8.L'intrus (Erine)

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Je me réveille sentant une douleur à mon bras. Il devient comme lourd, paralysé.

J'ouvre les yeux. Mais tout me paraît flou. Il y a une forme indistincte devant moi. Je bats des paupières puis la forme ressemble à des reflets scintillants.

Je me frotte les yeux avec le bras valide. Ma vue s'éclaircit. Je hausse les sourcils en découvrant ma mère. Elle me fait un beau sourire et retire une seringue de ma chair.

- Maman ?

Elle caresse mes cheveux.

- Tu as bien dormi ?

Mon regard se dirige vers la seringue qu'elle pose sur un plateau rempli de flacons.

- Qu'est-ce que c'est maman ?

- C'est pour l'épidémie de grippe.

Je reste un peu déconcertée.

- Je ne suis pas grippée.

- Oui, mais c'est pour que tu ne l'attrapes pas. Tu vas chez mamie aujourd'hui, et je n'ai pas envie qu'elle t'emmène chez un médecin. Je ne veux pas que tu sois malade durant mon absence.

Je boude.

- Je ne veux pas rester avec mamie ! Elle va me forcer à mettre les robes que je n'aime pas ! Et dès que je parle avec Papi, elle dit que je suis folle ! Pourquoi je ne pourrais pas aller chez Sissi et Sophiane ?

D'un air désolé, ma mère me caresse la joue avant de poser un doux baiser sur mon front.

- J'ai déjà prévenu mamie depuis une semaine, je ne vais pas téléphoner à Gwenn, ce matin, pour lui demander la permission. Ce ne serait pas poli. Et puis, Mamie a prévu de vous amener au parc aquatique d'Atlantis avec Clara. Tu vas pouvoir t'amuser !

Je lui tourne le dos. Mamie va nous interdire d'aller dans le toboggan de la mort ! Ça ne sera pas amusant du tout !

- Erine, ce n'est pas le moment de faire des caprices. Lève-toi et va te changer. Papa et moi devons prendre le train et mamie arrive dans une heure pour te récupérer.

- Pourquoi je n'ai pas le droit de voyager avec vous ?

- Parce que tu n'es encore qu'une enfant... Quand tu seras plus grande, que tu auras terminé l'école, je t'amènerai en voyage avec moi.

J'affronte à nouveau ma mère.

- Tu me le promets ?

Elle me fait son plus beau sourire et tend son auriculaire.

- C'est promis ma chérie.

J'ouvre les yeux.

Je suis dans l'obscurité totale. Je déglutis et touche mon bras. Je me souviens maintenant. Je devais avoir 10 ans... Maman m'a injecté quelque chose et ce n'était pas pour prévenir de la grippe. C'était pour autre chose.

Je soupire et passe la main sur mon visage avant de me tourner sur le côté. Seigneur, j'ai du mal à le croire... Mais si c'est vrai. Qu'est-ce que je vais faire une fois au camp. Si maman ne voulait pas qu'on ouvre ses fichiers, c'était pour une bonne raison...

J'inspire et expire avant de fermer les yeux. Je trouverai certainement la réponse en route. Je ne dois pas me prendre la tête avec ça.

Quelque chose de froid et de gluant me touche soudain l'épaule et un hurlement qui monte en crescendo puis s'évanouit en quelque seconde tonne dans mon oreille.

Je me redresse en sursaut et pousse un cri. Je respire par à-coups et suis à deux doigts de m'évanouir. C'était quoi ça, à l'instant ! ? En plus, je ne vois rien. J'entends le déferlement du vent, la pluie torrentielle... Mais aussi des raclements de métal... Une porte qui ne cesse de battre. Une chair de poule anormale parcourt ma peau.

- Saturn !

Instantanément, il saute de son lit qui grince et m'éclaire en plein yeux. Je me cache le visage.

- S'il te plaît, je grogne, ne m'éclaire pas comme cela.

Il pivote la lampe contre le mur.

- Tu as fait un cauchemar... Tu veux que je dorme avec toi ?

- Non ! J'ai senti quelque chose... J'ai entendu le hurlement d'un dévihomulus et il y a ces bruits...

- C'est toi qui viens de crier, Erine. Tu as dû faire un cauchemar. Il y a une tempête là-haut, tout ce bruit est normal. Et Palma ronfle comme un dévihomulus.

Je reste bouche bée. C'est méchant ce qu'il dit pour Palma.

Il éclaire de nouveau mon visage.

- S'il y avait quelque chose, Seb et Kéba nous auraient avertis.

Oui, sauf que je n'ai pas encore confiance en Seb.

Je glisse hors du lit, chausse mes chaussures et prends ma batte. Je suis sûre qu'il y avait quelque chose ! Que je n'ai pas rêvé ! J'allume ma lampe de poche et l'éclaire le visage. Il plisse le front.

- Je vais quand même faire un tour.

J'éclaire le couloir, Saturn derrière moi. Dans la cuisine, Kéba est allongé sur le banc recouvrant son visage de ses bras. Seb n'est pas là. Je regarde Saturn, et sans lui faire signe de quoi que ce soit, je sais qu'il pense la même chose que moi...

Il récupère une arme à l'étagère et passe devant moi. Nous grimpons l'escalier. Lorsqu'il ouvre la trappe, une vague de vent heurte nos visages. La porte du cabanon a disparu.

- Qu'est-ce que vous faites là ?

Je pousse un cri d'effroi, me collant au bras de Saturn. Ce dernier éclaire sur le côté droit, où Seb est assis sur un fauteuil – que je n'avais pas remarqué — au coin du mur. Il tient une tablette en main et une oreillette est scotchée à son oreille.

- Éteignez cette lumière tout de suite ! Certains dévihomulus ont dû être éjectés de leurs abris, s'ils voient cette lumière, ils seront attirés par ici.

Sur le moment, tellement effrayée, je m'excuse et Saturn projette sa lampe vers la passerelle.

- Rentrez !

Je redescends à grande vitesse. En bas, Saturn m'éclaire le visage et m'observe, consterné. Je me sens mal à l'aise et stupide.

- Je suis désolée, je dis timidement.

- Vous les filles... Vous paniquez plus que nous...

J'entrouvre la bouche et la chaleur me monte à la tête. Mais je ne réponds rien et me retourne, il a peut-être raison ! Mais ce qu'il oublie c'est que, contrairement à lui, je n'ai pas vécu dans ce monde ! C'est la première fois que j'ai affaire à une telle tempête et j'ai l'impression que dans les minutes qui vont suivre, nous allons être envahis par des dévis sans savoir où nous réfugier.

Je marche à grand pas éclairant mes pas quand soudain, quelque chose se jette sur moi.

A Girl Reality - tome 2 (Terminé)Where stories live. Discover now