Adolescence

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Des fois, je préfère quand j'étais mort. Mais j'ai jamais été mort. Et pourtant, des fois, j'aurais bien aimé.

Cyril fait son entrée dans la pièce, évidemment, mon cœur se serre. Tout mon être se serre, tout mon corps saigne, toute ma tête tremble, ou l'inverse, ou je sais plus. Je ne sais pas, je ne sais pas, parce que je suis incapable de réfléchir, parce qu'il me regarde, avec ses yeux larmoyants, et que ça me fait mal. Parce qu'il fait son entrée dans la pièce avec cet air coupable que je connais bien, parce qu'il sait qu'il ne m'aime plus, et il ne sait pas le dire. Et il n'ose pas le dire. De peur de me briser, de peur de me casser, de peur que je recommence.
De peur de me voir kané, et d'avoir ma mort sur la conscience, et pour de vrai cette fois.

M'enfin, il s'approche, et je ne veux pas le regarder.

Le mur devient soudainement très intéressant, bien plus intéressant que tout ce que j'ai déjà vu jusqu'à maintenant ; plus intéressant que la Tour Eiffel, que la statue de la liberté, plus intéressant que les 7 merveilles du monde. Plus intéressant que la vie, plus intéressant que la mort mais surtout, bien plus intéressant que lui.

"-Écoute.. Tu sais.."

Non.

"-Je voulais pas que ça arrive je.."

Non.

"-J'croyais pas que tu.. Que t-tu.. Mais je t'ai tout avoué.. Vraiment tout.. J'ai jamais.. J'ai jamais voulus te blesser et.. Enfin tu comprends.."

Non.

"-Je t'ai toujours dis la vérité.."

Non.

"-J'mentais pas quand.. Quand je disais que je t'aimais.. Quand.. Quand je te disais tout ça.. Quand.. J'ai jamais menti. Je l'ai jamais fait pour te blesser du moins et.. Et quand je l'ai fait j'ai fini par avouer.. Et.. Et je t'assure que y a rien eu de plus avec.. Avec lui..
Je.. je sais pas, Valentin, je sais pas ce que tu as crus, ce qu'on t'a dit mais y a.. Y a rien eu.. Je.. J'ai juste.. Débordé, mais.. Mais je m'en suis rendu compte très vite et.. C'est toi que j'aimais.."

Que tu aimais

"-Que j'aime."

Je lui ordonne de partir, parce que j'ai mal et un lointain souvenir reviens. Ce ne sont même pas des souvenirs ce sont juste.. des pensées adolescentes..
Mais elles sont là, et.. Je ferme les yeux puis le fil de la vie se déroule encore devant moi.




Il regarde par la fenêtre et la pluie tombe. Elle tombe toujours la pluie, dans sa tête. Il ne dit rien, parce que au fond c'est comme si il l'aimait, cette pluie. Comme si les gouttes lui permettait de se fondre dans cette vie, de se cacher quelque part, par ici. Pas ici.
Il a jamais eu une vie compliquée, il ne l'a jamais ressenti comme ça, mais il grandi et puis sa vie commence à prendre un tournent différent.
Et puis il voit, soudainement, la planète qui tombe, le monde qui sombre et qui se plaint. Encore.
Et il ne voit plus rien parce que les larmes, ou la pluie, brouille sa vue encore une fois.
Mais il entends les hurlements de la nuit, le vent qui cri, la mer qui pleure.

Et il entend sa mère qui lui dit de sortir, de sortir, d'être normal. N'est-il pas normal ? Le monde l'est-il ? Et il entend sa mère lui hurler dessus, lui dire qu'il est trop jeune de toute façon. Qu'il ne comprend rien, pas à cet âge là. Que de toute façon il n'a rien à dire. Il n'a pas à se plaindre, qu'à subir.
Qu'à subir les cris et les engueulades, et les remarques et l'alcool.
"Mais ne te plaint pas parce que on ne te frappe pas.
Mais ne te plaint pas parce que on fait tout pour toi et ta sœur."
Et le jeune homme s'en va, sans rien dire parce que c'est vrai. Et pourtant ce soir là il pleure et son cœur est lourd, sa tête est pleine et son sac est prêt.

Il pourrait partir. Il pourrait juste s'en aller, ailleurs. Mais il n'a nul part. Nul place alors il reste et il fait comme avec le reste ; il oublie.

Il prétend vivre mais il attend juste. Il attend la fin, la fin de tout ça, de ces remarques, de ces cris, la fin de ce cauchemars, de l'adolescence.

Mais quand il grandira, sa mère n'aura pas changée, la planète sera encore plus essouflée et il, il n'aura rien fait. Rien dit.

On pourrait imaginer à ce garçon une vie triste et pitoyable mais ce n'est pas ça. Il s'enfonce et il bois, et il fume et il fait tout pour vivre comme les autre, mais il est terrorisée, il à peur du monde dans lequel il vit. Il a peur de tout, de la mort, de la vie, de l'infiment grand, de l'infiniment petit. De tout ce qui ne se termine pas, mais aussi de tout ce qui se finit. Il a peur. Il a toujours eu peur.
Il a peur des gens, il se sent minuscule, minuscule dans un monde de grand. Et le monde l'écrase, et la vie l'étouffe mais il est toujours là.
Le monde ne voit pas, parce que personne ne fait attention à personne. Mais il suffoque, il tousse, de plus en plus fort et plus le temps passe, moins sa douleur passe. Plus il en apprend et moins il veut savoir.
Plus il avance et mieux il tombe.
Mais dans quel monde vit-il ?

Dans quel monde vit-on ?

C'est à ça que je pensais, le soir de
mon suicide. C'est mes pensées d'avant qui remontaient. Mes vieux démons, mes remords. Et en me souvenant de ça, je réalise que de toute façon, ça faisait un moment que j'étais mort.
Bien avant d'acheter les roses et de prétende finir ma vie dans une baignoire blanche maculée de rouge hein.. Bien avant tout.
J'ai pas eu une enfance difficile, j'ai juste jamais pris le temps de parler, de me poser et de dire les choses qu'il y avait dans ma tête.
Je crois que ça m'aurait aidé.
Et la seule personne qui me faisait parler c'est Cyril. C'est pour ça que tout remonte.

Et maintenant que je suis réveillé et de plus en plus conscient, je réalise que je vais devoir affronter le monde à nouveau, comme lorsque j'étais adolescent.

______

La partie en italique vous semble peut être innaproprié mais c'est un texte que j'avais écrit à la base complètement à part de l'histoire, racontant d'ailleurs le texte de base avec le pronom "elle" mais ça allait bien à l'idée que j'avais de Valentin ado dans cette fanfic

HurtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant