VI- Bercé par le spleen

2.4K 139 18
                                    

Thomas avait laissé sa famille le détester petit à petit. S'il avait de plus en plus de mal à les tenir proches de lui, cette fois-ci, signait définitivement la fin d'une époque. Le chef des Peaky Blinders se tenait dans le corridor et il regardait ses frères, Polly et son fils disparaître au loin. Au coin de ses lèvres, reposait une cigarette fumante, et il fixait la fumée s'évaporer, lentement. Il avait du mal à savoir s'il ressentait une certaine culpabilité. Mais, elle avait toujours été là, ne faisant qu'un avec son âme.

Comme compromis, il avait donné sa famille en pâture. Qu'ils payent tous pour leurs crimes. Toutefois, lui, n'était pas derrière les barreaux. Et c'était bien la seule différence qu'ils feraient, tous. Il avait donc regarder le seul lien subsistant qui les unissaient, se couper.

Arthur et John arriveraient sûrement à trouver un moyen de lui pardonner. Mais, pas Polly. Surtout que, son fils, était aussi arrêté pour le meurtre du père Hughes. Meurtre commis pour raisons personnelles, bien qu'il le fallait également.

Thomas senti le mégot de la cigarette lui brûler les doigts pourtant cela ne lui procura aucune réaction.

— Monsieur Shelby, est-ce que vous allez bien ? s'inquiéta Frances.

— Oui. Pouvez-vous emmener Charlie se promener. Je voudrais être seul.

Frances acquiesça et se dépêcha d'aller chercher le petit garçon. Thomas baissa la tête et se racla la gorge. Sa servante n'était pas sotte, elle savait pertinemment ce qui allait arriver si elle le laissait seul. Mais elle n'avait pas le choix. C'était des ordres, après tout.

Le Peaky Blinder finit par lâcher le bout de sa cigarette et détourna le regard de la cour en face de lui. Cela n'avait plus d'importance, qu'ils comprennent ou non pourquoi il avait fait ceci. Qu'est ce qui justifiait de tels actes à leurs yeux ? Le choix ne faisait pas partie des excuses, surtout pour les Shelby. Le criminel enfonça ses mains dans les poches de son pantalon et commença à marcher.

Sa maison trop grande pour lui, l'ombre de Grace, son fils. Tout résonnait comme une valse accablante. Le chef des Peaky Blinders fit attention à ne pas croiser Charlie quand il pénétra à l'intérieur son bureau. Il entendit rapidement Frances lui parler et les acquiescements du petit garçon de trois ans en guise de réponse. Il resta un instant immobile, devant la porte de son bureau, avant de finir par y entrer. Tout ce dont il avait besoin c'était d'un verre de whisky, d'une cigarette et d'être seul.

La dernière fois qu'il s'était retrouvé avec lui même, cela ne c'était pas très bien passé. Et cette fois-ci allait sûrement être pire.

Ce putain de marché. Cette putain de vie.

Thomas passa ses mains contre son crâne et et s'avança vers son bureau. Il jeta un œil en direction de la forêt environnante. C'était la liberté qui l'avait toujours motivé, surtout dans ce mode de vie là. Il n'avait plus envie de se soucier de ce qu'il était avant et il en avait marre de devoir répéter à tout le monde qui il était réellement.

Ada ne cessait de dire que tout avait changé depuis la Somme. Mais rien n'avait changé. Il avait juste pris conscience de ce qu'il devait être. Le chef des Peaky Blinders se tourna vers la carafe pleine de Whisky et se laissa tomber sur le sofa. Sa cigarette en bouche, il bascula sa tête en arrière et commença à boire une gorgée du liquide ambrée.

Sa femme avait pris une balle qui lui était destinée. Son fils avait été mis en danger. Sa famille entière lui en voulait d'avoir accepté ce marché avec le roi. C'était un récapitulatif, peu glorieux, de ces derniers mois. Et cela aurait put être pire, pensait une voix dans sa tête.

Grace lui avait demandé, à plusieurs reprises, de cesser ses activités, de couper les ponts avec sa vie de Peaky Blinder. Mais elle n'avait jamais compris que c'était là ,sa liberté. Il voulait cette vie, il l'aimait. Peut être que Grace n'aurait jamais dû revenir de New-York. Peut être aurait-elle dû rester avec son ancien mari. Bien qu'il ne soit pas Thomas. Personne ne pouvait être lui et malheureusement, ce n'était pas un compliment.

Soldier's Minute || PEAKY BLINDERS [ EN RÉÉCRITURE ]Where stories live. Discover now