Chapitre 12 - La réalité rattrape toujours les rêves

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Madeline


La fête battait encore son plein pour certains et pour d'autres c'était déjà la fin, je me situais plutôt dans la seconde catégorie de personnes. L'appartement était rempli de viande soûle, et je faisais sûrement peine à voir. Edgar était déjà loin dans mes pensées brouillées. D'ailleurs, je ne l'avais pas revu depuis un moment, mais je m'en foutais.

Le voir m'observer une bonne partie de la soirée avait néanmoins attisé ma curiosité. S'il ne voulait pas de moi, pourquoi diable ne me lâchait-il pas ? J'étais assez mature pour comprendre un refus, mais le sien n'était pas assez catégorique pour m'éloigner de lui.

Pourquoi me suivre aux toilettes et ensuite me demander de descendre de cette table avec un regard inquiet s'il n'en avait rien à faire de moi ?

Soit il ne savait pas y faire, soit il avait un réel souci avec le genre humain, ou moi en particulier.

L'alcool retombant un peu dans mes pattes, je me traînais dans le salon décomposé pour créer la piste de danse et me dirigeai vers ma seule copine de la soirée.

— C'est quoi cette chanson ? demandai-je à Elisa alors qu'elle me repassait un joint que je refusais.

Elle était tellement ailleurs qu'elle ne me répondait pas et moi, je commençai à me sentir bien seule au monde dans cette soirée.

Je quittai mon amie et partis à la découverte de l'immense appartement. Enjambant quelques cadavres de bouteilles et parfois même des gens en train de dormir à même le sol, j'arrivai dans la cuisine. Quel carnage ! Ce genre de soirées ambiance « Projet X », je ne les imaginais que dans les films. Et voilà que j'en faisais parti ! Je pris un grand verre d'eau, puis un deuxième. Ne voulant pas faire la conversation avec le groupe assis sur le plan de travail, je sortis et pris la direction d'un grand couloir. Sûrement celui des chambres. J'étais si fatiguée que j'étais capable de dormir sur place si personne ne me ramenait chez moi, et c'était sûrement ce qui allait se passer si Elisa n'émettait pas le choix de rentrer chez elle.

J'ouvris la première porte et la refermais juste à temps, évitant de justesse de me prendre un coussin dans le visage. Oups. Je l'entendais encore gueuler quand j'arrivais devant une seconde porte. Regarder des gens baiser n'était clairement pas ce que je comptais faire de ma soirée. J'ouvris la deuxième porte avec prudence cette fois. Julia était allongée sur le lit et parlait à voix haute. J'en profitais pour observer la jolie blonde : grande, élancée, les traits fins et les cheveux parfaitement ondulés, elle était vraiment belle. Je ne pouvais décemment pas imaginer rivaliser avec elle. Elle s'adressait forcément à quelqu'un, mais je ne pouvais pas le voir, et mon cœur se comprimait à l'idée que ça puisse être lui. La réalité rattrapa rapidement mes rêves et j'essayai de refermer la porte le plus délicatement possible quand je vis Edgar s'asseoir sur le lit à côté d'elle. Alors il était dans une chambre avec Julia tout ce temps-là. Mon ventre se tordit sous l'assaut des papillons qui cherchaient à s'évader de ma cage thoracique. Ils n'avaient plus rien à faire là, il n'y avait pas de place pour eux sans réciprocité. Les coups de foudre, c'était vraiment de la merde.

Pourvu qu'il ne m'ait pas vue.

Je repartis vers le salon à toutes jambes, cherchant désespérément mon sac et mon manteau laissés sous une pile de vêtements dans un coin de la pièce. Je n'avais vraiment rien à faire ici, dormir dans une chambre à côté d'Edgar et Julia, c'était trop pour moi.

Mes affaires en main, j'embrassai rapidement Elisa, affalée sur Théo dans le canapé.

— Je rentre !

— Comment ça ?

— On s'appelle demain ! Bisous !

Je ne la laissai pas me répondre ni même tenter de me retenir et partis vite vers la porte en dévalant les escaliers de l'immeuble.

Un éclat d'adrénaline m'avait fait quitter l'appartement plus vite qu'une fusée, mais quand dehors, je fus surprise par une pluie fine, mon cœur ralentit et mes jambes se firent lourdes.

Je sortis mon téléphone à l'écran toujours cassé pour commander un Uber, mais à peine l'application ouverte, il s'éteignit. Foutues batteries qui ne tenaient pas plus de quatre heures. C'était bien le moment de me lâcher ! Je me reculais vers l'immeuble et m'assis sur le muret. La porte s'était refermée derrière moi et il était impossible de l'ouvrir sans clés, ni code. Sans téléphone, j'étais sans défense. Trempée, alcoolisée, droguée et fatiguée, aucune solution ne me vint à l'esprit. Mes pieds me faisaient souffrir, je n'étais plus capable de marcher une minute de plus avec mes chaussures et mes larmes commencèrent à couler.

Je fermai les yeux et priai pour me téléporter chez moi, avant d'imaginer les pires scénarii qui pouvaient m'arriver. Une fille seule, maquillée comme une voiture volée, en robe courte et hauts talons dans le quartier rouge de Paris, qui plus est à cette heure-ci, on allait croire que je maraudais. Les minutes filaient et je me sentais partir à mesure que la nuit disparaissait.

***


Le bip de la porte retenti, mais j'étais déjà loin. Seule sa voix me repêcha avant de sombrer totalement.

— Putain ! Elle est où ? Fais chier !


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NDA:

OK, ce GIF m'a fait beaucoup trop rire pour ne pas vous le mettre. Il me fait trop pensé à Madeline, seule et désespérée sous la pluie.


BREF, encore un chapitre qui a gagné des mots et qui en gagnera peut être un peu plus à l'avenir....

ANYWAY, bientôt 23K de lectures sur To The Moon, YAY

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