2.Première rencontre (Erine)

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Je me tourne vers Saturn et lui pince le visage. Instantanément, il ouvre les yeux. C'est à se demander s'il dormait... Je signe sur sa main qu'il y a quelque chose et ce n'est pas humain !

Il fixe le plafond à son tour. Le plafonnier se balance et soudain, le bruit d'un objet qui roule sur le sol me fait sursauter. Les piétinements deviennent de plus en plus précipités.

Saturn se lève et se dirige vers Kéba pour le réveiller. Ce dernier bondit en hurlant :

- Code rouge, abattez-les tous !

Aussitôt un grognement inhumain se fait entendre.

Saturn presse la paume de sa main sur la bouche de Kéba qui se fige, surpris par le cri. Il regarde Saturn qui lui pointe le plafond du doigt.

Le grognement se fait de plus en plus obstinément. La chose semble nous chercher.

- Bordel, murmure Kéba, comment il est entré ici ?

Il réveille Seb.

- Quoi ? grogne-t-il.

- Code rouge, répond Kéba lui désignant le plafond.

Les pas de la créature ne font que tourner au-dessus de nos têtes... Elle ressent notre présence... Elle sait que nous sommes en dessous... Rapidement, elle commence à donner des coups féroces contre le plancher, réveillant par la même occasion Lancelot, Jesse et Eric.

- Bon sang ! s'écrie Jesse en pointant son arme vers le plafonnier.

- Chut, lui dit Lancelot, nous sommes encore en sécurité.

Malheureusement, le silence est brisé par les ronflements de Palma.

- Il n'y en a qu'un, annonce Seb en allant vers le placard d'armes.

Il prend un carton et retire une sorte de sphère grise ainsi qu'un pistolet.

- Un asphyxiant ? T'as pas trouvé mieux ? grommelle Jesse.

- Il est seul, il ne faut pas courir le risque qu'il appelle sa famille ! répond Seb. Il faut l'attirer de l'autre côté.

Kéba prend un balai, va vers les toilettes et tape sur le plancher. Immédiatement les pas se dirigent vers la source de bruit. Seb grimpe l'échelle, enclenche la boule asphyxiante, ouvre la trappe en essayant de faire le moindre bruit possible puis la lance avant de la refermer rapidement.

Il attrape un masque à gaz et regarde sa montre. Là-haut, la chose semble se débattre comme un poisson qui essaie de s'échapper d'un filet pour retourner dans son milieu et rester en vie. L'agitation est tellement violente que la poussière ne cesse de tomber comme de fines gouttes de pluies et j'ai même l'impression que le plancher ne va pas tarder à craquer. Les battements de mon cœur ne cessent de croître, je suis pétrifiée par ce qu'il peut arriver.

Au bout de quelques minutes, nous n'entendons plus rien. Un silence oppressant règne dans la pièce. Seb enfile le masque et sort du refuge. Tout le monde suit ses pas du regard jusqu'à ce que la détonation de son arme résonne me faisant sursauter. Sans perdre de temps, il revient.

- Ennemi, K.O, dit-il en refermant la trappe.

Je devrais être soulagée pourtant, mon cœur bat toujours autant la chamade, et je ne peux quitter mes yeux du plancher. Même Jesse semble stupéfaite par cette apparition soudaine.

- Comment est-il entré, ici ? Ce n'est pas normal ! Cette bâtisse est fermée de partout ! Nous avons même la clé pour y pénétrer ! Et nous sommes toujours dans la zone nettoyée ! s'écrie-t-elle.

- Peut-être qu'ils se sont introduits sans que nous le sachions, annonce Seb.

- Il faut s'attendre à tous avec les Dévihomulus. Nous inspecterons l'arrière de la maison. Après tout, nous n'y allons pas souvent... Les murs ne sont pas entretenus... Ils ont dû creuser, explique Kéba.

- Oui, nous irons voir demain matin, dit Lancelot.

- Vous pouvez vous rendormir, gamins, déclare Seb.

Saturn revient s'asseoir à côté de moi. D'un air doux et compatissant, il me signe que je n'ai plus rien à craindre.

Malgré cela, je n'arrive plus à me rendormir. Blottie contre Saturn, je ferme les yeux tout simplement. Le reste de la nuit me paraît long... Le temps s'est comme suspendu. J'ai peur que ces choses refassent leur apparition et nous trouvent.

C'est au moment où le sommeil commence à m'emporter que le bip du réveil de Kéba sonne. C'est l'horreur, je suis fatiguée et encore tout endormie !

Palma s'étire en arquant le dos. Elle a bonne mine. Et dire que c'est aussi à cause d'elle que je n'ai pas réussi à fermer l'œil. Une vraie nuisance.

Je me lève avec difficulté et pars me rafraîchir le visage aux toilettes.

Jesse nous distribue des barres de chocolat et je mange une boîte de légumes. Je remplis ensuite ma gourde d'eau tandis que les Masculins inventorient leur munition.

- Vous êtes prêts ? interroge Seb.

Nous hochons tous la tête. Kéba est le premier à grimper suivi de Lancelot qui s'est porté volontaire, avec Jesse, pour aller faire un état des lieux de l'arrière de la bâtisse.

Saturn m'aide à sortir du refuge. Son regard, tout comme ceux des autres, observe le corps salement amoché qui gît sur le plancher. Mes yeux s'arrondissent à cette découverte. La chose est d'apparence humaine, mais à la peau très blanche et pustuleuse. Elle est nue, ne portant qu'un tissu pour recouvrir son bassin... Elle a une poitrine... Sur son crâne quelques mèches de cheveux noirs... On dirait qu'elle souffre de calvitie. Ses yeux- dont la sclère est rouge vive- sont arrondis. Sa bouche est entrouverte avec des dents marron et acérés, laissant échapper un liquide noir gluant... La nausée monte à ma gorge... Je recule contre la fenêtre. Cette chose a l'apparence d'un humain. Mais n'est pas humaine !

Palma pousse un cri en voyant le cadavre.

- Palma ! lui crie Eric.

- Pardon. Fait-elle en posant sa main sur sa bouche, le visage crispé de peur. Mais qu'est-ce que c'est ?

Eric et Saturn s'approchent de la chose sans vie. Ils la fixent un moment avant de répondre en chœur :

- Un dévihomulus.

- Voilà nos ennemis potentiels ! Voilà ceux qui ont envahi Monaco, rajoute Kéba qui ferme la trappe à clé.

Il rejoint la porte d'entrée quand soudain Lancelot et Jesse surgissent, le visage épouvanté.

- Vite ! Vite ! Il y a un nid ! Il faut s'en aller ! crie Jesse.

Mon cœur s'accélère. Un nid ? Est-ce qu'ils sont nombreux ? Sans attendre, nous franchissons la porte, Kéba la referme aussitôt derrière nous. J'entends alors des grognements. J'essaie de voir à travers la fenêtre comment ils sont lorsqu'ils sont vivants, mais des lianes m'en empêchent.

- Erine ! dit Saturn en me saisissant la main.

Dans un fracas, la vitre de la fenêtre se brise. Un bras tout blanc, la main tordue, des ongles crochus au bout des doigts, la peau boutonneuse, se montre au grand jour essayant d'attraper le vide, ou plutôt de m'attraper. La chose émet un grognement enroué qui me paralyse presque.

- On dégage ! Vite ! s'écrie Kéba. Nous sommes encore dans la zone Askaris, au moindre tir, ils pourraient arriver !

Je frémis mais finis par m'enfuir. Je peux maintenant mettre une image sur ces dévihomulus, mais comment sont-ils apparus ? Moi qui pensais qu'il s'agissait juste de bêtes enragés comme les hyenas... Je m'étais trompée.

A Girl Reality - tome 2 (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant