la tempête part 2

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J'avale ma salive et les étudie. Il y a toutes sortes de formules chimiques. Je ne sais même pas si c'est un remède, ou pire le virus D lui-même... Mais en cliquant sur « D.2 mutagène », un sous-dossier nommé « Erine » s'affiche. J'en ai des suées en l'ouvrant. C'est un dossier contenant mes dossiers médicaux depuis ma naissance à l'an dernier... Je fronce les sourcils... En y repensant... Je ne suis jamais tombée malade... La varicelle, les épidémies de grippe ou de gastro-entérite que les filles attrapaient au primaire, les rhumes... C'est vrai que ça se soigne très vite maintenant, mais moi...

- J'ai terminé !

Je sursaute et regarde Palma à la porte qui s'est mis de nouveaux vêtements... Un pyjama... Je ferme les dossiers et éteins la tablette.

- Merci, dis-je en prenant mon sac à dos.

- Il y a des serviettes dans le placard. Et il y avait une boîte de carrés de savon, j'ai pris le parfum orange cannelle. Je pense qu'il faudra que tu l'utilises... Je ne crois pas que Jesse aime le gaspillage.

J'approuve et me rends dans la salle de bains. La porte ne se verrouille malheureusement pas. Mais je pense que Jesse a averti les Masculins de nos intentions.

Je reste un moment dans les vapes à me regarder dans le petit miroir. Mon dieu, maman, qu'est-ce que tu as fait avec moi ?

Je secoue la tête et passe la main dans mes cheveux. Il faudra que je réétudie ça secrètement.

Je prends une profonde inspiration puis me déshabille en vitesse. Ne laissons pas cette découverte me nuire.

J'attache mes cheveux. Même s'ils ne sentent pas très bon, je ne vois pas comment je pourrais bien les laver ici. Je m'en tiendrais au reste de mon corps.

L'eau est tellement glaciale que je pousse un cri lorsqu'elle glisse sur mon corps. Je me savonne à toute vitesse retirant la poussière qui c'était incrusté sur mon visage. Je prends ensuite la serviette, m'essuyant avec difficulté tellement je tremble. Malgré tout, je me sens rafraîchie et propre. J'enfile mes vêtements de rechange : un pantalon en lin vert et un t-shirt. Comme Palma, il vaut mieux que je laisse sécher la tenue de gardienne pour cette nuit...

Je rejoins la chambre après avoir étendu mes vêtements sur la corde à linge à côté de ceux de Palma. Cette dernière n'est pas là. Je pose mes affaires et pars à la cuisine.

Palma est assise en face d'Eric sur la table. Ils discutent. Saturn, quant à lui, est assis sur le banc la tête contre le mur, les yeux fermés. Je m'installe à côté de lui et passe les mains dans ses cheveux. Il ouvre les yeux instantanément et se met sur ses gardes comme s'il s'attendait à une attaque.

- C'est moi, Saturn.

- Pardon, dit-il en me regardant... C'est juste...

- Des souvenirs te sont revenus ?

- Un Askaris dort, mais il doit toujours se réveiller pour se préparer à l'affrontement...

- Tu n'es plus un Askaris... Et ici, on ne craint rien.

Il plisse les yeux. Il semble tendu.

- Il y a une salle de bains au bout du couloir, vas-y. Je suis sûre que ça t'apaisera.

Il s'acquitte.

Je sursaute d'un coup en entendant les éclairs.

- Ça y est ! Le cœur du nuage est au-dessus de nos têtes, commente Kéba.

- On ne craint vraiment rien, ici ? interroge Palma.

- Non, mais je pense que demain matin nous risquons de trouver des maisons en moins...

- Vous avez dit qu'après notre troisième refuge, nous devrons dormir dehors, mais s'il y a ce genre d'intempérie ? m'enquiers-je.

- Eh bien, nous devrons entrer dans une bâtisse et la nettoyer des dévihomulus, répond Seb.

- C'est une chance que nous n'en ayons pas trouvé aujourd'hui, lance Jesse.

- Nous avons quand même eu droit à des hyenas... Heureusement qu'ils n'étaient pas trop nombreux, remarque Lancelot.

- Je dirais plutôt, qu'heureusement, Erine nous a parlé de l'eau, mon chéri.

- Ce n'est pas tout, dit Kéba, (il se tourne vers moi) Tu as de bons yeux, comme ton père. Nous n'avons rien remarqué...

- Mon père est-il déjà venu ici avec vous ?

- Avant ta naissance, c'est lui qui possédait les clés... Et c'est lui qui m'a formé.

Je suis ahurie par cette nouvelle.

- Ton père et moi, nous amenions les délatrices médecins jusqu'à Ed... Puis nous retournions à Parisiorum. Avec une équipe, de temps en temps, nous étions aussi chargés de récupérer la nourriture non périssable dans les ruines pour les rapporter ici... Il nous est arrivé de nous faire passer pour des Askaris pour ne pas nous faire prendre... Je suis sûre qu'il est encore vivant. C'était mon mentor et je t'aiderai à le rechercher si tu le désires, Erine.

Je le remercie, ses mots me touchent vraiment. Je pense que je pourrais lui faire confiance... Mais Seb... Je sais que ça l'a rendu très en colère ma crise d'angoisse hier, et pourtant... il y a quelque chose dans son regard que je n'aime pas.

Une fois que Saturn nous rejoint, Jesse prépare des boîtes de saucisses aux lentilles. La cuisine est fonctionnelle. La personne qui vivait là était un génie pour avoir construit un tel refuge bien équipé. À moins que ce soient les Délatrices elles-mêmes.

Après le dîner, nous nous rendons dans notre chambre. Jesse et Lancelot prennent la chambre double, Seb et Kéba restent dans la cuisine.

Je prends le lit du bas et Saturn grimpe en haut. Même chose du côté de Palma.

Je me masse les pieds couverts d'ampoules. Si j'avais su j'aurais apporté un spray, en quelques secondes ma peau aurait été comme neuve. Il va falloir que je supporte la douleur. Brusquement, un coup de tonnerre me surprend que j'en frissonne.

Dehors c'est le déluge et la lumière au plafond s'allume par intermittence. Ça ne me rassure pas. J'espère que l'abri va tenir et qu'on ne va pas être inondé.

- Eric, peux-tu éteindre la lumière, s'il te plaît ? demande Palma.

- C'est un générateur central, répond-il. Ça signifie qu'on coupera aussi le courant de la cuisine... Kéba et Seb en ont besoin.

- Il va y avoir un court-circuit et il n'y aura plus de courant !

- Eh bien, ce sont eux qui géreront ça ! Bonne nuit !

Je souris en les entendant se quereller... Je crois qu'ils s'entendent plutôt bien malgré ce que pense Palma.

- Saturn, je dis.

- Oui ?

- Bonne nuit.

- Bonne nuit, dit-il alors que le courant s'éteint subitement.

Je m'allonge sur le lit et laisse mes yeux errer dans l'obscurité. Pour je ne sais quelle raison, un excès de panique infondé m'assaille. 


Erine doit-elle vraiment s'inquiéter ?  

La suite Jeudi prochain... 

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires ^^  

A Girl Reality - tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant