Chapitre vingt-et-un ➳ PDV Abbie

114 14 10
                                    

- Vous partez ? s'étouffe Troy, les yeux ronds, crachant les céréales mit dans sa bouche quelques secondes plus tôt.
Ces derniers atterrissent droit sur le t-shirt noir maculé de Connor, et je suis forcé de plaquer ma main contre ma bouche désormais en " O " pour ne pas rire lorsqu'il relève lentement la tête afin de fusiller son meilleur ami du regard.
- Mon putain de t-shirt, siffle Connor entre ses dents. Toi et moi, ça s'arrête à l'amitié, je refuse d'être le maudit détenteur de tes crachas !
Comment ne pas rire face à ces paroles ? C'est plus fort que moi. Un léger - pourtant audible - bruit traverse la barrière de mes lèvres, que je serres aussitôt le plus fort possible l'une contre l'autre lorsque Brun et Blond posent leurs regards désapprobateur sur moi. Je peine à retenir mon éclat de rire, ainsi, une grimace vient déformer mon visage, et je retiens vivement ma respiration. Les yeux baissés vers le sol, je me fais toute petite.
Connor reporte son attention sur Troy, et vis versa.
- Donc, je disais que tes crachas ne...
- On s'en tape le coquillard, de mes foutus crachas ! aboie Troy en lançant son regard le plus sévère à Connor, tapant son poing contre le marbre de l'îlot.
J'éclate de rire instantanément.

Dans tous les sens du terme, j'explose, j'éclate, je pleure de rire à m'en plier en deux, en parfaite synchronisation avec Connor, qui se tord en deux à son tour, une main sur l'estomac.
Mais oh mon dieu ! C'était impossible de ne pas rire. Nos voix résonnent fort dans l'habitacle de la cuisine, nous poussons des cris aiguës et nous cherchons absolument quelque chose pour nous appuyer dessus afin de ne pas nous écrouler au sol. 
Des larmes commencent à perler aux coins de nos yeux rougis à mesure que les secondes passent, et des crampes se font bientôt ressentir au niveau de mes mâchoires, tant nous rions fort sans moyen de nous arrêter.
- On... - Connor éclate de rire une nouvelle fois - ... on s'en tape le... - nouvel éclat de rire, plus aiguë, plus fort que le précédent, faisant redoubler d'intensité mon propre éclat de rire - on s'en tape le coquillard ?
Si Troy pourrait nous brûler vivants, il le ferait sans hésiter. Son regard noir nous avertit de nous arrêter le plus vite possible, mais ce n'est pas envisageable. Même avec la meilleure des volontés, nous n'en serions pas capable. Comment pourrait-on ? Une telle expression dans la bouche d'un type à l'allure de gros dur, ça ne passe pas inaperçu.
Je rigole tant que mon ventre me fait souffrir, et je suis forcé de me tenir à l'îlot de notre cuisine pour ne pas tomber. Connor, lui, peine à s'arrêter, tout comme moi. Nous nous regardons, hilares, et le sentiment de bien-être qui s'empare de mon cœur me propulse sur un petit nuage.
Bon sang, c'est si bon, de rire. De rire sincèrement, avec la personne que l'on aim...
C'est si bon de rire sincèrement, avec Connor. Simplement. Avec Connor.
Merde.

- Faites-moi signe lorsque votre jeu d'enfant immature sera terminé. Je serai dans le salon.
Sur ces mots, Troy se lève de son tabouret et par dans le salon en soufflant bruyamment, montrant son agacement, nous laissant Connor et moi dans notre fou rire incontrôlable. Plusieurs minutes passent avant que nous ne parvenions à nous calmer. Rire, c'est bien, mais s'arrêter, ça l'est également. Bon sang, que j'ai mal aux abdominaux !
Connor fait plusieurs pas en avant afin de franchir la distance qui nous sépare et tend la main vers mon visage, bien trop brusquement. Je me raidis instantanément.
La panique doit se lire dans mes yeux puisqu'il attend, le bras tendue, que je l'autorise à approcher. Ce que je fais sans perdre une seconde.
A l'aide de son pouce, il essuie une larme qui perle sur ma joue. Mes joues rougissent instantanément, et mon sourire s'estompe lorsque nos regards s'accrochent l'un à l'autre, démontrant toute l'affection que nous avons mutuellement, l'un pour l'autre.
Toute la bienveillance à mon égard qui sommeillait jusqu'à présent dans l'esprit de Connor éclate à travers ses prunelles, et bon Dieu, c'est à coupé le souffle. Je n'ai jamais vu un regard qui brillait autant - rien de tel, rien d'aussi beau. L'intensité avec laquelle il me regarde me rend toute frêle, faisant de mes jambes jusqu'à présent solides de vulgaires morceaux de cotons. Mon coeur, lui, s'emballe dans ma poitrine.

A cet instant précis, l'organe vital qui bat la chamade dans ma cage thoracique me chuchote à l'oreille :
Peu importe qu'il soit mêlé à ton kidnapping et à ta séquestration. Peu importe qui il est, ce qu'il a fait. Tu n'auras jamais de tels regards de la part d'un autre.
Mais, ma raison prend le dessus et me martèle le cerveau avec sa voix criarde :
Tant que tu n'auras pas eu les réponses à tes questions, qui en plus ne seront pas bonnes à entendre, ne le laisse pas t'approcher intimement, ni sentimentalement.
Et, tandis que le combat entre le coeur et la raison se déchaîne dans ma tête, je choisi de les mettre en sourdine par le seul moyen qui est en ma possession :
Je parcours la distance à ne pas dépasser entre Connor et moi et me jette sur lui.
Dans tous les sens du thermes. Je lui saute littéralement dessus, sans hésiter une seule seconde il me rattrape au vol. Avant qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit, je plonge sur ses lèvres avec une telle violence que, l'espace d'un instant, je peine à me reconnaître.
Mais, finalement...
C'est peut-être ça, la vraie moi ? Celle qui n'écoute qu'elle-même, ni sa raison ni son cœur, celle qui fonce tête baissée et qui ne pense pas aux conséquences ?
Oui, c'est bien moi. J'en suis désormais certaine.
Un grognement rauque s'échappe des lèvres de Connor, et je l'avale en gémissant à mon tour. Le coeur palpitant, je peine à obtenir de moi-même une respiration contrôlée. Celle-ci est bien trop saccadée.

Rapidement, ses mains glissent le long de mon corps pour venir agripper mes fesses. Sous moi, je sens ses jambes bouger tandis que nous nous dévorons l'un et l'autre sans nous préoccuper de la présence de notre ami dans le salon.
Au moment où la langue de Connor s'insinue entre mes lèvres, mon dos heurte violemment un placard, faisant s'entre-choquer la vaisselle se trouvant à l'intérieur, si j'en crois les bruits de verres. Petit à petit, mon entre-jambe se contracte, pour bientôt finir complètement crispée.
Alors... c'est ça, l'envie ? Le désir ?
C'est donc ça que l'on ressent lorsqu'on veut se faire prendre contre tout et n'importe quoi ?
Doux jésus, c'est sympatoche !
- Tout à l'heure, halète Connor entre deux baisers, on s'est arrêté au bon moment...
Je détache mes lèvres des siennes pour partir embrasser chaque parcelle de sa mâchoire. D'une main, je l'oblige à pencher la tête de côté, de manière à ce qu'il m'offre l'accès à son cou. Je m'affaire à déposer des baisers chauds et humides sur sa peau, la suçotant par-ci par-là.
Ça, je l'ai vu dans un film.

Les grognements de Connor fusent, faisant vibrer mes lèvres sur sa peau lisse. Il serre mes fesses dans ses paumes de main avant d'insinuer l'une d'elles sous mon pull. Caressant du plat de la main ma peau brûlante, il plaque de nouveau ses lèvres contre les miennes, me transmettant toute l'intensité de son désir.
Et, ce désir m'est destiné. Qui aurait cru ça possible un jour ?
L'animosité qui règne entre nous deux est déstabilisante, mais pas suffisamment pour que nous nous arrêtions. Ma raison tente de reprendre le dessus, mais je lui adresse un Royal Doigt d'Honneur. Comme un Royal Wedding, mais en moins classe.
- ... Mais, là, je vais devoir t'emmener là-haut. Je ne tiens plus, termine-t-il en plaquant son front humide de sueur contre le mien.
C'est au tour de mon intimité de palpiter. La chaleur est monté d'au moins 15 degrés dans la pièce, ça en devient insupportable. Et, lorsque Connor s'écarte de moi afin de chercher un quelconque accord dans mes yeux, je me surprend à geindre, déçu de ce soudain écart, ce qui fait rire le garçon face à moi.
- Tu n'as pas besoin de me demander. Fonce ! gémis-je en remuant dans ses bras.
Mon ordre lui fait hausser les sourcils en même temps qu'un immense sourire se dessine sur son visage. Un petit rire d'étonnement s'échappe de sa gorge. Quelque chose se contracte dans mon bas ventre, faisant doublier d'intensité mon envie d'être prise par Connor.
Bon Dieu. Now. Maintenant. Rapidos.

- Ta chambre ou la mienne ? Et, par pitié, ne me dis pas de choisir, parce que je vais te prendre sur l'îlot.
Le ton à la fois pressé et désespéré qu'il prend me fait rire à gorge déployée, me faisant me sentir incroyablement bien. Apaisée, totalement.
Il n'y a de ça qu'un mois, je n'aurais jamais pensé que tout ça arriverait.
Aujourd'hui, je suis prête à m'offrir à lui. En dépit de tout, de mes réponses, de mes doutes et de mes craintes. Je me fiche royalement de tous ces petits détails qui pour l'instant n'ont pas la moindre importance ; je ne veux que Connor, sans penser à demain ni à hier. 
Juste maintenant, l'instant présent.

Bad Boyd - Remember | T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant