Chapitre 31 ➳ PDV Abbie

146 11 8
                                    

- Oh.
Connor retire ses mains du cou de ma mère, les sourcils haussés. Ses lèvres forment un très petit "o" alors qu'il recule, me regardant en grimaçant.
- Franchement, vous vous ressemblez pas, argumenté-il comme si cela suffisait à expliquer son geste.
Je le fusille du regard tandis qu'il décarpille de là en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

- Maman, je suis tellement désolée, dis-je en me précipitant vers ma mère qui halète et masse son cou meurtri.
Elle lève son regard apeuré vers moi, les traits de son joli visage déformés par l'incompréhension de la situation. Toujours collé à la porte, elle se racle la gorge et reprend difficilement sa respiration.

- Bonjour, ma puce, dit-elle en grimaçant toujours. J'ai une petite question, si ça ne gêne pas ton ami que je te la pose.
Connor se sent bien évidemment visé et rétorque calmement en ouvrant le frigo :
- Non, non, allez-y.

Ma mère me dévisage de nouveau. Connor n'a bien-sûr pas compris que ma mère venait tout juste de faire de l'humour.
- J'ai l'impression d'être entré dans une sorte d'organisation criminelle, une mafia ou quelque chose dans le genre. Tu m'expliques ? Mon garçon, c'est très impoli d'étrangler les gens qui sonnent à votre porte.

Merde.

Tout nos visages deviennent livides à l'entente des paroles de ma mère. Organisation criminelle.
Et, brutalement, Paul crache les céréales auparavant entassés dans sa bouche tout en faisant les gros yeux. Il s'étouffe avec sa salive, et Connor et les garçons se prennent la tête entre les mains ou se pince l'arrête du nez, l'air désespéré par Paul.

A nouveau, ma mère me regarde d'un air bizarre. Avant que je ne puisse rétorquer quoi que ce soit, Paul s'exclame en essuyant les coins de sa bouche avec un chiffon :
- Merde, ces céréales sont vraiment dégueulasses. N'achetez pas cette marque, madame, affirme-t-il à l'intention de ma mère, qui hoche la tête en grimaçant de plus bel.
- Abbie-gaëlle, s'il te plait, il me faut des explications avant que je ne m'évanouisse. Qu'est-ce que tu fais ici, dans cette maison ? Qui plus est, avec un garçon qui étrangle les visiteurs ?

- Maman, ne t'inquiète pas, je peux tout t'ex...
Je suis coupé dans mon élan par un bruit étrange provenant de la gorge d'un de mes colocataires derrière moi. Quand je me tourne, je constate qu'il s'agit de Connor, Troy et Sean, qui se retiennent vraiment difficilement de rire.

Leurs joues sont gonflées et leurs visages sont rouges tant ils ont envie de rire, et, finalement, ils ne parviennent pas à se retenir. Leurs éclats résonnent dans toute la maison, faisant démarrer ceux de Matthias et Paul dans la foulée.
- Abbie quoi ? hurle Connor de rire. Tu m'expliques pourquoi je ne connaissais pas ton prénom en entier ?
-
 Putain, c'est trop ! cri Sean en tombant littéralement sur le sol, ne parvenant plus à se maintenir sur ses deux pieds.
- Je me casse, se marre Matthias en essayant de contenir son rire jusqu'à son arrivée au salon, il reprend sans plus attendre.

Ma mère et moi les regardons, et pour ma part, ils me désespèrent. Ce sont des enfants. Ma mère, elle, semble surprise. Les garçons sont désormais tous par terre, roulés en boule, leurs corps secoués par de multiples éclats de rire.
- Qu'est-ce qu'ils ont ? me demande ma mère en fronçant les sourcils, dévisageant mes colocataires.
- Oh, rien. Je crois que mon prénom les fait rire.

Mes joyeux colocataires finissent par se calmer après plusieurs longues dizaines de secondes, et je promet au passage à ma mère de répondre à toutes ses questions.
- Bon, excusez-moi, madame, s'exclame Connor d'un sérieux sans faille, ce qui contraste étrangement avec son état deux minutes auparavant.

- Maman, ne lui en veut pas s'il te plaît. Les garçons sont...
- Protecteur avec votre fille, termine Troy pour moi. On ne cherche qu'à la protéger. Abbie est comme une petite sœur pour nous.
- Beurk ! s'exclame brusquement Connor, ce qui me fait sursauter. Je fais pas dans l'insecte, putain. C'est dégueulasse.

