A Girl Reality - tome 2 (Terminé)

L'intrus part 2

Ma lampe et ma batte s'échappent de mes mains. La chose, poussant des cris rauques, m'agrippe l'épaule et je bascule à terre. Dès que Saturn nous éclaire, je le vois. Un enfant dévihomulus. Il est trempé jusqu'aux os et bave. La lumière l'éblouit qu'il ferme les yeux et me lâche pour se cacher le visage.

Avant même qu'il s'éloigne de moi, Saturn lui explose la tête. De la cervelle éclabousse les murs autour de nous. Par réflexe, je ferme les yeux, me pince les lèvres et détourne la tête pour éviter d'avaler son sang. Son corps glacé s'effondre sur ma poitrine.

J'entends Kéba et même Jesse et Lancelot sauter de leur lit et crier avec horreur : « Qu'est-ce que c'était ? ! ».

Saturn se précipite vers moi, donnant un coup de pied au cadavre. Les mains tremblantes, il m'attrape par les bras et me redresse pour que je m'assoie.

- Erine ? Il t'a mordu ?

Sa voix sonne comme distante. Je crois qu'en tombant j'ai reçu un petit coup à la tête et me voilà un peu désorientée...

- Qu'est-ce qui se passe ? s'écrie Kéba en nous éclairant.

- Oh mon dieu, crie Jesse en voyant le cadavre du petit dévihomulus.

Elle se rue sur moi à son tour pour m'examiner. Je fixe le petit corps nu gisant dans son sang. Il paraît qu'on voit sa vie défiler devant soi avant de mourir. Peut-être que le fait de ne pas l'avoir vu était un signe...

- Erine ! Est-ce que ça va ? insiste Saturn d'une voix paniquée.

Je secoue la tête et le regarde.

- Je t'avais bien dit que j'avais entendu quelque chose.

Il soupire et me serre contre lui de toutes ses forces. J'entends son cœur battre très vite. Le mien aussi. J'aurais pu mourir... Enfin... Je n'en suis pas sûre...

- Comment est-il entré ? grogne Lancelot au moment où Palma et Eric se pointent à la porte.

Palma lance un cri de terreur en voyant le cadavre.

- Lancelot, tu peux rétablir le courant, s'il te plaît ! lui ordonne Jesse. Il faut que je voie si elle n'a vraiment pas de blessure !

- Et il faut aussi comprendre comment cette chose est rentrée, continue Kéba. Où est Seb ?

- En haut, répond Saturn. Il monte la garde.

Kéba fronce les sourcils.

La lumière se rétablit quelques minutes plus tard. Saturn m'aide à me relever, et là, nous constatons que la bouche d'aération est ouverte.

- Voilà, d'où il venait, commente Eric.

- Il faut reboucher ça, commande Lancelot.

- Viens avec moi, dit Jesse en m'attrapant le bras.

- Je n'ai senti aucune morsure ou quoi que ce soit. Et je n'ai pas avalé son sang.

- Il t'a empoignée le bras. Qui sait si ses griffes ne t'ont pas atteint ?

Je jette un coup d'œil au cadavre. Contrairement aux adultes, il n'a pas encore d'ongles. Mais je suis quand même Jesse dans la salle de bains. Mon visage est recouvert de sang et je pue à nouveau.

Je me déshabille et elle me consulte comme un médecin. Il n'y a que des bleus à mes bras.

- Vous voyiez, je n'ai rien.

- Mon père aussi a dit qu'il n'avait rien... (Je la sens contrariée) Ma mère et moi, nous lui faisions confiance... Et une fois arrivés au camp... Il s'est effondré...

Je baisse la tête. Elle a dû en souffrir.

- Mais je crois, que tu n'as vraiment rien, dit-elle. Je vais juste te passer une crème pour les bleus. Mais lave-toi d'abord, j'imagine que tu veux retirer tout ce sang... Et avec la pluie, l'eau de la douche va couler à flots.

Elle me laisse dans la salle de bains et je regarde mon reflet dans le miroir. Seigneur, je l'ai échappé belle. Je reprends une douche et enfile la combinaison de guerre qui est déjà sèche. Je lave ensuite mon t-shirt blanc pour retirer le sang noir et l'étends sur la corde à linge.

Quand je quitte la salle de bains, Eric et Lancelot referment l'aération avec des morceaux de bois récupérés à l'extérieur. Les autres sont dans la cuisine. Kéba semble gronder Seb.

Saturn s'approche de moi et me presse la main.

- Merci, tu viens encore de me sauver la vie.

- C'est mon devoir de te protéger. La prochaine fois, j'inspecterai chaque lieu...

Je lui souris et me réfugie dans ses bras à la recherche de sécurité et de réconfort. Il me presse contre lui et me donne un baiser au front.

- Bon, au moins elle n'a rien ! grogne Seb. Et s'ils ne s'étaient pas réveillés ! Peut-être qu'elle n'aurait pas été attaquée !

- Réveiller ou pas, cette chose aurait attaqué quelqu'un!

- Avec ce temps pourri, la porte n'a pas tenu ! Il fallait bien que je monte là-haut pour surveiller que rien n'entre !

- Arrêtez de vous disputer tous les deux ! intervient Jesse. Si un petit a réussi à entrer, alors d'autres réussiront aussi... Même si nous bouchons le trou, il se peut que la prochaine fois, cet abri soit devenu un nid de dévihomulus !

Lancelot revient déposant ses outils sur la table.

- Le bois est pourri, ça ne tiendra pas. En plus, c'est un enfant qui a ouvert la bouche d'aération... Imaginez les adultes...

- De toute façon, il est déjà quatre heures du matin, dit Seb. L'un d'entre vous surveillera la bouche. La pluie a cessé, à l'aube nous reprendrons la route. Les gamins, retournez au lit. Vous n'avez plus rien à craindre.

Seb est vraiment contrarié. Il remonte les escaliers.

- Lancelot, dit Kéba, surveille la bouche. Je vais jeter ce déchet.

Je m'allonge sur le lit. Palma s'assoit, je crois que ça l'effraie maintenant de savoir qu'un dévihomulus a pu pénétrer ici.

- Il faut dormir, lui dit Eric... Demain, ça sera pire... Nous serons dehors. Et il n'y aura plus de matelas.

Elle soupire et finit par s'allonger, fermant les yeux.

Saturn s'accroupit pour me parler.

- Tu veux que je dorme avec toi ?

Je glousse.

- Je vais bien. Et en plus, le lit est trop petit pour deux.

Il bat des paupières et prend un air déçu. Je lui attrape la main.

- Saturn, ce n'est pas que je ne veuille pas de toi... C'est vraiment à cause du lit. Et, pour hier... J'étais juste à bout de nerfs... Je voulais juste me retrouver seule un moment, même si je sais que tu avais l'intention de me réconforter.

- Je comprends, dit-il en resserrant l'étreinte de ma main sur les siennes, son visage reprenant des couleurs.

Il me donne un baiser à la main, puis se redresse et grimpe sur son lit. J'aperçois Palma qui me regarde stupéfaite.