Chapitre 14

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Les rêves sont une chose étrange, certains pensent qu'ils peuvent prévoir l'avenir ou encore annoncer un danger. Mais ce n'est que le résultat de notre cerveau qui transforme et rejoue nos souvenirs, pourtant il y a des jours où nous ferions mieux d'y porter plus d'attention.

L'air était tellement humide qu'elle avait l'impression de suffoquer, à Paris les rues semblaient transpirer en hiver. Au lieu de la neige il n'y avait qu'une pluie constante qui vous trempait de la tête au pied et assombrissait le ciel pollué de la capitale. Mais nous étions en pleine soirée dans cette ruelle crasseuse et dangereuse pour tous ceux qui y passaient, à part pour elle. Marcus l'avait envoyé avec son frère et d'autres hommes: ils devaient remettre les choses au point avec un gang ennemi qui avait piégé un de leurs fourgons. Ils n'avaient qu'à leur donner une bonne leçon, dans le pire des cas les éliminer. Son petit frère n'était pas loin, à l'entrée de la ruelle, à peine à quelques mètres d'elle. Elle apercevait la silhouette fine et svelte de ce dernier, appuyé contre un lampadaire. Klaus était tout ce qui lui restait, c'était sa seule famille et la seule chose qu'elle voulait à tout prix protéger, elle savait bien que c'était contradictoire avec le gang et leur fuite de Russie mais c'était mieux que de rester auprès de leurs parents. Pourtant ce soir, elle avait eu un mauvais pressentiment en quittant l'appartement de son chef, quelque chose l'empêchait de respirer en pensant à son frère au bout de cette ruelle.
Pourtant le plan se déroula comme prévu, enfin jusqu'à ce que les rivaux sortent des armes, un homme tenta de s'attaquer à son frère alors elle se jetai sur ce dernier. Elle le mit à terre et lui tira une balle dans la poitrine, son frère lui offrit un grand sourire avant de se lancer à la poursuite d'un autre qui s'enfuyait. Elle avait voulu le suivre, en fait elle aurait dût le suivre. Parce que c'est à ce moment là que sa vie s'était brisée, un coup de feu, une douleur au ventre, le sol humide de la rue puis sa voix: la voix de son frère criant son nom.

« Alex! Alex! Alex aide moi! Cria Klaus d'une voix lointaine.

- Klaus...Klaus! »

- Klaus! Cria-t-elle en se réveillant en sursaut, se relevant paniquée. »

Des larmes dévalaient ses joues, son corps tremblait et une fine pellicule de sueur avait recouvert sa peau. Le chaton endormi à ses pieds se réveilla aussitôt, ses petits yeux presque phosphorescents la fixait dans les pénombres. Elle n'y fit pas attention et se leva rapidement, se débarrassant de sa couette avant de poser ses pieds nus sur le parquet, le sol semblait vouloir encore une fois se dérober. Elle se dirigea directement vers la salle de bain, alluma la lumière et posa ses deux mains sur le rebord du lavabo, observant son visage fatigué et mouillé par ses larmes, ses lèvres étaient gercées et du sang séché y restait encore, ses yeux gonflés n'étaient pas symétrique en couleur, l'un était encore verdâtres presque jaune et ses cheveux lui retombaient sur le visage. Tout en lâchant un juron elle ouvrit le robinet et s'aspergea le visage d'eau glacée, tentant d'effacer les souvenirs de son cauchemars et les dégâts qu'il engendrait.

Elle ne savait pas exactement quelle heure il était, il faisait encore noir dehors mais au mois de novembre la nuit s'allongeait surtout vers la fin. Lorsqu'elle retourna dans sa chambre, son smartphone affichait cinq heure et demie du matin, c'était inutile qu'elle se remette au lit, de toute façon elle ne se rendormirait plus et surtout elle n'en avait pas envie. Alors elle ouvrit ses lourds rideaux, fit son lit en dérangeant Max et alla récupérer des vêtements propres. Une fois sous la douche brûlante, elle souffla un bon coup, effaçant les bribes de son sommeil.

Plus d'une semaine était passée depuis son dîner avec Emilio, les choses avaient quelque peu changer, ils se parlaient presque normalement, mangeaient ensemble lorsqu'ils avaient le temps mais leur emploi du temps chargé ne leur laissait que peu de temps libre. Emilio avait repris les reines de la banlieue et exécutait le plan décidé à la réunion. Elle n'avait pas encore de rôle à y jouer alors elle avait reprit son travail au salon mais à temps partiel, devant aussi s'occuper des missions que son chef lui donnait, toujours plus violentes. Petit à petit ses anciennes habitudes revenaient tout comme ses réflexes, elle se délectait du danger. À chaque fois, la perspective d'une personne à battre ou à tuer l'excitait et elle revenait souvent avec quelques blessures.