- Connor, je parlais surtout pour nous tous, pas toi. Toi, tu te démerdes avec la mère d'Abbie, c'est pas mon problème, rétorque Troy en secouant la tête.
- Ton soutien m'impressionne, mon sois-disant meilleur ami depuis les couches.

- Excuse-moi ? Il ne fait pas dans l'inceste ? Abbie, tu sors avec l'étrangleur de visiteurs ? crache ma mère avec des yeux ronds, cachant difficilement sa stupéfaction.
- Madame, on règle un problème, là. Chacun son tour, alors attendez le votre s'il vous plait, demande calmement Troy, et ma mère ouvre de grand yeux surpris tandis que moi, j'ai envie de me fondre dans le décor tant je suis gênée. Si tu n'avais pas étranglé ta belle-mère, reprend mon colocataire, mon pote depuis les couches, on en serait pas là.

- J'ai cru que quelqu'un voulait agresser ma copine, merde ! C'est encore normal de réagir comme ça !
- Mais non, c'est pas normal Connor ! Tu réfléchis avec ton cul, ou quoi ?
Nous les regardons tous silencieusement se disputer, l'air désespéré par ces deux grands enfants.

Je m'excuse au passage auprès de ma mère pour le cinéma que Connor et Troy font.
- Les garçons, est-ce qu'on pourrait... tente-je avant d'être coupée par mon petit-ami.
- Moi, je réfléchis avec mon cul ? Mec, c'est toi qui me dit ça ? Tu te rappelles la fois où, bourré, tu as confondu le doyen de l'université avec un braqueur avant de lui envoyer un crochet du droit ?

- Tu dépasses les bornes, Connor ! On avait dit que cette histoire restait entre nous ! Maintenant, Abbie et...
Troy fronce les sourcils, s'arrêtant au milieu de sa phrase. Après quoi, il s'adresse à ma mère qui a l'air complètement perdue :
- C'est quoi, votre nom ?
- Josette.
- Merci. Je disais, maintenant Abbie et Josette...

Une nouvelle fois, Troy cesse net de parler. Il regarde ma mère, me regarde, regarde Connor. Et, soudain, c'est reparti. Connor et Troy éclatent de rire à nouveau, entraînant tous les garçons avec eux.
Oh, maman...

Tu viens de commettre une grave erreur, pense-je silencieusement.
Ils n'attendent même pas dix secondes pour se jeter sur le sol tant ils rient. Connor se plie en deux sur lui-même, tenant son ventre d'un bras. Des larmes perlent aux coins des yeux de Troy, et tous les autres sortent de la cuisine pour aller rire plus loin.

Je souffle bruyamment, agacé. Mais, finalement... je ne peux me retenir de rire légèrement à mon tour. Les voir ainsi est plutôt drôle. Il n'y a plus de cartel qui compte, plus de menaces ou de méchanceté. Seulement des éclats de rires, et de la sincérité.

- Dégagez, s'écrie Sean en riant lui aussi très fort. Ce genre de prénoms, c'est interdit ici.
- Tes amis sont bizarres, constate ma mère. J'ai une tonne de question à te poser, ma fille.
- J'y répondrai, ne t'inquiète pas. Ma chambre est à l'étage, suit moi.
- Ta chambre ? Doux Jésus, mon bébé vit donc avec des garçons.

Ma mère fait mine de s'évanouir, et je ris en levant les yeux aux ciels. Après quoi, je lui fais signe de me suivre pour monter à l'étage. J'enjambe Connor, et au passage, lui flanque un coup de pied dans les côtes.
- Ça, c'est pour avoir étranglé ma mère, dis-je en affichant un sourire diabolique.

Et sans que je m'y attende, ma mère m'imite et lui envoi à son tour un coup de pied, toujours dans les côtes. Pour autant, Connor ne cesse pas d'éclater de rire et se tord toujours en deux aux côtés de Troy.

- Et ça, c'est pour t'être moqué de nos prénoms.
J'éclate de rire à mon tour. Ma mère me tend sa main, et nous échangeons un tcheck avant de monter à l'étage.
Sa folie m'a manquée.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Aug 09, 2019 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

Bad Boyd - Remember | T1Where stories live. Discover now