Chapitre 23: Harry.

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Ce chapitre contient des propos à caractère sexuels non explicites.Il s'agit aussi du dernier chapitre de Flicker, le prochain est l'épilogue, merci infiniment de m'avoir lu. Vous êtes formidables.


J'embrasse les lèvres de Louis rapidement, il sourit et j'attends que la voiture s'éloigne avant de passer le porche de l'immeuble. Je monte au troisième étage et pénètre dans l'appartement que louent ma mère et mon beau-père. J'ai du mal à m'intégrer, j'ai toujours l'impression d'être un étranger, même lorsque je suis avec ma famille.


Premièrement, je n'ai pas de chambre à proprement parler, ce qui n'aide pas mon intégration dans cet appartement que je devrais appeler « chez moi ». Sauf que ça ne l'est pas. La seule chose que j'aurais pu appeler mon « chez moi » ces dix dernières années, aurait été la petite pièce que j'occupais à la Grange. Depuis, je n'ai fait que de me balader, de ville en ville, presque comme un voyageur. Sauf qu'à part ma mère et ma sœur, rien ne me rattache à l'Angleterre. Enfin, jusqu'à ce que Louis entre dans ma vie. Depuis, tout est chamboulé et s'il y a bien un endroit où je me sens à ma place, c'est chez ses parents, quand il est proche de moi et que Clarisse n'est pas loin. C'est pour ça que je dois parler à ma mère. Je ne peux pas continuer à vivre ainsi.


Je veux reprendre ma vie en main, je veux retrouver un cours de vie normal, dans lequel je pourrais enfin m'épanouir. Pour cela, je ne vois qu'un seul moyen, celui-ci semble aussi s'imposer à Louis et à Clarisse. Nous avons besoin de reprendre nos vies ensembles. Trouver un appartement, même si payer le loyer risque d'être difficile, je suis quand-même certain que c'est ce que je veux. Je suis convaincu que c'est comme ça que doit s'organiser les prochaines années.


Alors, lorsque je retire mon manteau pour rejoindre ma mère dans le salon, mon cœur bat fort et mes mains sont moites. Comme lorsque je suis avec Louis. Sauf que cette fois-ci, je suis nerveux, ce qui n'arrive pas avec lui, au contraire il m'aide à me canaliser. Je n'ai pas encore retrouvé un calme complet avec ma famille.


- Maman ? Je l'appelle, le mot étrange dans ma bouche, car loin d'être familier.


Elle relève les yeux de la broderie qu'elle a entre les mains, un cadeau pour Doris, la dernière petite sœur de Louis. Un sourire se forme sur ses lèvres et je m'en veux d'être aussi égoïste, seulement, je le fais pour mon bonheur et je pense qu'elle peut comprendre ma décision.


- Oui Hazza ?


Je grimace légèrement, je n'aime pas qu'elle m'appelle ainsi, c'est infantilisant. Mais je laisse faire, c'est son petit plaisir.


- Je peux te parler ?


Sans attendre, elle pose la broderie à côté d'elle et me regarde avec soucis. Son visage, encore beau et lumineux, s'assombrit et les petites rides entre ses yeux se creusent alors qu'elle fronce les sourcils, visiblement préoccupée par la conversation qui va suivre. Tout comme moi.


Je vais m'asseoir à ses côtés et passe une main dans mes cheveux, ils sont de plus en plus bouclés, ce qui ne m'aide pas à me détacher de mon image d'enfant. Il y a quelques jours encore, j'ai entendu ma mère dire à son compagnon qu'elle me trouvait adorable, qu'elle revoyait le petit garçon angélique d'il y a dix ans.


- Quelque chose ne va pas ? M'interrompt-elle dans mes pensées alors que je ne poursuis pas.
- Oh. Non, tout va bien. Mais, je veux qu'on parle tous les deux, entre mère et fils, tu vois ?
- Je t'écoute, tu sais que tu peux tout me dire, je suis ta mère.


J'acquiesce légèrement et laisse mes yeux détailler les fils colorés qui ponctuent le canevas en cours de réalisation avant de relever la tête et de la regarder.


- Je pense que tu me traites encore trop comme un enfant, alors que je suis majeur et... je comprends tout à fait pourquoi tu le fais, j'imagine que ça a été très difficile pour toi de me savoir loin de toi pendant toutes ces années. Je me suis aussi beaucoup interrogé, mais - je suis adulte maintenant. Je peux prendre mes décisions et ça me dérange que tu me traite encore comme un enfant.


Mon cœur tambourine contre mon torse. Cela fait un moment que je veux lui dire ce qui me pèse, jusque-là, je n'avais pas réussi à trouver le courage de lui faire part de mon agacement, mais je vois Louis reprendre sa vie en main, je veux faire de même.


Sauf que je ne veux pas faire de peine à ma mère, jamais volontairement, et pourtant, je vois ses yeux perdre un peu de leur joie et son regard se baisser, coupable.


Alors, je tente de poursuivre, pour m'expliquer.


- J'aimerai être plus libre. J'ai beaucoup réfléchi, avec Louis et Clarisse, on pense qu'on devrait s'émanciper. Surtout moi. Je veux m'émanciper, reprendre mes études, ou trouver un petit job à temps partiel, avoir un endroit à moi.


Sauf que je ne parviens pas à continuer. Car ses yeux s'embuent et quelques secondes plus tard, une larme lui échappe. Elle l'essuie furtivement, mais je l'ai vu. Je me sens coupable à mon tour. Je suis loin d'être le fils rêvé, je le sais. Mais voir ma mère pleurer, à cause de moi, c'est plus douloureux que je ne l'aurais pensé. Je ne sais pas si je peux la prendre dans les bras, c'est l'inverse qui se passe habituellement.


Contre toute attente, elle pose sa tête sur mon épaule et je n'attends pas plus longtemps pour passer mes bras autour de ses épaules, secouées par quelques sanglots. Plus aucun de nous ne parle et je me demande quoi faire. Est-ce que je devrais insister ? Ou alors, reporter cette conversation à plus tard, pour lui permettre de digérer ce que je viens de lui dire ?


Une boule se forme dans ma gorge alors que je garde mon bras autour des épaules de ma mère. Cette situation me tord le cœur, mais il est quand-même temps que je fasse passer mon bonheur au-devant de la scène aussi.


Je sens ses pleurs se calmer, elle relève la tête vers moi et passe ses doigts sur ma joue, elle me regarde et j'ai l'impression qu'elle redécouvre mon visage.


- Est-ce que tu es heureux pour l'instant Harry ? Réponds-moi franchement.


Je déglutis et la regarde à mon tour. Je ne veux pas répondre, je ne veux pas qu'elle pleure à nouveau. Je suis tiraillé entre mon envie de liberté et l'amour que j'ai pour ma mère, j'ai peur que les deux soient incompatibles.


Mais je ne peux pas non plus me terrer dans le silence alors que ma mère est pendue à mes lèvres. Je dois faire un effort pour ouvrir la bouche et émettre un son une fois mes lèvres entre-ouvertes.

Flicker Of Hope (Or a Home)Where stories live. Discover now