Chapitre dix-neuf ➳ PDV Connor

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- Dans l'ensemble, tout va bien. Abbie est robuste. Si j'en crois son scanner, il n'y a aucune anomalie au niveau du cerveau. Elle n'est pas non plus épileptique, ce qui est une très bonne chose. 
- Non, elle ne l'est pas, répond-je sèchement au médecin qui se trouve face à moi, un air sympathique et poli sur le visage. 
Si elle l'était, je serais au courant. Il croit que je ne la connais que si peu ?
Lorsque nous étions dans la chambre d'Abbie, peu après que ses examens aient été terminés, un médecin, Docteur Alban, est venu à notre rencontre afin de savoir qui était son représentant légal, pour remplir toute la paperasse.

Assis sur une chaise pliante près du lit de Abbie, je n'ai pas hésité une seule seconde avant de me lever pour me diriger vers lui, de l'autre côté du lit où sommeille profondément ma brunette. Docteur Alban m'a serré la main, et m'a prié de le suivre hors de la chambre. Ni Troy ni Sean n'ont protesté, il valait mieux.
- Ce que je vous dit n'a pas l'air de vous surprendre, Connor, déclare-t-il une fois dans le couloir où se trouve la chambre d'Abbie. 
Aussitôt, je bombe le torse et fronce les sourcils. Mr blouse blanche fait un pas en arrière tandis que j'en fais un en avant. 
- Comment connaissez-vous mon prénom ? crache-je sévèrement, sentant la tension monter en moi. 

Un ennemi. Ici, à l'hôpital. Ce deal de merde, on n'aurait jamais dû le faire. Maintenant, ces fils de putes nous attendent à chaque coin de rue. Si j'étais seul avec les gars, ça ne me dérangerai pas. Mais avec Abbie dans l'équation, ça change tout.
Je la protégerai. De tout. De tout le monde.
- Je... Vous... bégaie-t-il, les traits du visage se déformant petit à petit. 
Sans prendre le temps de réfléchir, je l'attrape par le col et le plaque violemment contre le mur d'en face. Un quelconque craquement se fait entendre alors que Docteur-Ennemi geint en faisant la grimace. Derrière nous, plusieurs infirmières et médecins s'agitent nerveusement, cherchant probablement quoi faire. Se jeter sur moi ? Mauvaise idée. Appeler la sécurité ? Troy et Sean sont à deux pas de là, mauvaise idée. 

Voyant qu'ils ne peuvent rien faire, ils restent tous en retrait, nous observant silencieusement, pour certains en mâchant nerveusement leurs stylos. 
- Répond ! vocifère-je en le tirant en avant pour le cogner contre le mur de nouveau.
Nouvelle grimace. Les yeux du docteur s'arrondissent de stupeur alors que je me fais violence pour ne pas lui défoncer le crâne sans plus attendre. Les mâchoires serrées, je resserre mon emprise sur son col, l'étranglant presque avec sa blouse de médecin-ennemi. 
- Tout le monde vous connaît. Je ne voulais pas vous... vous mettre en pétard. CJB, articule-t-il avec difficulté, déglutissant à mesure que les secondes s'écoulent. 
En pétard ? Qui use encore de cette expression ?

Putain. Si Doc' Alban pouvait s'enterrer lui-même six pieds sous terre, il le ferait sans hésiter. La peur que je lis dans ses yeux arrive presque à me convaincre de le lâcher pour le laisser respirer.
Presque.
Néanmoins, il a raison. Tout le monde me connaît. Je suis vraiment un putain de con !
Sauf Abbie. Tout le monde me connaît, sauf elle. On dirait qu'elle vit dans un autre monde, elle n'a jamais prêté attention aux gens qui la dévisagent, à ceux qui échangent des murmures lorsqu'elle passe devant eux. Elle ne tend jamais l'oreille pour entendre les conversations qui tournent autour de ma personne, elle se fiche royalement de tout. Vraiment, de tout. Demandez-lui ce que signifie CJB, elle vous répondra que c'est probablement une marque de voiture. Naïveté, quand tu nous tiens... Ma Abbie si innocente.

Cette seule pensée suffit à faire palpiter mon foutu coeur, ainsi qu'à me faire sourire. Je dois avoir l'air d'un psychopathe, je menace un docteur et je souris amoureusement. 
Reprends-toi, connard. Et vite.
Si Abbie apprend ce que je suis entrain de faire... 
- Reprenez, crache-je en le laissant retomber vulgairement sur le sol.
Merde, je suis vraiment devenu gentil, ou quoi ?
Oh, Abbie... tu me fais faire des choses impensables alors que tu n'es même pas là... 
Après tout, ce n'est qu'un docteur. Pas un ennemi. Il connaît mon nom parce que les journaux parlent de moi, les sites people également. Je ne passe plus inaperçu, maintenant, au grand damne de ma mère qui entend parler de son criminel de fils à chaque fois qu'elle entend une discussion entre un groupe d'ados. Imaginez sa tête lorsque, la semaine dernière, elle a entendu une adolescente dire qu'elle aimerait que ce soit moi qui la de-vierge. 

Je secoue la tête afin de reprendre mes esprits. Ca aussi, c'est de la faute d'Abbie. Avant, je n'étais jamais distrait. Au moins, ça a laissé une vingtaine de seconde au Doc Alban afin qu'il se remette de ses émotions.
- Je... - il se racle la gorge et remet sa blouse en place avant de redresser ses épaules - .. nous allons devoir aborder le sujet de l'assurance. D'après son dossier, Abbie n'en possède pas et... 
- Je vais payer, le coupe-je en croisant les bras sur mon torse, et je vois les yeux du Doc se perdre un instant sur mes mains entièrement tatouées. Faites-moi parvenir la facture par courrier, ok ? 
Quelle question. Comme si j'allais laisser ma brunette avec des dettes alors qu'elle n'est même pas encore majeure légalement. 
Ses problèmes sont mes problèmes. Point barre. 
- D'accord.

Le doc met son carnet devant ses yeux, soulève des feuilles, et sort un stylo de sa poche en lisant à voix basse ce qu'il est écrit sur le papier. 
- Bien, reprend-t-il. J'ai besoin de quelques informations vous concernant, même si j'en connais déjà un paquet, admet-il d'une voix soudainement plus basse, pour lui-même sans doute.
Pour autant, je ne dis rien et me contente simplement de lui lancer un regard assassin, auquel il répond par un hochement de tête entendu, qui veut dire " je me tais." .
- Nom et prénom, c'est ok, date de naissance, c'est ok, lieu de naissance, c'est ok... 
- Vous êtes un fan de moi, c'est ça ? l'interroge-je avec un sourire suffisant, les mains dans les poches de mon blouson en cuir, la tête haute pour appuyer mon air fière.

C'est certain, il a scruté tous les blogs parlant de C.J.B, le criminel sexy. Quoi ? C'est eux, qui m'appellent comme ça. J'ai rien demandé, moi. 
Vu qu'il ne répond pas et fuit le regard, j'arque un sourcil pour me montrer insistant, jusqu'à ce qu'il finisse par admettre péniblement : 
- Ma femme est une de vos plus grandes fans. Ce que je ne comprend d'ailleurs pas, étant donné que vous êtes loin d'être un acteur, un chanteur ou encore une autre star quelconque. 
Ça, je ne m'y attendais pas, mes lèvres s'ouvrent instantanément et lorsqu'il lève les yeux aux ciels, je ne peux m'empêcher de rire à gorge déployée, c'est plus fort que moi.
Je me demande bien ce que ça fait d'avoir en face de soit le fantasme de sa femme. Il devrait me casser la gueule, il aurait un scoop à raconter à sa minette en rentrant à la maison ce soir. Du moins, un scoop autre que Roger du sixième étage qui n'arrive plus à se torcher tout seul ou
Yvette la sénile de la chambre 563 qui ne comprend plus pourquoi l'urine sort par devant et non par derrière. 

