Chapitre 33 Emily

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Je souris et acquiesce avec joie. Qu'importe le véhicule dans lequel je monte, le principal c'est que je sois avec la femme que j'aime.

Flo m'aide à monter et rejoint sa place. Elle démarre et se dirige vers la sortie.

Un gardien de sécurité sort d'une guitoune en souriant. Il applaudit à notre arrivée visiblement heureux.

— Bravo Flo, tu as vraiment fait une très belle course.

— Merci David.

— J'espère que j'aurais encore l'occasion de te voir passer la ligne d'arriver la première l'année prochaine.

— Qui sait, répond Flo en haussant les épaules.

David lui fait un clin d'œil et retourne dans le poste de sécurité pour lui ouvrir la barrière. Il lui fait un signe de la main et la regarde partir jusqu'à ce que le camion disparaisse au coin de la rue.

— Tu as déjà des admirateurs ? dis-je avec un petit sourire.

— Qui David ? il est juste gentil.

Les rues sont bouchées à cette heure, c'était sûr.

J'ai posé ma tête contre la vitre, rêveuse et les yeux dans le vague, je réfléchis.

— Tu vas bien ? me demande Flo visiblement inquiète.

J'hésite quelques instants. Mon cœur bat la chamade dès que son regard croise le mien. Je l'aime mais comment lui avouer mes craintes de la perdre au moment où le bonheur a bouleversé ma vie. Et surtout comment le prendrait-elle ? Non je ne lui dirais rien, Flo ne m'a jamais caché son rêve de devenir pro et je n'ai pas le droit de l'influencer dans son choix.

Je suis heureuse pour elle mais un petit pincement au cœur me gêne.

Si Flo accepte la proposition de Monsieur Dumont, elle devra laisser tomber le garage et ça me fait peur. Je ne sais pas ce que Jean décidera dans ces cas-là, il sera peut-être obligé de vendre et moi qu'est-ce que je vais devenir ?

Je secoue la tête pour faire s'envoler mes pensées. L'heure est à la réjouissance et à la fête, je continue quand même à sourire malgré que mon cœur n'y soit pas.

Je lui prends la main et l'embrasse faisant partir les craintes que le visage de Flo affiche.

— Oui ne t'inquiète pas.

Flo se gare devant le pavillon, je l'embrasse et descends du camion. Je me dirige vers la porte d'entrée, me retourne encore une fois pour la regarder partir puis entre.

Je monte directement les escaliers sans même aller voir Annie et Jean.

J'entre dans ma chambre et m'assois sur mon lit puis, j'enfouis ma tête dans mes mains et me met à pleurer. Mais que m'arrive-t-il ?

Ma tristesse est telle que je ne peux pas m'en empêcher. Moi qui m'étais jurer de ne plus jamais m'attacher à une femme, c'est raté.

Mon cœur souffre, j'ai l'impression que je vais perdre Flo.

Trois petits coups discrets sont frappés à la porte, c'est Annie. Je m'essuie le visage rapidement et comme je peux.

— Entre, lui dis-je.

Annie ouvre la porte doucement et passe sa tête par l'entrebâillement. En me voyant assise sur mon lit, Annie me rejoint.

Je renifle et me remets à pleurer. Annie me prend dans ses bras.

— Ba alors, que t'arrive-t-il ?

Je pleure de plus belle en me laissant aller contre son épaule. Mes larmes inondent son gilet, secouée de soubresaut, je ne peux pas parler.

— Tu t'es disputé avec Flo ? demande Annie.

— Non, dis-je entre deux sanglots.

Annie patiente, me berce doucement pour que je me calme. Elle me tend un mouchoir qu'elle sort de la poche de son gilet.

— Je me sens égoïste Annie, dis-je en m'essuyant le visage, et ça me rend malade.

— Pourquoi dit tu ça ?

Je ne réponds pas, je me sens bête et honteuse.

— Ho, je crois que j'ai compris, poursuit Annie, c'est à propos de la proposition que Monsieur Dumont a faite à Flo.

Je baisse la tête, Annie a vue juste.

— C'est normal que tu t'inquiètes, mais il faut que tu te dises que c'est le rêve de sa vie, on ne peut pas empêcher une personne de poursuivre son rêve.

— Je le sais, c'est pour cela que je me sens mal.

Je me remets à pleurer de plus belle.

— Tu sais, je suis tombée amoureuse et maintenant j'ai peur de la perdre.

— Mais pourquoi veux-tu la perdre ? elle ne va pas te quitter, bon c'est vrai que par moment elle devra s'absenter mais tu pourras peut-être partir avec elle.

— Oui mais le garage ?

C'est au tour d'Annie de baisser la tête.

— On prendra un autre mécanicien, répond Annie au bout de quelques instants de silence tout en haussant les épaules.

Je tourne la tête vers ma tante pour la regarder intensément. Depuis cet après-midi, je pense qu'à moi et Flo mais à aucun moment je n'ai pensé à Annie et Jean. Pour eux aussi cela doit être un dur sacrifice.

— Ce ne sera pas pareil sans Flo.

— Ça c'est sûr mais au moins le garage sera toujours la car tu sais qu'elle ne fera pas des courses jusqu'à la fin de sa vie, au bout d'un moment elle arrêtera alors il faut se dire que si elle le veut, elle aura toujours sa place. Et arrête de t'inquiéter car avec Jean on te promet qu'on ne te laissera jamais tomber.

Je souris enfin.

— Merci Annie.

Nous restons encore quelques instants dans les bras l'une de l'autre puis Annie se lève l'air décider.

— Aller, Jean va se demander ce que je fais et toi, il faut que tu te prépares, tu ne vas pas faire attendre notre championne. 

Elle me fait un clin d'œil et quitte la chambre.

Je me lève à mon tour le cœur regonflé d'espoir et me dirige vers la salle de bain.



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