Chapitre 14

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Cette fois-ci, j'y vais !

Chapitre 14

- C'est de la folie, grommelais-je.

- Tu veux bien arrêter de gigoter ? Je n'ai pas envie de te rater, tu es ma plus belle oeuvre d'art !, me répondit la voix un peu trop aiguë de mon amie.

Le stress me rendait, comme beaucoup de personnes, grognon, et cela fait maintenant plus de deux heures que je suis plus que chouchoutée et soumise à des souffrances aussi atroces qu'inutiles sous les mains de Tara. Tout y étais passé : épilation des sourcils, jambes, maillot, coiffure, mojito pour nous détendre, parfum, apprendre à comment à m'asseoir de façon sexy sur le canapé... et maintenant le maquillage. Des femmes pouvaient peut-être être à l'aise avec ce genre de préparatifs, mais pas moi. Sincèrement, je pensais que j'allais juste pouvoir me doucher, et m'habiller, mais pas ressembler à Gracie Lou Freebush dans Miss FBI. Je comprends maintenant les tortures qu'elle a dû affronter : la privation de nourriture grasse, apprendre à se déhancher... Tout ça pour irrévocablement passer pour une gourde durant la soirée, car, s'il vient, je n'échapperais pas à la honte.

C'est impossible. La honte me poursuit perpétuellement. Un peu comme une maman qui regarde son enfant grandir, toujours prête à le rattraper s'il chute. Je vous avoue que moi, j'apprécierai qu'elle me laisse tomber ailleurs que dans ses bras.

Pitié Honte, fou moi la paix ce soir...

C'est vrai qu'en y repensant, c'est une vraie maman. Elle est à mes côtés à chaque instants, ne veux visiblement pas me laisser tranquille lorsque je suis en présence d'un mâle, ne veux pas que je sois sexy et parviens toujours à me ridiculiser. Qui l'aurait cru..? Moi qui ai renié mes parents, j'ai été adoptée par la Honte.

Mes yeux devaient être perdus dans le vide et j'avais du recommencer à rire toute seule à cause de mes propres blagues, parce que je reçue une légère claque sur la joue gauche, me faisant quitter mes pensées pour revenir sur ma chaise, dans mon appartement chéri, en compagnie de Tara, ma coach sentimentale de la soirée.

-Eh oh! Il y a quelqu'un ? Je sais bien que se perdre dans ses pensées, ça aide à déstresser, mais évite de faire ça devant quelqu'un autre. C'est flippant, et même moi qui te connaît et t'aime... ça fait bizarre d'être face à un zombie.

- Désolée maîtresse, fis-je d'une voix nasillarde. Tu as bientôt fini ? Assise comme ça, à avoir de la peinture sur le visage, j'ai l'impression que je vais me transformer en Joconde, soufflais-je.

-Peut-être, mais bien que tu n'ais pas de "peinture" sur le visage, mais uniquement un trait d'eye-liner, et un léger rouge à lèvre, tu seras la Joconde la plus sexy qu'il soit !

Qu'est ce qu'elle est est gentille ma Tara. Toujours là pour tenter de booster ma confiance... Attends, attends, qu'à-t-elle dit après l'eye liner...?

- De l'eye-liner et ...?, je lui demande avec un hameçon dans mon sourcil droit -je n'ai jamais su lever le gauche-.

- Du rouge à lèvre, me répondit-elle innocemment, avec un sourire mutin sur le visage.

Mes yeux se portèrent sur l'arme du crime, encore dans sa main levée et sorti de son tube doré. Le bâton était d'un rouge profond, sensuel, prêt à faire d'une bouche la piste d'atterrissage rêvée pour tout être humain.

- Oh non, non, non...

Ma tête fut prise de secousses, de gauche à droite, manifestant ma désapprobation, et ma panique. De fines mèches bouclées pour l'occasion s'échappèrent de mon chignon, rendant un meilleur effet "décoiffé" à l'oeuvre de Tara.

-Je t'avais bien dit que je n'en voulais pas ! Je ne sais pas garder du rouge à lèvre intacte, et je tenais tout de même à garder ma dignité ! Ça y est, maman arrive, je le sens !

Tara me regarda avec un froncement de sourcils pendant quelques instants, puis abandonna :

-Ta mère ?

-La Honte.

Le rire de mon amie retentit dans l'appartement, emportant quelque peu mon anxiété, mais pas suffisamment pour ne pas paniquer à propos de ma bouche. Instinctivement, je passa ma langue sur ma lèvre inférieure, mettant à l'épreuve la couleur si tentatrice.

-Tu perds ton temps jolie Nono, dit-elle en me regardant pratiquant mon expérience. C'est du rouge à lèvres ultra résistant. Je connais ta tendance à oublier que tu es maquillée et à te frotter le visage... Donc j'ai procédé de même avec l'eye-liner : tu peux te frotter, pleurer, entrer en contact avec une peau (-léger mouvement de sourcil suggestif de sa part-), que ça ne partira pas ! Tu ne me crois pas ?, me mis-t-elle au défi en voyant mon air dubitatif.

Elle plaque alors sa main contre ma bouche et me déforma probablement la mâchoire en frottant comme une folle sa paume contre mes lèvres carmin, et la retira, fière d'elle, intacte.

-Bon ok, ça me rassure un peu. Mais je suis certaine que ça va tourner au désastre... On peux pas lui dire que je suis malade?!

Loin d'être tout de même à l'aise malgré l'épreuve du rouge à lèvre réussie, je me levais après son autorisation, en traînant des pieds, et me dirigea tout droit vers le miroir à pied trônant dans ma chambre.

Waou. Même la voix malsaine dans ma tête était choquée.

C'est...c'est moi ça ? Je ne portais rien de trop exceptionnel, et j'étais très légèrement maquillée -je ne fais pas partie de ces femmes qui se plaisent être une poupée la journée, et méconnaissable devant leur compagnon dans l'intimité de leur appartement -, et pourtant, j'étais.. métamorphosée. Fais des efforts à peut-être du bon finalement... Voilà, je l'attendais, ma remarque acerbe.

J'étais tellement préoccupée à tournée sur moi même pour me découvrir sous toutes les coutures, que je fus pétrifiée lorsque, me retournant vers ma porte ouverte, je me retrouvais non pas face à une, mais deux paire d'yeux.

Tara, et Raphaël.

Ah bah finalement il est venu..

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Reprise toute douce, mais reprise tout de même !

C'est enfin les vacances, et Norah pourra pleinement nous accorder de son temps !

J'espère que ce petit chapitre vous plaira ;)

Emy

Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now