IV- La blague d'Alfie

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Alfie était accompagné de son assistant, Ollie. Ils étaient restés sur Birmingham pour régler une affaire avec Thomas. Le gangster de Camden attendait, avec une certaine appréhension, plus ou moins prononcée, le retour du grand Peaky Blinder. Le chef du gang Juifs n'avait pas résisté à la tentation de trahir son ami gitan, à nouveau. L'envie de rafler le trésor de la famille Petrovna avait été plus forte. C'est pour cette raison qu'il avait passé un accord avec la Ligue Économique, ainsi il rentrait en possession du seul trésor qui valait la peine qu'il se déplace dans ce foutu coin de l'Angleterre.

De plus, le distillateur n'avait pas vraiment de problèmes avec le fait de se retourner, encore une fois, contre Thomas. Il avait toujours fonctionné de manière calculatrice et tactique.  Il n'avait pas forcément qu'une seule parole mais il savait comment perdre son interlocuteur et c'est exactement ce qu'il faisait avec ce bon vieux gitan. S'ajoutant à cette envie de voler la famille impériale, Alfie vouait une haine certaine envers les Russes. Ce sentiment violent remontait à celui que sa mère vouait déjà pour eux. La persécution de son peuple semblait être devenue une routine accablante et éreintante.

D'autant que Alfie détestait que l'on face référence à sa religion et à ses habitudes. Surtout quand on ne savait pas de quoi l'on parlait.

L'homme aux multiples facettes croisa ses mains sur la table et et fixa la française devant lui.

— Vous avez pris du rhum. C'est un choix personnel ou diplomatique ? Qu'en penses-tu, Ollie ? demanda le barbu en faisant tourner sa chevalière sur son index. 

— Je ne sais pas, qu'en pensez-vous ? Je suis française et qui plus est une femme. Aurais-je du prendre du gin ou du rhum ? Suis-je mélancolique ou tyrannique ?

Alfie plissa les yeux et hocha la tête d'une moue approbatrice. Les gens dans le pub continuaient à leur lancer des regards désapprobateurs et paraissaient chuchoter dans leur dos. 

— Je pense que la dame aime être subversive, répondit le jeune homme aux cheveux bouclés.

— Subversif, tout à fait ! C'est ce putain de mot qu'il fallait.

Félicitée apprécia la première gorgée de son verre et eut un sourire en coin. C'était vraiment un drôle d'oiseau, mais elle n'avait pas l'impression qu'il soit de mauvaise augure. Elle appréciait ce tempérament et cette attitude haute en couleurs.

Le criminel juif releva la tête et sortit une montre à gousset de la poche de son veston bleu, légèrement froissé. Fixant la trotteuse d'un air songeur, il finit par poser son attention sur son bras droit et la française et inspira longuement.

— Merci pour cette charmante compagnie, pet*. J'aimerai dire que l'on se reverra, mais je préfère attendre demain.

Sur ses mots, il se redressa et accorda un baise-main à Félicitée avant de se diriger vers la sortie. D'un pas traînant et d'une démarche chaloupée, la silhouette du distillateur finit par disparaître du bar, Ollie sur ses talons.

Un peu désuet, pensait la française au sujet du baise-main. Mais les manières de cet homme était décidément imprévisibles.

La jeune française finit son rhum, elle n'allait pas s'attarder dans ce pub. De toute façon, l'ambiance n'y avait pas été très accueillante.

***

Thomas attendait le lever du jour. 

Il y a quelques heures encore, il était en train de creuser un tunnel menant au trésor des Petrovna. Ces heures, passées sous la pénombre, lui avaient rappelé l'horreur qu'il avait subit des années plus tôt. Il avait réussi à retrouver le coup d'avance qu'il avait toujours sur ses adversaires, cependant, il n'avait pas tout récolté. Tout ce qui importait, c'était que son fils s'en soit sorti. Le reste semblait dérisoire.

Soldier's Minute || PEAKY BLINDERS [ EN RÉÉCRITURE ]Where stories live. Discover now