Chapitre vingt-sept ➳ PDV Connor

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6 mois plus tôt

– Ça pue la merde, l'Oregon.
– Tu diras ça à ton frère, Emmet. C'est lui qui t'a envoyé ici, rétorque Cody en conduisant dans les rues de Portland, agacé par les multiples plaintes du petit frère de Sean depuis le début de notre séjour.
– Sean t'a mit sur cette mission avec nous pour ton bien. C'est chaud en ce moment, vers chez nous.
– Connor a raison, confirme Ledell.
Même si ce que je dis vrai, c'est vraiment chaud en Californie en ce moment du côté des gangs et cartels, Emmet aurait été plus en sécurité là-bas. Mais, ça, je le passe sous silence.
Je vais le trahir, lui comme les deux autres. Ils n'ont aucune idée de ce qui les attend ce soir. D'ici quelques heures, Emmet, Cody et Ledell auront les poignets menottés s'ils ne parviennent pas à s'enfuir.
Pourquoi les trahir, hein ? Vous le saurez bien assez tôt.
Pourquoi eux, me demanderez-vous ? Le hasard. Sean a décidé que ce serait eux qui partiraient vérifier si notre alliance avec le cartel de Portland est correcte et droite, alors je me sers d'eux pour mettre mon plan à exécution. J'en ai rien à foutre d'envoyer trois des miens en taule si ça peut m'aider à sauver cette putain de nana à qui j'ai promis la liberté.
Et, ouais, je n'ai aucune pitié. De plus, ce sont les trois plus jeunes d'entre nous, donc les moins entraînés à s'enfuir quand les flics débarquent à 30.
Et puis, il faut aussi dire que je ne suis pas le seul à avoir un cœur de pierre et à n'avoir aucun regret à faire un tel truc à des mecs de mon cartel, des mecs que je connais depuis que j'ai l'âge de tenir une arme.
Troy, mon meilleur ami, est au courant et il n'a pas bronché. Il avait plutôt intérêt à la fermer, en fait. On a décidé tous les deux de ne pas leur sauver la mise, ça m'aurait freiné dans mon plan.

Ces trois là sont vraiment des brêles, sans vouloir être méchant, bien sûr.  Ça se voit rien qu'à leur manière de se battre. Cody baisse sans arrêt sa garde de poings, et en reçoit donc en libre service dans la gueule de la part de son adversaire. Ledell, lui, est lent comme une limace, c'en est désespérant à regarder. Il n'a jamais le temps de prévoir un potentiel coup ; il le reçoit d'abord, le digère ensuite, et improvise après.
Inutile de préciser que le temps qu'il digère le premier coup, il en reçoit d'autres.
Et, enfin, pour ce qui est d'Emmet... lui, c'est un gamin qui baigne dans le crime depuis tout petit. Ses parents sont morts peu après sa naissance, c'est donc Sean et Fed, les frères aînés de la tribu, qui se sont occupés de lui et qui l'ont élevés.

Ils n'ont jamais voulus d'une vie pleine de sang et d'emmerdes pour lui, ce qui est plutôt contradictoire lorsqu'on sait qu'il a grandit dans un cartel de drogue.
Enfin bref, en conséquent, ils ne lui ont pas enseigné les bases pour prendre la fuite lors d'une décente de flics. Emmet a apprit dès 7 ans à se servir d'un ordinateur afin de gérer les transactions. Il s'occupe de tout ce qui est cargaisons, envois et livraisons, réceptions, vérification des colis, et les comptes, aussi. Puis, je dois dire que ce n'était pas une mauvaise idée de ne pas lui apprendre la bagarre. Il n'aurait jamais pu faire de gros dégâts, c'est un maigrichon qui tient à peine sur ses deux jambes. Il sait mettre un coup de poing et partir en courant, mais c'est largement insuffisant lorsqu'une brigade de flics est à vos trousses.
Vous l'aurez compris, Emmet est le maillon faible du cartel et c'est tant pis pour lui. Contrairement à moi qui suis un as de la gâchette, un as de la baston et un Dieu du crime digne de ce nom.
Sans vouloir me jeter des fleurs, bien sûr.

– Connor ? Tu nous écoute ?
La voix de Ledell me sort de mes pensées. Assit avec Emmet à l'arrière du 4x4, je le vois me scruter dans le rétroviseur avec un regard interrogateur.
– Quoi ? Crache-je sans cacher mon mécontentement qu'il m'ait sortit de mes pensées.
Règle numéro une, quand je pense à la gonzesse de l'entrepôt, personne ne me dérange. Règle numéro deux, personne ne me dérange. Tout simplement.
– Faut vraiment que tu fasses un truc, mec, s'exclame le petit frère de Sean. Ça fait deux semaines qu'on est là et dès qu'on sort des entrepôts de Rivera, c'est la même rengaine ! T'as l'air d'un fantôme.
Rivera.... ce fils de pute. Le patron du cartel de Portland.
Une balle entre les deux yeux, ouais. Patron de mes boules.
Je ris jaune et ne prend pas la peine de répondre. Emmet n'a aucune idée de ce qui se trame dans ma tête, il ne sait pas que mon cerveau ne cesse de fonctionner jour et nuit depuis que j'ai planifié de faire sauter un cartel tout entier pour sauver la peau d'une fille.
Ouais, normalement, c'était pas dans mes plans lorsque j'ai planifié de venir ici.
Mais je m'en tape, que ce soit de l'improvisation. Je dois juste la sortir de là, il le faut. Je lui ai promis.
Ouais, j'ai fais une promesse. La première de toute ma vie et très certainement la dernière. Qui soupçonne Connor Boyd de promettre à une fille ? Personne. Alors que ça reste comme ça. Si ça se sait, les gens vont croire que je suis devenu une espèce de mauviette avec la queue entre les jambes. Hors de question.

Bad Boyd - Remember | T1Where stories live. Discover now