Chapitre 20 - Ce qui ne te tue pas, te rend plus fort

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Madeline


Ma mère m'avait rattrapé la tête avant que je me cogne contre le sol et me maintenait sur ses genoux pliés contre le carrelage froid de la cuisine. Elle essayait tant bien que mal de me consoler, même si je ne pleurais pas. J'étouffais de l'intérieur. Comme à chaque fois.

— Respire, Madeline. Inspire.... Expire... Comme ça..., mimait-elle en se forçant à inspirer longtemps.

A force, elle avait toujours su comment me calmer et même si cela avait pris un peu plus de temps qu'avant, j'avais fini par me détendre en me calant sur sa respiration.

Cela faisait bien longtemps que les crises avaient disparu. Néanmoins, elles ne m'avaient pas manqué. Ce poids qui me comprimait la cage thoracique et aliénait mes poumons.

Ça devait être l'accumulation. C'était la nouvelle de trop.

Paris m'avait apporté beaucoup d'assurance depuis trois mois, certes, mais je restais moi. Et mes démons refaisaient vite surface quand j'allais mal.

— Ma chérie. Je pensais que c'était fini, ces crises ? Ça va aller. Je suis désolée. J'avais peur de ta réaction. J'attendais le bon moment, dit-elle en me caressant les cheveux délicatement.

— Mais... ça dure depuis combien de temps, maman ? Es-tu heureuse avec lui au moins ? réussis-je à lui sortir après être totalement calmée.

Elle souffla un bon coup avant de m'avouer ses sentiments.

— Je respire à nouveau avec Fred. Ça fait plus d'un an que je le vois. Presque deux.

— Mais comment ? Je veux dire, comment je n'ai pas pu le savoir ou le voir avant.

— Nous avons vraiment officialisé il y trois mois. Avant, on se voyait en cachette, me dit-elle comme une adolescente.

Son ton était doux et apaisant.

— Tu as attendu que je parte ?

— Oui et non ma beauté. Je me suis dit que tu allais te faire ta nouvelle vie à Paris et que c'était à moi de commencer la mienne. Pour le plus grand bonheur de Fred. Il m'a fait sa demande il y a un mois. J'ai voulu te le dire quand je suis venue mais j'ai eu peur.

— Si tu es heureuse avec lui maman, c'est le principal pour moi. Je ne comprends pas pourquoi tout le monde me ment, c'est tout.

Nous étions encore par terre dans la cuisine au carrelage en ciment froid. Ma tête sur ses genoux, ses mains dans mes cheveux.

— Qui te ment, ma Line ?

— Tout le monde... Toi, ...

Je m'arrêtais brusquement. Je n'arrivais pas prononcer son nom.

— Un garçon ?

Je détournais les yeux et fixais le plafond. Je n'arrivais pas à me confier à ma mère. L'inverse ne m'étonnais guère, finalement.

Telle mère, telle fille.

Elle ne chercha pas à en savoir plus.

Toujours un peu abasourdie, je me sentais coupable pour ma mère. Elle s'était privée d'être heureuse pour moi. Par peur de ma réaction.

— J'ai aimé ton père, tu sais, me dit-elle après un long silence. Enormément même. Mais il a arrêté de prendre soin de moi depuis... Et je reste une femme.

— Pas de détails, maman ! lui dis-je en rigolant doucement.

Ce qui détendit largement l'atmosphère.

To The Moon 🌙 - Tome 1Where stories live. Discover now