- Sur ce point, je suis d'accord avec vous. Si j'étais une star, j'aurais un tapis rouge lors de mes nombreuses arrivées en taule, ce qui n'est pas le cas. D'ailleurs, je trouve ça un peu décevant. La prochaine fois que j'y ferai un aller-retour, je me promets de faire cette demande, blague-je en haussant les épaules avec une moue des lèvres, faisant mine d'être super ennuyé par ce fait.
Doc' met quelque seconde à réagir, ne sachant pas s'il doit être choqué ou hilare, puis il opte finalement pour un rire de gorge, avant de lâcher  "pas mal, pas mal" , l'air décontracté. Pourtant, je sens parfaitement son envie de partir le plus vite possible, le plus loin de moi.

J'ai cru cependant l'instant d'une minute qu'il allait me lancer une tape sur le torse et me donner un coup d'épaule, comme si nous étions de bon vieux amis. 
Là, je l'aurais brûlé vivant. C'aurait été légitime, non ? 
- Reprenons la paperasse, ordonne-je une nouvelle fois avant de céder à mes pulsions une bonne fois pour toute. 
Doc' cesse instantanément de rire et se fige de nouveau devant sa feuille, stylo à la main. 
J'adore l'effet que j'ai sur les gens. C'est vraiment jouissif. 
- Hmm... Pour la case profession, que veux-tu que... Que voulez-vous, se reprend-t-il précipitamment, que je mette ? 

Ça, je n'y avais pas pensé. Un silence s'étend entre nous. Merde, pourquoi demandent-ils autant d'informations ? Ils veulent la couleur de mon caleçon, aussi ?
- Etudiant, même si c'est un demi-mensonge. 
Un demi mensonge car je suis en effet inscrit à l'université, mais je ne suis pas réellement étudiant. Ces conneries, c'était plus pour moi, jusqu'à ce que Abbie arrive.
Et inutile de préciser que j'ai payé un paquet d'argent pour être accepté de nouveau à UCLA.
Mais, aucune somme n'est à déploré lorsqu'il s'agit de la protection de ma brunette.

- Je ne peux pas mentir, CJB, m'avertit-il toutefois en restant courtois, afin de ne pas m'énerver une nouvelle fois.
- Vous préférez peut-être patron d'un cartel de drogue ? Meurtrier ? Prisonnier à temps partiel ? hausse-je un sourcil, l'air de dire "pauvre con". 
Avec un nouveau hochement de tête entendu, Doc' Alban s'empresse d'écrire mon statut d'étudiant sur sa feuille, avant de me signaler que nous en avons terminé avec la paperasse. Pour rester poli et ne pas risquer de se faire cogner une nouvelle fois contre le mur, il me serre la main en guise d'au-revoir avant de faire couiner ses crocs' sur le lino du couloir de l'hôpital. 


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Alors, qu'avez-vous pensé de ce nouveau chapitre ? Une petite touche d'humour par-ci par-là me semblait être une bonne idée ! Bien sûr, il n'en faut pas trop ! Sinon, ce n'est plus Connor, n'est-ce pas ? 
Nous arrivons au moment où Abbie s'apprête à découvrir la véritable identité de Connor, et vous aussi, par la même occasion. Il n'est pas vraiment étudiant ? De quoi veut-il protéger Abbie ? Qui sont ces fameux ennemis ? Comment va-t-elle réagir en apprenant qui il est ? 
Patron d'un cartel, mais pas seulement. Dans quoi Connor baigne-t-il d'autre ? 
La réponse au prochain chapitre...  
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Bad Boyd - Remember | T1Where stories live. Discover now