Infidélité

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Maxime me regarde, j'suis étalé par terre, il pense que je regarde le film, mais j'écoute à peine, si il était face à moi, il verrait mes yeux tristes, remplis de larmes. Il saurait que j'ai mal, m'enfin, il le sait déjà. Cependant, il verrait peut-être comme c'est compliqué, de vivre avec la culpabilité. Avec la boule au ventre, avec le mal, avec l'absence. Il doit le savoir, peut-être que je deviens comme Cyril pour lui. Peut-être que, ce n'est pas lui qui s'est effacé, mais juste moi. Ce que j'étais, enfin c'est ce que semble penser Max. Et, malgré tout, il a souvent raison. 

J'revois nos derniers jours ensemble, avec Cyril, j'revois mes bêtises, cette fille rousse. Putain de fille, si elle savait comme elle a gâcher ma vie, même si elle ne le voulait probablement pas. Mais pourquoi est-ce que j'ai fais ça ? Si il n'avait pas été jaloux, si il n'avait pas.. Et si je n'étais pas borné ? Mais qu'est ce qu'on à fait ? On a détruit notre couple pour une dispute. On ? Non, j'ai détruit notre couple. J'ai tout fait foiré, avec elle. Pourtant, Cyril m'a pas découvert de lui même. Il m'a  eu grâce à quelqu'un d'autre, voyez vous. Et ses supositions n'étaient pas exacts. Il n'avait pas les bonnes infos. Je rentrait à l'appart, après une journée de travail, et vous savez, c'était cool, car on travaille tous au même endroit, enfin, la RedBox quoi. Et puis des fois il rentrait avant moi, des fois c'était l'inverse, mais bref. Un soir j'étais revenu et il m'attendais, ce n'était pas lui, qui m'avait découvert non, c'était un autre, c'était-

"-A quoi tu penses, Val ?"

Je secoue ma tête pour revenir à la réalité, devant moi, Max me regarde, inquiet. Sûrement parce que mes yeux sont embués de larmes, sûrement parce que j'ai mal, parce que je parle seul, parce que je deviens fou. 

"-Rien, j'ai une poussière dans l'oeil. 

-Hum, et une bombe à retardement dans le coeur, t'es sûr que tu veux pas qu'on en parle, Valentin ? 

-NON ! Non je- non. Vaut mieux pas, regarde déjà l'état dans lequel je suis je.. Faut pas que j'y pense, faut pas que j'y pense il faut que.. Il faut que je m'aère l'esprit.. Je.. T'as de l'alcool ?"

Il me regarde, complètement effaré, complètement choqué, comme si ça l'étonnait, comme si il ne savait pas. Attendez, j'viens d'me rapeller qu'il ne savait pas. Ben maintenant il sait. Cela-dit, je ne bois pas tout le temps, je bois juste quand c'est compliqué. Et c'est de plus en plus compliqué. Il prend à nouveau la parole, il est froid. Vraimen froid. 

"-Non, je n'est pas d'alcool, sûrement pas là, sûrement pas dans ce genre de moment, sûrement pas pour toi."

Vous savez, parfois, on dis des choses sans trop savoir pourquoi. 

"-Tu n'en as pas, alors laisse moi tranquille, avec mes vieux fantômes, ceux du passé, ceux qui me rendaient heureux, ou qui m'ont rendu malheureux, je ne sais plus. Mais laisse moi tranquille, alors. Au lieu de me poser mille questions sur comment je vais alors qu'objectivement ça ne va pas bien, Maxime. Et ça n'ira jamais plus, tu peux dire tout ce que tu veux, mais j'suis tombé dans un trou, et je creuse pour en sortir, mais en général, plus on creuse, plus on s'enfonce. Alors je vais m'enfoncer, encore, et encore, et que tu le veuille ou non, parce que y a plus rien pour me raccrocher au monde de maintenant. Je vivrais dans le passé, je deviendrais un fantôme, moi aussi, et j'irais mieux uniquement de cette manière, en m'effaçant, en me fondant dans une époque qui n'est plus. 

-T'as raison, Valentin, je ne devrais pas le dire, mais je le pense très fort. Tu es complètement fou, et ta dépendance à Cyril, à l'alcool, à la mélancolie, la tristesse et toute cette merde, ça n'arrangera rien, rien du tout. Tu veux vivre dans le passé, mais est-ce que ça va rattraper tes erreurs ? Si se souvenir permet de prolonger l'existence, ressasser une époque qui ne sera plus jamais ce qu'elle à été ne fait que te consummer lentement, et tu brule, Valentin. Tu brûle et les fumées toxiques t'atteignent dangereusement. 

-Ouvrant alors un portail dangereux vers une mort certaine ? 

-Sûrement. 

-Et c'est de ça, que je devrais m'inquiéter ? Mais j'en n'ai rien à foutre, moi, de crever, Max ! Je n'attends que ça, pourquoi est-ce que tu me retiens, hein ?

-Parce que je veux pas te voir partir, pas toi, j'pourrais pas, vivre comme ça. 

-Et j'suis censé vivre comment, sans Cyril ? 

-Ben je.. 

-Ben tu sais pas, Maxime, et moi non plus. Alors qu'est-ce qu'on fait ?

-On se change les idées.. 

-Avec de l'alcool ! Oui, c'est ce que je dis depuis le début ! 

-Non non, pas avec de l'alcool."

*flashback, janvier 2018* 

 Il aimait plus sont corps, je sais plus pourquoi, il se sentait pas bien, il avait peur. Il avait perdu confiance en lui et je savais plus quoi lui dire, je lui répétait que je l'aimais, que pour moi il était parfait. Mais je savais qu'il savait. J'avais compris qu'il ne s'aimait plus parce que il ne me croyait plus. Je savais qu'il avait perdu sa confiance en lui en même temps que celle qu'il avait en moi. Je savais plus quoi lui dire, parce que je l'aimais, parce que j'avais merdé une seule fois, mais que c'était la fois de trop. Tout les jours il me répétait qu'il ne s'aimait pas, que son reflet lui déplaisait. Moi j'aimais chaque parcelle de son corps, chaque petits bouts de peaux, chaque petits morceaux. J'essayais de lui dire. Mais ça ne servait à rien, il avait mal, le mal était fait, il était en lui. Il avait peur. Alors on en avait parlé, ce matin là. Calmement, je lui avait expliquer, car les infos que lui avaient fournis Mastu n'étaient vraiment pas bonnes, et je ne sais toujours pas pourquoi il lui a raconté ça. 

"-Ecoute mon chat je-, assied toi. On va en parler, parce que je ne sais pas ce que toi tu sais, mais je vais te dire ma vérité, car il y en a une, et je sais que tu connais brièvement les grosses lignes."

Il avait les yeux rouges, il avait peur. Il était assied en face de moi, les mains posé à plat contre la table, j'me souviens avoir posé les miennes par dessus, pour le rassurer. Il n'a rien dit, j'ai continué à parler. 

"-Tu te souviens, y a maintenant très longtemps de ça, quand on s'est disputé à propos d'un pote du BMX ?"

Je vois ses yeux se fermer à son évocation. Il souffre tellement. 

"-Après ça, je suis parti, parce que j'était en colère, que tu me crois capable de te tromper avec quelqu'un, parce que je t'aime du plus profond de mon être, Cyril, j'veux que tu le saches."

Ses larmes coulaient sur ses joues, tandis qu'il avait retiré ses mains. Putain, ça partait si mal, mais il fallait que je lui dise maintenant. 

"-J'ai été dans un bar, et j'ai bu, beaucoup bu, trop bu. Et voilà, maintenant, après ce que je vais te dire, je comprends, que tu puisses me haïr, me frapper, ou que sais-je encore : c'est tout à fait légitime."

Il secoua la tête de gauche à droite, parce que il était incapable de me faire du mal. Enfin, j'essuya ses larmes, et il me fit un sourire qui brisa mon coeur, pour me dire que je pouvais continuer à parler.

"-Et j'ai vu une fille, après, elle te ressemblait beaucoup mais, ça n'excuse rien, hein ? Puis tu- et alors j'me suis dis que.. Enfin tu vois je.. j'ai couché avec elle."

Il remet ses mains. Se lève, viens se mettre derrière moi m'embrasse doucement dans le cou. Je sens ses larmes me paralyser, comme si c'était une lame froide et sanglante qui menaçait de me trancher le cou. Il m'embrasse, il me caresse, me prend dans ses bras. Il m'aime, et je ne comprends pas. Il me dis que ça ne lui fais rien, que ça lui est égal, qu'au moins, je lui l'ai dit. Son corps frêle vient se coller au miens, il m'apelle, il me brûle, et je réponds à ses baisers fiévreux. 

*Aujourd'hui, mardi 5 mars 2019*

-Avec quoi alors ? 

-La vérité, Valentin.  


HurtWhere stories live. Discover now