Elle passa doucement le savon sur ses côtés droites qui avaient été maltraitée la veille puis descendit vers sa cuisse endolori par les courbatures, lentement le savon et l'eau chaude réveilla la douleur de ses mains dont les jointures étaient encore en sang. .
Une fois séchée et habillée, elle se prépara un café et prit une pomme puis se dirigea vers le salon où elle se laissa tombée sur le grand canapé. Elle alluma la chaîne des informations qui passaient 24h/24h les dernières nouvelles, au début il n'y eu que des faits divers et de la politique mais alors qu'elle buvait la dernière gorgée de sa tasse elle faillit s'étouffer avec le liquide amer à l'écoute d'un flash spécial.

« Depuis quelques mois, le taux de traffics de drogue et les règlements de compte entre gangs ont fortement augmentés en région parisienne. Malgré les efforts des autorités, les choses ne semblent pas vouloir se calmer, le ministre de l'intérieur en appel à ce que tout soit fait pour arrêter ces criminels. Une liste de noms accuse plusieurs personnalités importantes dont des businessmen importants tels que les Niklov. Cette famille de philanthropes russes possèdent plusieurs demeures en France mais aussi dans plusieurs villes d'Europe, leur nom n'avait pas fait surface depuis la mort de leur plus jeune fils. D'après les sources de la police leur fille, Alexandra Niklov, ferait partie du gang italien les Pirates et est recherchée activement par les autorités. D'autres individus seraient... Commença la journaliste après avoir montré plusieurs images de la famille russe. »

Elle n'écouta plus la suite, abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Elle ne comprenait pas comment la police pouvait avoir autant d'informations et être au courant qu'elle travaillait à nouveau pour les Pirates, pourquoi cette liste et son nom venait d'apparaître? Quelque chose de grave se passait et elle en était l'une des principales concernée et visée.
Elle chercha rapidement qui pouvait avoir vendu la mèche et le nom d'Éric lui vint en tête: c'était un flic après tout. Sans perdre plus de temps, elle laissa sa tasse sur la table basse, attrapa le fruit qu'elle mit dans sa poche et récupéra sa veste et ses clefs avant de sortir de l'appartement en claquant la porte.

Comme nous étions un mardi matin, elle savait que le jeune policier avait été de garde cette nuit et était sur de le trouver au poste de police. Évidemment elle n'allait pas se jeter dans la gueule du loup alors qu'elle était recherchée mais allait plutôt l'attendre sur le parking. Et c'est ce qu'elle fit, à sept heure pile Éric sorti du commissariat et se dirigea vers le parking désert. Il fut d'abord surpris de voir la jeune femme l'attendre près de sa voiture mais en croisant ses yeux meurtriers, il sut qu'il allait passer un sale quart d'heure. Il se retrouva brutalement plaqué contre son propre véhicule, l'une des mains de la jeune femme sur son col alors que l'autre tenait une arme collée contre sa poitrine..

« C'est quoi ce délire? Pourquoi je suis recherchée? Demanda-t-elle entre ses dents.

- J'allais justement te prévenir, j'y suis pour rien je te le promet. D'après ce que je sais, la commissariat de Paris a reçu un appel anonyme qui leur a donné des noms dont le tien. Répondit l'homme aux yeux bridés, paniqué par l'arme qui reposait sur son torse.

- Est ce que le nom des Vesari est sorti? Continua celle-ci.

-Non, les Pirates sont connus depuis longtemps mais ni le nom de Marcus ni d'aucun autre membre à part le tien n'a été donné. Avoua Éric avant d'être relâché par la jeune tatoueuse qui rangea son arme.

- Putain mais qu'est ce que ça veut dire? Pourquoi je suis sur cette liste? Lâcha Alex en se mordant la lèvre, parlant plus à elle même qu'au policier devant elle.

- Je ne sais pas ce qu'il se passe mais tu vas devoir faire attention à toi et peut être même disparaître pour un moment. Conseilla-t-il en s'approchant d'elle puis continua plus prudemment. Tu devrais aussi contacter tes parents, vous êtes tous les trois impliqués. Finit-il en lui lançant un regard compatissant. »

Il déverrouilla sa voiture sous les yeux de la jeune femme et monta au volant. Quelques secondes plus tard, elle se retrouvait seule au beau milieu du parking, son portable collé à son oreille, un numéro déjà composé.

« Bureau de madame Niklov. Répondit une voix féminine avec un accent russe.

- Passez moi ma mère. Ordonna la jeune femme. »

À l'ombre de nos viesDove le storie prendono vita. Scoprilo ora