Chapitre 10 - Trop d'ailes pour une soirée

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Madeline

Pendant deux heures, ce fut un concours d'essayages, parmi toutes les robes de mon dressing. Je devais avouer que j'avais beaucoup de robes, alors que je préférais toujours mettre mes vieux jeans. Il y en avait même que je n'avais encore jamais porté. C'était ridicule, il allait bientôt falloir faire un tri dans tous ces vêtements que je trainais depuis des années. Elisa avait beau avoir pris une tenue dans son sac, elle avait finalement jeté son dévolu sur une des miennes qu'elle me rendrait plus tard. Une jolie robe bleue marine moulante en crêpe avec le dos tout en dentelle. J'avais choisi quant à moi, une petite robe noire serrée contre mon corps, simple, mais qui faisait son effet.

La bouteille sifflée, rassasiées, maquillées comme des voitures volées (Elisa s'était chargée de ce détail) et perchées sur des hauts talons toutes les deux, nous prîmes la route pour aller chez les potes d'Elisa.

Il ne nous fallut que quatre arrêts de métro pour arriver dans le quartier de Pigalle, où se trouvait l'appartement en question. Déjà en bas, nous pouvions entendre la fête battre son plein. Il y avait l'air d'avoir du monde. Tant mieux ! C'était absolument ce dont j'avais besoin.

Un grand garçon brun à la peau mate, Pedro, nous reçut avec un petit accent espagnol. Elisa m'expliqua que c'était un étudiant en Erasmus et qu'ils s'étaient tous rencontrés l'année dernière. Depuis, ils se voyaient régulièrement.

On se retrouvait donc dans une collocation de six personnes. L'appartement faisait bien cent mètres carrés, voire plus, c'était jusqu'alors le plus grand que j'ai pu voir au cœur de Paris. Il y avait tellement de monde que je n'eus pas vraiment le temps de m'attarder sur l'appartement, mais d'un premier regard, la décoration était plutôt basique et simple. Pas un cadre ou tableau n'ornait les murs, juste des photos par-ci par-là collées à même le mur. On sentait aussi que chacun avait ramené ses meubles, ne créant aucune cohésion dans la décoration. Ça pouvait avoir son charme, mais il y avait tellement de potentiel gâché dans cet appartement, que je me trouvais à ne pas l'aimer.

Théo vint à notre rencontre. Il était déjà ivre et embrassa fougueusement Elisa qui jubila. Je regardai ma montre, il n'était pourtant qu'un peu plus de vingt heures. On me tendit un verre de whisky coca tout en avançant dans l'appart. Puis un éclair me traversa :

Si Théo était là, il devait forcément y avoir Edgar ?

Comme si le fait d'avoir pensé à lui l'avait fait apparaître devant moi, il se trouvait assis sur le canapé au bout de la pièce, à rire aux éclats avec un groupe de gens autour. J'aurais bien été le retrouver, mais j'étais bloquée par la vision de Julia, assise sur ses genoux.

Je saisis plus fermement mon verre et engloutis son contenu un peu trop rapidement, mais il était hors de question que je craque. Pas ici. Je me retournai bien décidée à éviter cette pièce de l'appartement, mais Théo m'attrapa par le bras et m'entraina vers le petit salon. Suivi d'Elisa qui avait carrément les bouteilles de whisky et de Coca dans ses mains. Elle me lança un regard lorsqu'elle comprit où elle m'emmenait, mais je la rassurais tout bas.

— Tant que tu me ressers un verre, ça va aller.

Décidément, Paris me rendait alcoolique ! Ou alors c'était Elisa ? Ou Edgar ? La vie à l'université n'avait rien à voir avec la terminale !

Mon regard croisa celui d'Edgar. Je déglutis et m'assis sur l'accoudoir d'un vieux fauteuil rouge vermillon à motifs berbères. J'avais choisi ce fauteuil, car c'était le plus loin possible du canapé couleur crème dans lequel Edgar était installé.

Elisa me tendit un verre bien chargé que je portai aussitôt à mes lèvres. La brûlure de l'alcool m'anesthésia la gorge et me fit tousser, mais je continuai à boire. Lui, poussa doucement Julia de ses genoux et s'alluma une cigarette. J'en pris une à Matt, le batteur du groupe qui était assis sur le même fauteuil que moi.

To The Moon 🌙 - Tome 1Where stories live. Discover now