Chapitre 4 - Le retour

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Madeline


La sonnerie retentit midi. Vite il fallait que je prenne l'air. La matinée avait été épuisante tant mon weekend avait été enivré. J'étais rentrée tard de chez Elisa hier soir et m'étais légèrement enrhumée au passage. Bien que nous habitions à vingt minutes à pied l'une de l'autre, nous avions commandé à manger et la soirée avait duré. J'étais donc un peu dans les vapes ce matin, et j'attendais la pause du midi avec impatience pour aller manger un bout et me réhydrater.

Je ne regrettais rien, nous étions de plus en plus proche avec Elisa, et ça faisait du bien d'avoir une nouvelle amie, une fille dans les parages pour avoir des discussions plus intimes qu'avec Noé.

Noé, le pauvre, je ne lui avais pas donné beaucoup de nouvelles depuis la rentrée. On était chacun de notre côté, submergés par le travail et la nouvelle vie d'étudiant qui nous offrait de nouvelles perspectives de vies.

J'essaierais de l'avoir au téléphone dans la soirée, un lundi soir, il n'aurait sûrement rien de prévu. Quoi que... Autant essayer de l'appeler entre midi et deux.

***

Elisa m'attendait de l'autre côté de la rue faisant de grands signes, clope au bec et toujours son air folichon. Toujours dans mes pensées, je lui adressai un petit signe de la main, tandis que je cherchais mon téléphone dans mon sac. Nous étions mentalement totalement différentes, mais j'étais heureuse d'apprendre à faire sa connaissance.

Je traversai précipitamment, toujours en train de chercher mon téléphone, sans prendre le temps de vérifier que la voie était libre, puis ce fut très rapide. Trop rapide. Plusieurs choses arrivèrent en même temps, trop vite. La voiture fonçait droit sur moi, tandis que j'étais figée au milieu de la route, comme si mes pieds s'étaient ancrés dans le sol, impossible de bouger, seule face à mon destin. Je n'eus pas le temps de fermer les yeux, qu'une main ferme m'arracha le bras en me tirant sur le bas-côté. Perdant l'équilibre je m'affalai sur mon sauveur que j'avais entrainé dans ma chute, tandis que mes cours s'éparpillèrent à même le sol. La voiture avait pilé à l'endroit où je me trouvais quelques secondes avant. Je m'en serais sortie sans cette intervention divine, mais j'appréciais le geste et l'intérêt qu'avait eu cette personne de me sortir de la route. Le cul par terre, entre les jambes de l'inconnu, je repris difficilement mes esprits.

— T'as envie de mourir ou quoi ? cria soudain une voix basse et un ton énervé que je ne connaissais pas, toute proche de moi.

Je n'arrivai pas à sortir un mot tant j'étais sonnée.

— Elle va bien ? Mec heureusement que tu étais là.

Des curieux s'étaient approchés de nous dans un chahut sans nom. Tous les regards étaient fixés sur moi, attendant que je sorte un son rassurant pour qu'ils puissent tous repartir vaquer à leurs occupations. Mon corps encore emprisonné dans les bras puissants de ce protecteur que je regardai enfin. La respiration saccadée, je posai les yeux sur ce garçon un peu barbu aux yeux azur et long cils bruns. Edgar Laville.

— OH MON DIEU, Madeline, ça va ? Elisa avait accouru depuis l'autre côté de la rue en me tendant la main pour me relever.
Me sortant de ma contemplation, Je lui attrapai la main, tandis qu'Edgar desserra son étreinte, poussant même mes fesses pour m'aider à me relever.

— Ça va, rassurai-je l'assemblée autour tout en me mettant sur mes pieds. Les jambes encore flageolantes, je m'assis sur le petit muret à côté tandis qu'Elisa aida Edgar, un petit sourire narquois aux lèvres, à se relever.

— Dieu merci Edgar, je n'ai pas vu la voiture arriver, tout s'est passé si vite ! commenta Elisa presque hystérique.

Ma copine continua à essayer de me faire parler pendant une bonne quinzaine de minutes, tandis qu'Edgar se contentait juste de m'observer avec le même air que la première et dernière fois où je l'avais vu, lorsqu'un camion de pompier à la sirène hurlante arriva sur les lieux. Un élève avait dû appeler la caserne de notre arrondissement en assistant à la scène. Après, il n'y avait pas de quoi casser trois pattes à un canard. Tout le monde allait bien, j'allais bien, même si j'avais du mal à le dire. Je détestais les ambulances, les pompiers, tout ce qui ressemblait à un camion lumineux.

— Ouais, bon, on ne va pas en faire un plat. Elle a l'air sous le choc. Faut que j'y aille, pas de ça pour moi ! continua-t-il en pointant du menton les pompiers sortant du véhicule arrivé comme par magie.

On avait au moins la même idée sur les récents évènements. Je relevai la tête une nouvelle fois vers lui, pour tenter de lui exprimer ma gratitude, mais il avait déjà tourné les talons. Décidément.

Veste en cuir à la main, Jeans noir, paire de boots... Il avait une marinière bleu marine à manches longues qui mettait terriblement en valeur ses yeux. Je le regardai s'éloigner en allumant sa cigarette, sans un mot. Une boule dans ma gorge m'empêchant, dans tous les cas, de dire quoi que ce soit.

A ce moment-là, on était censé voir sa vie défiler à toute vitesse, comme dans les films. Moi, ça m'avait fait revivre mon plus grand traumatisme. Ce putain d'accident, quand j'avais 6 ans. J'avais beau essayer de me dire le contraire, je n'étais pas totalement guérie de cette histoire.

On pense toujours que ça passera avec le temps, qu'à force de vivre on oubliera les moments douloureux. Mais il suffisait d'une petite chose pour tout réenclencher, pour se rendre compte que nous n'étions finalement rien sur cette terre. En une minute, on pouvait disparaître, comme ça. Pouf.Comme cette pauvre famille il y douze ans. Le destin m'avait fait échapper à une mort certaine deux fois. Ça me donnait envie de vivre encore plus.

— Mademoiselle, vous allez bien ? Un pompier s'était approché de moi en me demandant ce qu'il s'était passé.

Encore muette, Elisa prit le relais et expliqua la situation. Le chauffeur était parti après s'être assuré que nous allions bien, même si j'étais certaine qu'il était au téléphone au moment des faits. Mais ce n'étais pas mon combat. Mon genou était légèrement écorché, ce qui me valait un beau trou dans mon jean préféré, mais je n'avais pas mal. A vrai dire, je n'avais envie que d'une chose... Me retrouver à nouveau dans les bras de ce garçon si mystérieux. Difficile d'expliquer ça au pompier.

Renvoyée chez moi, je passai le reste de la journée dans mon lit, un pot de glace au chocolat dans les mains et le nouvel album de Jorja Smith dans les oreilles, à penser à ce fantasme adolescent que pouvait être Edgar Laville.

Il était parti si vite... Ma fin de journée se serait passée bien autrement s'il n'avait pas surgi au dernier moment.

Je rendis finalement les armes, rêvant de voiture, de pompiers, de garçon mystérieux et de bain de sang. Glauque.

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Je vous vois venir avec vos réfs à Twilight, là ! Pas du tout x)

Sympa pour son retour, non ? une petite rencontre pas trop choisie pour eux mais qui va créer quelques interrogations des deux côtés.

Après il est pas très expansif le petit Laville.

Tomberez vous sous son charme de garçon mystérieux ou vous hérissera -t-il les poils ?

To The Moon 🌙 - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant