Chapitre III

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     Loki est parti et il ne reviendra pas. Thor a envoyer des troupes à sa recherche dans Asgard mais en vain. Il est introuvable. Et au fond de moi, je sens que je m'éteins peu à peu. Alors je me décide de ne pas me laisser submerger par la souffrance que me procure cet amour, et tente de faire face en aidant les autres. J'essaye d'accorder des faveurs aux bons qui me le demandent. Mais je ne peux lutter contre la douleur que je ressens chaque jours, chaque heures, chaque secondes qui s'écoulent.
J'avance vers la salle du trône pour m'entretenir avec Odin. Celui-ci est, comme à son habitude, assis sur son trône. Mais cette fois je le trouve plongé dans une profonde réflexion. Son visage est fatigué, il tousse et a du mal à se redresser quand il me voit.
« Votre Majesté (Je m'incline)
— Freyja, que me vaut se plaisir?
— Je viens vous demandez la permission de me retirer quelques temps du palais.
— C'est à dire?
— La campagne me ferait du bien.
— La déesse de l'Amour dans une petite chaumière à la campagne. (Il sourit de plus bel).
— C'est exact votre majesté.
— Je ne peux m'y opposer. Où irez-vous?
— Au delà des plaines, je vois très bien où je pourrais vivre. »
Le roi m'accorde ce temps de repos avec gentillesse et compréhension. Je le quitte rassurée, mais laissant derrière moi un vieux souverain fatigué de toutes ses années de règne.

***

La petite maison que j'ai repéré non loin de la clairière où Loki m'avait emmené, est occupée par une femme et deux petits enfants. À mon approche, ceux-ci m'ont regardé avec des yeux émerveillés. La mère elle même ne savait où se mettre devant la visite d'une déesse. Mais je me suis bien vite fait comprendre sur les motifs de ma venue et, avec douceur et amabilité, cette femme a accepté de m'héberger quelques temps. Alors j'ai appris à vivre loin du tumulte de la vie royale. Je me suis très vite adaptée à leur mode de vie, je suis devenue comme une grande sœur pour les deux petits garnements qui sautillent sans arrêt autour de moi, afin que je vienne jouer, courir, et faire tant de choses avec eux.
Loki est toujours présent dans mon coeur, et même cet éloignement n'y fait rien. Seulement, j'arrive à penser à autre chose, à donner mon amour à d'autres personnes.
Un soir, alors que je suis ici depuis maintenant plus d'un mois, la femme, du nom de Avilda, s'assit à côté de moi sur le banc de Pierre du jardin, face aux plaines s'entendant au loin.
« Je ne vous ai jamais demandé pourquoi êtes vous venue jusqu'à nous. (Son regard est posé sur l'horizon).
— Besoin de calme et de repos. (J'essuie les larmes que j'ai lâchement laissé couler en son absence).
— La perte d'un être chère sans doute.
Je la regarde, elle sourit. Ses cheveux bruns, commençant à blanchir, sont traversés d'une légère brise.
— Je vous comprends.
— Vous avez donc vécu la même chose.
— Depuis cinq ans maintenant. (Elle tourne son visage fatiguée vers moi et essuie une larme tout en souriant). Et vous?
— Quelques mois.
  Elle pose une main rassurante sur mon avant bras:
— C'est dur je sais, et ça ne s'atténue jamais vraiment. Seulement, on apprend à se contenir. »
  Elle me lance un dernier sourire et retourne s'engouffrer dans sa maison. Le soleil orangé lance ses derniers rayons avant de partir vers l'autre monde. Le ciel se teinte de rose puis s'élargir vers un bleu pâle. L'immensité de la nature qui s'offre à moi est comme compatissante de la douleur qui m'afflige.
  Je me lève essuyant mes larmes, et m'avance vers cette clairière. Les saules pleureurs semblent entourer cette fontaine pour la protéger de ceux qui n'auraient jamais pénétrés l'intimité de cet endroit. Mais moi j'y suis déjà allée. Je m'assois sur le rebord, fixant l'eau d'un regard mélancolique. La fontaine transparente me renvoie l'image d'une femme belle, mais épuisée de sa lutte intérieure. Soudain une idée me vient: si je retire la Pierre de l'Ame de mon médaillon je n'aurais plus de pouvoirs, je redeviendrais humaine, et alors je pourrais abréger mes souffrances.
   Je me lève pour échapper à ces pensées morbides et me dirige vers la maison. Les deux petits accourent vers moi et m'embrassent avant de s'éclipser dans leur chambre. Avilda me lance un sourire compatissant et s'en va elle même se coucher, me laissant seule près de la fenêtre, regardant la lune se lever sur la clairière.

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