Chapitre 16: Harry & Louis.

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Je passe la porte en silence, moi qui pensais avoir ma soirée de libre, voilà que Frank est venu me chercher pour le deuxième service de la soirée. Il est tard, je suis épuisé par mes longueurs dans la piscine, j'ai même des courbatures mais je suis sans un mot. De toute façon, ce n'est pas comme si me plaindre changerai quelque chose, tous ce que j'obtiendrai serai un coup dans le ventre.



Je regarde autour de moi, il n'y a presque aucun changement dans les clients, c'est toujours les même depuis le début. Je regarde au niveau des canapés, salue Candice, une... Je déglutis, je ne peux même pas penser aux horreurs qui se passent ici, je préfère être aveugle ; ce n'est pas courageux, mais même si je le veux, je ne peux pas l'aider. Puis mon regard dérive de l'autre côté de la pièce alors qu'on la traverse, heureusement pas trop vite. Il y a Ethan, un habitué aussi, il va venir chercher sa dose tout à l'heure et me faire des avances, que je vais repousser. Enfin, le bar, je souris à Luke, le barman, mais je pose mes yeux sur un client, qui vient subitement de se mettre dos à moi. Je fronce les yeux, la forme du corps, les cheveux, il ressemble à... Mon cœur s'arrête et je dois mobiliser toute ma force pour ne pas m'arrêter subitement en chemin et me faire rentrer dedans par le gorille.



Je sens ma gorge s'asséchée et mes mains devenir moites, mon cœur bas plus vite, je me dépêche de relever le regard vers le miroir au-dessus du bar, pour pouvoir regarder son visage. J'ouvre la bouche pour dire quelque chose alors que je le vois. Les larmes me viennent aux yeux et je pense deviner de la peine aussi dans les siens. Je prends une grande inspiration et ne le lâche pas des yeux avant de passer derrière un mur, pour aller dans le bureau de Frank et faire le topo de la soirée.
Il est là. Il est venu, il a réussi à me trouver. J'ai l'impression que mon cœur va exploser, je suis un peu désorienté et ça, mon patron le remarque, il appelle mon prénom et je relève la tête vers lui, les yeux sans doute brillants.



- T'as pris quoi ? Me demande t'il durement.



Je secoue la tête et ferme la bouche, ferme les yeux quelques instants avant de les rouvrir, regagnant mon masque.



- Je - Rien, j'ai juste la tête qui tourne.



Il soupire et ouvre un tiroir et pose une barre chocolatée devant moi. Je pince les lèvres, l'eau me monte déjà à la bouche.



J'essaye de manger le strict minimum pour qu'il ne me mette pas « au service » trop tôt, mais je sais que je ne vais pas gagner cette bataille. J'ai terriblement peur, j'en fais des cauchemars toutes les nuits et des crises de paniques. Je ne veux pas... passer par là. Sauf que mon corps refuse de rester en dessous des soixante kilos, comme avant. Je crois qu'il cache des choses dans les jus que je prends les matins, des protéines qui me font reprendre un poids normal, qui me poussent un peu plus vers la soirée fatale.



Je soupire et tends la main pour ouvrir la barre alors qu'il recommence son discourt. Il va chercher la drogue dans un coffre, caché derrière un tableau, derrière le bureau. S'en est risible tellement s'est cliché. Je mange la moitié de la barre et la repose, marchant avec précaution.



Cette fois, c'est la cocaïne et l'herbe qu'il pause devant moi. Par automatisme, après toutes ces années, je les cache dans les revers de ma veste, presque avec expertise. Je sais que tous les clients sont à chaque fois surpris de me voir sortir un sachet de ma veste, comme par magie, et ça fait partis du mystère que Frank veut entretenir. Séduire la clientèle, c'est ce qu'il veut et comme ça qu'il compte s'imposer.



Je sais que le club commence à se remplir, chaque jour, l me semble trouver de plus en plus de monde dans la salle. Et de plus en plus de... serviteurs à disposition. Je ne sais pas comment il me fait, comment il recrute alors qu'il est constamment enfermé dans son bureau. Mais il ne m'étonnerait pas d'apprendre qu'il a à nouveau des hommes à son service pour cette tâche.
Pour moi, c'est aussi différant, Frank ne me paye pas, mais accepte certains de mes caprices, comme celui de dormir et de disposer de la piscine autant que je veux. En échange, je fais mon maximum et me mêle à la foule pour séduire mes clients avec la poudre blanche. Juste avec la poudre blanche. Pour l'instant.

Flicker Of Hope (Or a Home)Where stories live. Discover now