4. « No more Humanity crimes » (Erine)

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Nous avons parcouru je ne sais combien de kilomètres. Mon cœur cogne à une allure rapide contre ma poitrine, je me sens nauséeuse. Kéba nous fait signe de nous arrêter. Je suis à bout de souffle. Palma se laisse tomber sur ses genoux. Les Masculins regardent autour d'eux en quête de dévihomulus ou d'Askaris, mais il semblerait que nous sommes seuls dans cette scène urbaine dévastée.

- Ok, souffle Kéba. Nous allons marcher jusqu'au refuge... Mais restons sur nos gardes.

Je prends ma gourde d'eau et en bois un peu avant d'en proposer à Saturn. Lui, n'a pas l'air essoufflé... Dire que nous avons couru plus qu'un marathon, et je crois que nous avons déjà dépassé l'heure du déjeuner...

Nous avançons le long d'une large route fissurée et abîmée par le temps, au bout d'un moment, Kéba coupe à droite. Nous sommes entourés d'immeubles anciens, et mes yeux sont attirés par quelques graffitis sur les murs... « NO MORE HUMANITY CRIMES »... J'avale ma salive. À l'école, on nous a appris que les crimes contre l'humanité avaient disparu... Disparu depuis trois siècles... Mais se retrouver ici... dans les ruines... avec les Askaris... c'est comme si rien de tout ça n'avait disparu... Helka de La Costa a ordonné la destruction de Monaco... La Grande Dominica a commis un crime contre l'humanité... Pourquoi ? Pourquoi a-t-elle fait ça alors qu'elle est censée préserver notre monde de ça ! ?

Tout à coup, Kéba et Seb s'arrêtent au bout de la rue, nous faisant signe de nous cacher. Saturn me prend la main et m'entraîne derrière une grande caisse à poubelle rouillée. J'entends des voix... des voix graves... des Masculins Askaris. Mais ce n'est pas tout, on dirait qu'ils tirent sur des chaînes, comme s'ils traînent quelque chose...

Je baisse légèrement la tête pour les observer.

Ils sont deux, des armes qui pendent comme des bandoulières dans leur dos, ils tiennent des chaînes au bout duquel des énormes bras blancs et couverts de furoncles sont attachés. C'est un corps... Un corps flétri avec un crâne marqué de cicatrices laissées par des brûlures. Il n'est vêtu que d'un tissu... comme tous les autres dévihomulus... C'en est un, je suppose... Mais il est énorme, plus gigantesque que les autres, que ça me donne la chair de poule.

Je pince mes lèvres et ferme les yeux, me concentrant sur ma respiration.

Et soudain, un bruit...

Une canette sortie je ne sais où, roule au milieu de notre cachette. La poussière se lève... Un vent commence à souffler.

Les Askaris, alarmés, s'arrêtent pour regarder dans notre direction. Nous nous baissons tous et je commence à avoir des suées. Je serre la main de Saturn.

Un miaulement se fait soudainement entendre.

J'ai déjà eu l'occasion de voir un chat en photo... des petits animaux, à l'époque domestiques, pas plus haut que les genoux... Mais celui qui traverse notre chemin, nous regardant avec ses yeux jaunes lumineux, ses poils touffus, et ses canines bien pointues... Ce n'est plus un chat... mais plutôt un mélange entre un chat et un tigre... Il s'arrête en nous voyant, poursuivant ses miaulements et nous dévisage.

- Ce n'est qu'un félidé, j'entends au bout de la rue.

Un félidé ? Jamais entendu parler de ce genre d'animal. Il va pourtant falloir que je m'y habitue. Je ne suis qu'au début de mes surprises, je crois. Le Monde de Jadis nous en réserve plein.

Les Askaris reprennent leur chemin. Mais le félidé est toujours là. Il se redresse et s'approche de nous passant sa langue sur ses canines. Son miaulement devient graveleux comme s'il nous voyait maintenant comme un mets inestimable. Je recule contre le mur, faisant à mon tour tomber un morceau de ferraille à terre. Mais cela ne surprend pas le félidé qui s'avance vers moi.

A Girl Reality - tome 2 (Terminé)Where stories live. Discover now