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« Merci encore, Michael, » lui souriais-je en enfilant mon manteau, prête à partir le temps de quelques heures.

Il secoue la tête, avant de s'appuyer contre le mur, à côté de la porte de la cuisine, sa tasse de café toujours dans sa main.

« Arrête de me remercier tous les matins. » soupire t-il en souriant également.

J'hausse les épaules.

« Je ne peux pas m'en empêcher, » le taquinais-je, avant d'ouvrir la porte d'entrée, « j'y vais, passe une bonne journée. »

« Toi aussi, et– oh, attends ! Rose ! » sa voix se lève, pensant sûrement que je suis déjà loin, c'est pourquoi je reviens rapidement dans son champ de vision, « appelles-moi si quelque chose ne va pas. »

J'hoche la tête en lui faisant un rapide clin-d'œil, puis je ferme, pour de bon, la porte derrière moi. Je descends rapidement les escaliers de son immeuble — Michael n'habite qu'au premier étage.

Aujourd'hui, j'ai décidé de me rendre au café. Il est un peu loin de chez Michael — à presque vingt minutes de marche — mais cela ne me dérange pas. Contrairement à Michael, qui m'a proposé des tonnes de fois hier soir, de prendre sa voiture puisqu'il ne comptait pas bouger de chez lui de la journée. J'ai refusé pour la simple et bonne raison que marcher fait du bien.

Alors, je vais marcher et affronter ce froid d'hiver sans craintes.

Demain, nous sommes le 31 Décembre. Je suppose que Michael a des choses de prévues, alors je compte rejoindre un hôtel le temps de tout organiser dans mon esprit. Mais pour faire ça, il faut que je commence à organiser mes affaires. Je veux dire, toutes mes affaires. Je vais devoir repasser dans cette maison, ou le trouver personnellement, s'il n'y réside plus. Il faudra bien que j'affronte cette réalité un jour ou l'autre, si je veux avancer.

****

Le café est juste devant moi, mais pour des raisons qui me sont totalement inconnues, je n'arrive pas à entrer à l'intérieur. Et si Jane et Aaron avaient embauché quelqu'un d'autre, à ma place ? Je veux dire, pour prendre ma place ? Totalement ?

Non, je ne dois pas penser de cette façon. Ce n'est pas comme ça que tout va changer, dans le bon sens. Je dois simplement prendre mon courage à deux mains et jouer correctement mon rôle d'adulte. Je vais bientôt avoir vingt-et-un an. Je dois agir comme une adulte responsable.

C'est pourquoi, avec un élan de courage, je pousse les épaisses portes en bois du café, à peine quelques secondes avant que mon regard ne croise celui d'Aaron. Je suis loin d'eux, je ne peux donc pas entendre ce qu'il dit, mais j'ai très bien pu lire "oh mon dieu", sur ses lèvres. Et ceci est confirmé quand le visage confus de Jane se tourne vers moi.

Cette confusion s'efface rapidement quand elle lâche ce qu'elle avait dans les mains, pour enrouler ses bras autour de mes épaules, une fois que j'atteins l'arrière du comptoir.

« Tu es sortie ! » s'exclame t-elle en me serrant fortement contre elle. Je grimace en souriant, ce qui décroche un rire de la part d'Aaron.

« Surprise, » riais-je quand elle me lâche enfin, pour que Aaron prenne sa place et l'imite.

« Tu nous a tellement manqué, » sourit-elle en touchant gentiment mes cheveux.

« C'est très silencieux depuis que tu es partie, » se plaint Aaron en fixant Jane, pour capter chacune de ses réactions, « il n'y avait personne qui faisait des blagues pourries à longueur de journée. »

Jane lève les yeux au ciel, tandis que je plisse les yeux en croisant mes bras sur ma poitrine. Je prends un air vexé, que je n'arrive pas à garder plus de trois secondes, dû à mon sourire.

« Je reviens, et directement on me dit que je fais des blagues pourries ? »

Ils se mettent à rire, et je les suis. Tout ceci m'avait tellement manqué : le café, les gens, leurs voix, leurs rires, eux en général. Je suis tellement contente ; j'ai l'impression de tout redécouvrir. C'est comme si un an était passé depuis que je suis entrée au centre. Un an ou tout le monde m'a terriblement manqué.

« Demain, nous organisons une fête pour la nouvelle année, avec tous nos amis, et leurs amis, » m'informe Aaron, « tu es, bien évidemment, obligée de venir. »

Amis, et leurs amis ? Je vais pouvoir inviter Michael et Connor, avec moi. Ce serait vraiment bien, mais je ne sais pas s'ils n'ont pas déjà quelque chose de prévu.

« Oh, mais attends, » Jane pose sa main sur mon bras, « si c'est beaucoup a gérer, étant donné que— »

« Tout va bien, » les rassurais-je rapidement en faisant mon plus beau sourire, « vraiment, tout va bien. Je viendrais avec plaisir. »

Aaron serre son poing devant son torse, en signe de victoire, ce qui me fait lâcher un rire. Ils reprennent rapidement leur travail, en voyant que des clients entrent dans le café, mais nous n'arrêtons pas de parler pour autant.

« J'ai un papier du centre qui dit que je peux reprendre le travail à partir du deux janvier, » j'explique à Jane, étant donné qu'Aaron est partit servir une table, « le voilà. »

Je le sors de ma poche. Elle le déplie, et le lit en entier. Sa tête bouge plusieurs fois de haut en bas, avant qu'elle ne fasse un grand sourire qui révèlera ses dents blanches.

« Si tu savais à quel point j'ai hâte de revenir, » elle hoche la tête tandis que je souris, « vous m'avez tellement manqués. »

« On a hâte que tu reviennes aussi, tu– »

« Bonjour, » un client s'approche du comptoir, la capuche de son sweat gris sur la tête, « je voudrais un caf– »

Mais ce client ne terminera pas sa phrase. Du moins, pas maintenant, puisque quand il a relevé la tête, juste après que mon visage ne lui fasse face, nos yeux se sont croisés, plongeant ce petit espace dans un silence très lourd. Mon coeur s'est déchiré, et Jane l'a bien remarqué.

Mis à part ses cheveux cachés par sa capuche, tout le reste de son visage m'est pleinement visible. Mes jambes menacent de flancher mais je ne dois pas céder. Comme je l'ai précédemment dit, je suis une adulte responsable. Je dois savoir gérer n'importe quelle situation, à n'importe quel moment.

Même si je ne suis pas prête.

thank you - hs. (III)Where stories live. Discover now