To The Moon 🌙 - Tome 1

Chapitre 30 - A jouer avec le feu ...

Madeline

Edgar était parti du bureau avant moi pour ne pas éveiller les soupçons. Avant de revenir vers mes amis, j'avais déposé le cadeau d'Edgar rapidement dans mon sac à l'étage, et avait arrangé mon maquillage.

— Mais où étais-tu ? me demanda Elisa.

Forcément, disparaitre au moment fatidique de la soirée n'était pas passé inaperçu. 

— J'étais... aux toilettes !

— Mais tu as raté le décompte, je t'ai cherché partout ! insista-t-elle.

—  Oui, c'est tout moi ça..., j'aurais du y aller mollo sur le punch ... lui mentis-je.

Théo interpella Edgar qui venait de faire son apparition à nos côtés.

— T'as encore disparu, toi ! 

— Je fumais, j'ai raté quoi ? demanda Edgar blagueur.

— Une grosse galoche avec Marine, sûrement ! lui répondit Théo, hilare.

Tout le monde ria. Très drôle. Elisa sembla perplexe mais ne dit rien. L'alcool nous rendait bien service sur ce coup là. Je la connaissais bien, je savais qu'elle était perspicace et que c'était une fille intelligente. Elle n'allait pas tarder à s'en rendre compte.

C'était jusque-là, la meilleure soirée que j'avais passé avec cette bande de fous, que je considérais maintenant comme mes amis. Je n'aurais, pour rien au monde, voulu être dans un endroit différent. J'avais appelé Noé pour lui souhaiter la bonne année, c'était vraiment le seul qui me manquait pour que ce jour soit complet. Edgar avait complètement ignoré Marine jusqu'à ce qu'elle finisse par rentrer chez elle, tandis qu'il m'avait accordé une danse. J'étais sur mon petit nuage.

Les parents étaient partis se coucher vers trois heures du matin, il était déjà cinq heures. J'avais enlevé mes chaussures et dansais encore comme une folle avec Elisa, Théo et Matt. David était toujours derrière les platines et Edgar était dehors, toujours en train de fumer.

Je commençais à fatiguer dans la demi-heure suivante et je n'étais pas la seule. Elisa me fit signe qu'elle allait se coucher et tout le monde suivit le mouvement, à part Matt et David qui avaient décidés de rester un peu plus longtemps. Une fois la musique éteinte, mes oreilles bourdonnaient toujours, nous faisant tous chuchoter très fort dans les escaliers. Chacun se dirigea vers sa chambre, Théo et Elisa, en face de la mienne et Edgar, dans celle qu'il allait partager avec Matt et David, au bout du couloir. Je rejoignis Elisa dans la salle de bain pour me démaquiller et me laver les dents. Même bourrée, ce que j'étais, je ne ratais jamais cette étape ! Nous continuions à bien rire à deux avec Elisa puis je partis titubante dans ma chambre.

Une fois seule, je rigolais encore. Heureuse de la soirée que je venais de passer. Je retrouvai le petit porte-clés argenté au milieu de mes affaires éparpillées et pris le temps de le regarder. Il n'était pas plus gros qu'une pièce de monnaie mais était fourni de détails impressionnants. Les petites touches étaient travaillées, ainsi que le mécanisme à l'intérieur. Je relus les trois petits mots taillés après, dans l'argent, et le serrais fort. Je ne le quitterai plus jamais, c'était certain.

J'aurais bien proposé à Edgar de me rejoindre cette nuit, mais avec nos plus proches amis dans la chambre en face, c'était peine perdue.

J'enfilai un tee-shirt et une culotte en guise de pyjama, branchai mon téléphone sur la table de nuit et sautai dans le grand lit à Baldaquin.

Le matelas était épais et confortable et les oreillers moelleux comme je l'avais imaginé. Ce lit était parfait et bien trop grand pour moi toute seule.

***

A peine les yeux fermés, j'entendis la poignée de porte bouger. Quelqu'un était en train de rentrer dans la chambre plongée dans le noir complet. Je me retournai mais ne pouvais absolument rien distinguer.

— Edgar ? finis-je par chuchoter.

— Chuuut.

Je le sentis s'approcher du lit à tâtons. Il monta sur le lit et commença à me toucher en me cherchant.

— Attend deux minutes, je vais allumer.

Je cherchais désespérément l'interrupteur puis finis par le trouver.

Je criai, horrifiée par la scène. Matt était à poil dans ma chambre, l'air totalement défoncé. Ses fringues éparpillées sur le sol le suivaient dans un chemin malsain.

— Matt, mais qu'est-ce que tu fous là ? 

Inconsciemment, je remontais les draps vers mon cou pour me protéger.

— Bah quoi, c'est pas moi que t'attendais ?

Ses yeux étaient injectés de sang et il puait l'alcool. Je n'osais pas le regarder, il me mettait très mal à l'aise.

J'avais dû crier fort car Edgar rentra dans la chambre à la volée et attrapa Matt en le plaquant violemment contre le mur.

— Qu'est-ce que tu fous là, putain ?

— J'me suis trompé de chambre...

Edgar portait juste un caleçon noir. Ses muscles saillaient sous la pression du moment.

— A d'autres. Tu connais aussi bien cette maison que moi, lui cracha-t-il au visage.

Edgar se retourna vers moi et protesta :

— tu vois je te l'avais dit ! me somma-t-il.

— Quoi ? J'ai pas le droit de vouloir en profiter ? Y'a un truc entre nous, elle me l'a bien fait comprendre toute la soirée ! avoua Matt.

Je me levai d'un bond du lit pour empêcher Edgar de frapper son pote. Geste qu'il allait regretter. Sauf que dans la précipitation de mon geste et du sien, son coude vint s'abattre avec force contre mon nez, qui se mit immédiatement à saigner.

Je reculai vacillante, le t-shirt tacheté de sang, tandis que la porte d'en face s'ouvrit laissant Théo et Elisa assister au spectacle, complètement éberlués.

— Mais c'est quoi ce bordel les gars ?  

— Oh putain, Mad !

Théo et Edgar avaient crié en même temps.

Ce dernier s'avança vers moi en me prenant le visage.

— Je suis désolé Madeline, qu'est-ce que tu foutais derrière moi ?

Je me tenais le nez, tentant de stopper le saignement en penchant la tête en arrière avec le soutien d'Edgar.

— Putain. Vous allez me tuer les gars.

Finalement, ce n'était peut-être pas ma meilleure soirée.