Vingt-sept - Asher

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Une vulgaire breloque

Cinq heures plus tôt - New-York

- Je vais y aller Finn, j'annonce à mon collègue qui termine tout juste de peindre un pend de mur.

Oui, de la peinture. Comme si racheter des meubles et du matériel n'était pas suffisant, Finn a pensé que repeindre les murs serait une bonne idée pour fidéliser la clientèle. Je ne vois toujours pas le rapport mais bon...

- Oh monsieur va retrouver sa princesse, il agite son pinceau et s'amuse à sautiller, comme une fée.

- Très drôle, je marmonne et enlève la dernière tâche sur mon front.

- Vous allez faire quoi ?

- J'aimerais l'inviter à déjeuner ce midi.

Ouais, c'est bizarre venant de moi. Ce courage soudain. Mais j'ai vraiment envie de faire les choses bien et je voudrais commencer par l'amener se balader avec moi dans un parc ou un truc comme ça. Notre rendez-vous de samedi approche déjà et je ne sais toujours pas où l'amener. Dans un grand restaurant, un pique-nique ou un simple bar ? Je n'ai aucune idée et j'aimerais profiter d'aujourd'hui pour tâter le terrain.

- Bon appétit alors, il me crie lorsque je passe la porte d'entrée.

Dehors, les gens s'agitent, les hommes dans leurs costumes parfais me bousculent, pressés comme habituellement. Des femmes protestent contre une réforme dont je n'arrive pas à lire le nom sur leurs écriteaux, des chanteurs installés sur le trottoir amènent un peu de musique dans notre ville.

Il y a de ça plusieurs années, je ne m'imaginais pas venir vivre à New-York. Pourtant retourner dans mon pays d'origine m'est impensable aujourd'hui.

Il est onze heures trente lorsque j'arrive devant le bâtiment de Blaise. Là aussi, de nombreuses personnes se bousculent, entrent et sortent, habillées de leurs tailleurs et de leurs belles chemises blanches. Je fais tâche devant leur grande classe, avec ma veste en cuir et mon simple pantalon noir. C'est sûrement pour ça qu'ils me regardent si bizarrement.

- Désolé ! S'exclame une voix masculine à l'instant même où je me fais percuter par une épaule.

- Pas grave, je soupire et pose ma main sur le haut de mon dos.

Un simple accrochage et une douleur apparaît. Des fois j'ai vraiment l'impression d'être faible.

L'homme aux cheveux légèrement bouclés à mes côtés s'excusent à nouveau avant de me quitter pour se précipiter dans l'entrée de l'immeuble. J'ignore qui il peut bien être mais vu sa veste en jean, il ne fait pas partie de cette entreprise.

Mon téléphone à la main, je me décide enfin à composer le numéro de ma belle rousse et le porte à mon oreille. Son répondeur retentit dans mon oreille et je ferme les yeux. Moi qui croyait qu'elle serait déjà en pause, je me suis trompé.

Dix minutes plus tard, je tente une nouvelle fois et lui envoie un message.

Envoyé aujourd'hui à 11h43 : Ça te dirait un déjeuner ce midi ?

Mais toujours aucune réponse. Appuyé contre une voiture qui stationne devant son travail, je range mes mains dans mes poches. J'ai l'espoir de la voir sortir rapidement, même si la connaissant elle voudra certainement travailler sans s'arrêter.

Pourtant, cinq minutes plus tard, elle sort enfin du bâtiment, son sac à l'épaule, accompagnée du bouclé de tout à l'heure. Les deux marchent côte à côte, les mains dans leurs vestes respectives, le loin du trottoir. Pas une seule fois j'aperçois les yeux de Blaise qui restent rivés sur le sol.

Le Premier Jour De Ma VieWhere stories live. Discover now