas loin, tout comme ces Dévihomulus qui peuvent nous surprendre à tout moment.

Nous avons traversé les passages sous-terrain de la cité trois bonnes heures avant de sortir et, selon Kéba, il faut que nous atteignions notre premier refuge avant la tombée de la nuit. Depuis, nous le suivons, c'est notre guide. Si je n'avais pas suivi un entraînement intensif cette semaine, jamais je n'aurais pu tenir la cadence.

Chaque fois que je pose mes pieds à terre, de la poussière se dresse, l'air est sec et, même si le ciel est grisâtre, on dirait que nous sommes en pleine canicule, l'atmosphère est vraiment brûlante... Après tout, il n'a pas plu ces trois derniers mois...

Nous grimpons une colline de pierre. Palma s'arrête au sommet, elle fléchit les genoux, y posant ses mains pour se supporter, elle a le souffle saccadé. Elle est exténuée.

- Il me faut de l'eau, dit-elle.

Elle retire son sac et prend sa gourde.

- Une gorgée, pas plus, ne nous attardons pas, il ne faut pas nous faire repérer, annonce Kéba.

Elle acquiesce et s'exécute. J'en profite moi aussi pour m'hydrater avant que nous reprenions la route.

Nous gravissons pendant un long moment les collines de débris jusqu'à ce qu'elles s'estompent et laissent place à un terre-plein en piteux état où traînent quelques déchets et des automobiles rouillées et accidentées...

- Oh, mon dieu ! s'écrie Palma en s'éloignant d'une voiture.

À l'intérieur, un squelette encore recouvert d'un tissu... Je déglutis fortement et braque mon regard devant moi. Voilà ce qu'a laissé la troisième guerre... Voilà la réalité.

Kéba nous fait signe de reprendre la route. Un froid glacial souffle soudain dans mon dos. Je jette un coup d'œil derrière moi et frissonne. C'est comme si je ressentais une présence. Pourtant, il y a les ruines et, au loin, le dôme surélevé de la cité de Parisiorum.

Le craquement sous mes pieds me fait porter l'attention sur ce qui se trouve devant moi...

Je viens de marcher sur le bras d'un squelette... Mais la rue en est infesté... une meute de squelette est éparpillée au sol...

- Oh seigneur... murmure Palma.

- Faîtes le moins de bruit possible, dit Seb, le masculin de Lunetta.

Palma prend peur, je vois ses yeux qui scintillent. C'est comme si elle regrettait déjà de se trouver là... Nous avons été élevées dans le monde du Renouveau... Nous savions qu'il y avait des ruines mais nous ignorions qu'il y existait un tel... cimetière ! Il faut dire que la partie de l'ancienne ruine qui se trouve sous le dôme ne montre que des bâtisses sans toit, quelques voitures rouillées... Les squelettes ont dû être retirés lorsque la cité a été construite.