Chapitre 3: Harry

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Je me retrouve dans le bureau, cette pièce que je déteste tant. Frank est à sa place et j'ai une sensation étrange, cette entrevue, elle ne va pas bien se passer.

- Est-ce que tu connais cet homme ?

Il sort d'un de ses dossiers posés sur le meuble, une photo qu'il glisse vers moi et je la rapproche de moi pour mieux la voir. Mon cœur s'arrête, je me fige en reconnaissant le visage du policier et relève le regard vers mon supérieur.

Il sait quelque chose.

- Non.

- Ne me ment pas. J'ai mes sources Harry. Tu le sais.

Je hausse les épaules. Je ne vais rien dire. Il est hors de question que j'ai du sang sur les mains, même s'il est flic et qu'il sait sans aucun doute se défendre, personne ne fait le poids devant les gorilles.

- Alors ? Tu me le dis où je poursuis sur les bruits que j'entends à ton propos ?

Je reste stoïque, les yeux fixés sur la photo. Il ne fera rien à Louis. Je suis sûr qu'il a une famille et je ne vais pas les priver d'un frère, d'un ami, d'un fils ou d'un petit-copain. On m'a retiré ça, alors si Frank veut me faire cracher le morceau, c'est sur une autre corde sensible qu'il va devoir jouer.

Il fait le tour de son bureau, je le suis des yeux et m'apprête à reculer, il va me frapper, c'est ce qu'il a toujours fait, cette situation me rappelle trop bien ce que j'ai déjà subis. Mais rien ne vient. Il s'appuie sur le dossier de la chaise que j'occupe, se penche vers moi et me montre la photo du doigt. J'entends enfin la colère émaner de sa voix et sa main vient violemment me tirer les cheveux vers le papier-glacé.

- Ecoute moi bien, sac à merde. Si je vois encore une fois cet enculé de flic, je peux te promettre que vous allez tout les deux passer un mauvais quart d'heure, t'as compris ?

Comme je ne réponds pas assez rapidement à sa question, mon crâne vient taper violemment le bureau, je sers les dents et ferme les yeux. Ne pas pleurer, ne pas montrer que tu es faible.

- Oui.

- Bien. Maintenant, si on te voit à nouveau près de la gendarmerie à jouer les nounous, c'est personnellement que je m'occupe de toi. Tu n'as pas idée de ce qu'on fait aux traîtres dans le coin. Et je ne veux pas abîmer ton joli visage.

Il passe son doigt contre ma joue, me faisant frissonner d'horreur. Il me relève par la capuche et me balance à terre, au dehors du bureau.

Je reste sur le sol un moment, j'ai la tête qui tourne et le cœur qui bat fort. De peur. D'effroi.

Il sait où j'étais, donc il m'a suivi. Plus d'une fois. Il doit sans doute savoir que j'ai été arrêté. Je suis loin de la liberté que je pensais avoir acquise.

Les larmes me montent aux yeux et je passe prudemment ma main contre mon front. Je ne saigne pas, mais je vais avoir une bosse dans les prochaines heures.

Qu'est-ce que je fais maintenant ? Comment je me sors de là ?

S'il me surveille, je ne peux pas disparaître, ni même tenter de trouver de l'aide aux côtés du flic. La déception me tombe sur la poitrine et j'ai encore plus envie de chialer. Je me redresse et monte pas à pas les escaliers, me bouchant les oreilles et essayant de masquer mes soubresauts dues aux larmes qui coulent sur mes joues.

Je suis presque en colère de réagir ainsi. J'ai l'habitude des coups, que l'on me frappe n'est pas un problème, c'est juste handicapant. Mais j'avais secrètement espéré pouvoir reparler à nouveaux aux agents de police. Quand bien même leur proposition peut me coûter la vie, je l'avais envisagé en partie.

Flicker Of Hope (Or a Home)Where stories live. Discover now