XXIX

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Félicitée claqua la porte.

Cette fois s'était de trop.

Cela faisait à peine une semaine qu'ils étaient arrivés à Deauville dans la région Normande que Alfie se montrait invivable.

Depuis le temps qu'elle le connaissait ils n'avaient jamais vraiment eu de disputes violentes avec des mots violents. 

Mais, maintenant qu'ils étaient arrivés en France ça n'arrêtait pas.

Le changement n'avait pas réussi à Solomons, ne rien faire de ses journées le rendait exécrable et il s'amusait à critiquer tout ce qu'il voyait.

Félicitée qui elle aussi avait beaucoup de mal à rester sans travailler était tout aussi sur les nerfs que lui.

Le couple dégageait alors une atmosphère absolument négative qui faisait fuir tout ceux qui avaient le malheur de se trouver à côté.

Ce matin, était de trop.

Ils avaient loué une maison près de la plage. Leur chambre donnait une admirable vue sur la mer et la longue promenade qui longeait les dunes. Les soirs, quand il ne faisait pas trop froid Alfie restait longtemps immobile sur le mirador à contempler les vagues s'échouer sur le sable.

Ils occupaient leur journée de façon aléatoire. Alfie restait souvent seul par peur de finir par ne plus être celui qu'il avait toujours été. Il cherchait des poux à tout le monde dans cette pauvre ville et s'était déjà fait une belle réputation en moins d'une semaine.

Félicitée, elle, restait discrète. 

Non pas par envie mais parce qu'elle ne voulait pas rester ici et surtout elle ne voulait pas laisser à cette terre un quelconque souvenir d'elle.

De temps en temps, elle espérait que Alfie se lasse de cette ville et qu'ils retournent à Londres. Elle espérait égoïstement que Alfie décide de reprendre ses affaires avant de mourir. Parce que c'était ce qu'il était, un criminel et non pas un stupide touriste.

Le fait qu'il s'agace surtout et rien prouvait bien ce manque qui le tiraillait. Alfie ne lui dirait jamais, sûrement par fierté parce qu'avec les hommes il en est toujours question, mais elle le savait.

Parfois, Félicitée le surprenait à fixer sa couronne noire tatouée sur sa main, ou à regarder par delà l'océan.

Alors ce matin là, après le sexe, qui avaient toujours meilleur goût après les quelques brimades de la veille, Félicitée avait décidé de mettre ce qu'elle pensait à plat. Ça lui semblait être le meilleur moment pour en parler, étant donné que Alfie n'avait pas encore commencé à râler.

Quelle erreur avait-elle fait là. Il ne fallait plus grand chose pour énerver Solomons et encore moins quand il s'agissait de remettre en cause ses décisions.

S'en était suivi les injures favorites d'Alfie, les piques cinglantes de Félicitée et si ils étaient tout deux au meilleur de leur forme, ils auraient pu pousser la dispute jusqu'à son paroxysme.

Finalement Alfie avait entrepris de blesser Félicitée par les mots voyant qu'il n'aurait pas le dessus d'aussitôt et la française était tombé dans le piège.

La porte claquée, Félicitée partie, Alfie était resté un moment immobile devant la table haute. Les bras ballants, la colère retombée, il se sentait stupide et grotesque.

Cette sensation le prenait de plus en plus à la gorge ces temps-ci. Ce n'était pas quelque chose d'habituel mais Félicitée savait lui faire connaître de nouvelles émotions. Comme l'humilité.

Soldier's Minute || PEAKY BLINDERS [ EN RÉÉCRITURE ]Where stories live. Discover now