Chapitre dix ➳ PDV Abbie

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  Alors, les lèvres pincées, j'ouvre la deuxième porte à gauche et entre en la refermant derrière moi. J'entre dans la même chambre que celle de Connor, sauf que celle-ci est inversée. Néanmoins, il y a le même écran fixé au mur, le même super grand lit, et le même petit couloir digne d'une chambre d'hôtel à 3000€ la nuit. Sérieusement, il n'y a que moi qui ai hérité d'une chambre lambda ? Bon, je ne devrais pas me plaindre, c'est déjà bien.
– Abbie ? S'étonne Troy en me voyant entrer. Qu'est-ce que tu fais...
Je ne lui laisse pas le temps de finir et saute littéralement sur son lit où il est assit devant la télé. Je grogne en prenant la même position que lui, croisant les bras sur ma poitrine l'air mécontente. J'ai bien conscience d'avoir l'air d'une enfant qui fait un caprice, mais c'est plus fort que moi. Je suis vraiment en pétard, j'en ai plus que marre du caractère irritant de Connor.
– Qu'est-ce qu'il a encore fait ? M'interroge Troy en devinant sans effort qui m'a mise dans cet état.
– Non mais tu te rends compte ? Il n'arrête pas d'être méchant, de me dévisager et de me balancer des méchancetés à la figure. Hier, il m'a dit que mon pull était moche ! Pour qui se prend-t-il ?
– Bah, c'est vrai qu'il n'était pas très...
Je le fusille du regard, le dissuadant de continuer.
– Je t'écoute, me dit-il avec un hochement de tête résigné. 
– Ensuite, il me donne son bonnet parce que je cite « il fait froid dehors ». Il me complimente, à deux reprises ! Nous passons deux heures à discuter en visitant le campus, tout se passe très bien. Tu sais quoi ? J'en ai marre ! Ensuite, je me réveille avec son sweat, tiens, regarde, c'est lui !
Je fais un signe de la main vers mon haut et Troy hausse des sourcils étonné.
-- Je... suis perplexe, là.
– Oui oui ! Ensuite, je me réveille dans son lit, pour finalement finir enfermée entre ses bras ! Monsieur m'a dit qu'il aimait les câlins du matin ! Est-ce que je rêve, sérieusement ? 

Troy prends quelques secondes pour assimiler toutes les informations que je lui donne, et une fois fait, il prend une grande inspiration avant de lâcher :
– Je pense que tu vas finir par attraper une migraine si tu n'arrêtes pas de lui donner de l'attention.
– Déjà fait, répond-je en soupirant bruyamment, expirant tout mon agacement. Excuse-moi. Je ne devrai pas venir me plaindre, ce n'est pas correct.
– Tu as le droit, Abbie. Connor est mon meilleur ami mais ce n'est pas pour ça que je cautionne son comportement avec toi.
– Merci. Je croyais être folle, ris-je à moitié.
– Non, rit-il. Tu es simplement dans sa ligne de mire, et personne n'aimerait être à ta place. Mais ça lui passera.
Je souris faiblement, pas certaine qu'il ait raison. J'aimerais croire que Connor va arrêter d'être irritant avec moi, mais je ne parviens pas à m'y résoudre. Quelques secondes plus tard, j'accepte la proposition de Troy d'aller déjeuner malgré que cela me mène à croiser la cause de mon énervement matinal.
Je ne cille pas lorsque Troy sort des couvertures et s'affiche en caleçon devant moi ; et lui non plus, d'ailleurs. C'est un très beau garçon, très bien bâti, mais il ne m'intéresse pas. Je ne le vois que comme un ami, malgré que nous ne nous connaissions pas depuis longtemps. En dépit de cela, j'ai confiance en lui, c'est pour cette raison que je suis venue chercher du réconfort auprès de sa personne.  Nous sortons de la chambre après qu'il ait enfilé un short, similaire à celui que porte Connor, et un t-shirt. D'ailleurs, nous croisons ce dernier dans le couloir et je le vois plisser les yeux quand son meilleur ami passe un bras autour de mes épaules. Je lui jette un coup d'oeil et le voit sourire en coin, et je devine qu'il fait cela pour titiller son ami, ce qui me fait rire, malgré que ce ne soit pas gentil. Après tout, lui ne l'a pas été avec moi, alors pourquoi devrais-je l'être, moi ?

Après avoir passé la journée à ne rien faire et à réviser mon planning pour ma première journée à l'université, demain, j'enfile mes chaussures afin de rejoindre les garçons en bas. Je prends également ma petite sacoche où je mets mon téléphone, mon porte-monnaie et des chewing gum.
– Prête ?
– Prête, j'acquiesce à l'interrogation de Sean.
Ce soir, nous allons diner au fast food. Nous sortons tous de la maison et je prends soin de fermer la porte à double tour avant de rendre ses clés à Paul. Sur le trottoir en face de la maison sont garés les voitures des garçons, c'est à dire 5 beaux bolides tous parfaitement immaculés, brillant de milles feux. Si j'ai bien entendu, Matthias est le seul à ne pas en avoir, il préfère se faire véhiculer.
– Qui monte avec qui ? Interroge ce dernier alors que nous nous arrêtons devant les voitures.
Je ne saurais dire pourquoi, mais mon regard se porte aussitôt sur Connor qui est adossé à sa berline, les bras et les jambes croisés, son habituel blouson en cuir sur le dos. Moi aussi, je porte le mien, et il ne cesse de le dévisager.
Mon colocataire désagréable arque un sourcil dans ma direction, et, sur ses lèvres, je peux lire :
– Toi, avec moi. 
Je l'ignore royalement et tourne la tête vers les garçons. Il croit qu'il peut m'ordonner quoi que ce soit ? Là, il se fourre le doigt dans l'œil. 
Moi aussi, je peux me montrer agaçante et indomptable. 
Du coin de l'oeil, je le vois pincer les lèvres et froncer les sourcils. Son regard, lui, brille d'une certaine malice, m'indiquant qu'il trame quelque chose. Et, sans que je n'ai le temps de me demander ce dont il s'agit, il déclare à voix haute : 
- Je prend Abbie avec moi. 
Ce sourire... Je le giflerai bien ! Comment personne ne peut s'apercevoir que c'est un sourire ultra faux? Et Sean, alors ? Lui qui est toujours à l'affût de comment Connor se tient avec moi, pourquoi n'y voit-il que du feu ? 
- En fait, je...
- Il faut qu'on parle, me coupe ce dernier d'un ton sévère. Monte, Abbie. 
Bien sûr, personne ne réagit. Pas même Troy. 
Génial. 
Résigné, j'avance jusqu'à sa voiture et monte à l'intérieur, non sans avoir une boule qui se forme au creux de mon estomac. De quoi veut-il me parler ? Nous n'avons rien à nous dire. 
Sans s'attacher, sans allumer le moteur, Connor pivote sur son siège et me fait face. Son regard sombre s'accroche au mien, ses mâchoires se serrent, et tout ça commence à m'intriguer. 
- Tu voulais me dire...
- Arrête ton cirque, Abbie. Je sais pertinemment que tu te souviens de moi. 

Bad Boyd - Remember | T1Where stories live. Discover now