Chapitre 31

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Le trajet était réellement distrayant : Je me sentais comme une enfant. Ou comme Ross qui se souvient avoir laver la Porsche de son père avec des cailloux - Friends me manque aussi bon sang... - : j'étais sagement assise sur le siège en cuir blanc, les mains boueuses fermement accrochées de part et d'autre de ma place. Malheureusement pour le propriétaire, l'habitacle de la voiture n'était pas très spacieux, et mes genoux couverts de terre frottaient contre la boîte à gant et le bas du tableau de bords. Me sentent "fantastiquement" à l'aise, je ne pouvais m'empêcher de remuer de gauche à droite mes jambes, laissant de longues traînées de boue du cimetière.  Dimitri quant conduisait avec suffisance son bolide, ne cessant de me jeter des coup d'œils hésitants, fuyard. J'étais quasiment capable d'entendre les rouages dans sa cervelle maigrichonne s'activer pour enfin prendre son courage à deux mains et me demander si je n'avais pas besoin d'un accompagnateur pour mon rendez-vous demain. 

Fut un temps, je me serais tenu au même endroit, avec le même conducteur, lié à lui par un alliance et un contrat stipulant que mes richesses seraient les siennes, quelque chose dans ce goût là. J'aurais du me tenir fièrement sur mon siège, le menton levé, regardant avec dédain les touristes se promener dans la ville, le corps couvert de luxueux bijoux et de vêtements greffés. Notre destination n'aurait pas été un grand hôtel, mais un quelconque repas mondain, ou la grande villa de Dimitri, où nous aurions retrouvés sans joie nos deux enfants parfaits, remerciant les services de la nounou que mon époux aurait payé en nature dès que j'aurais le dos tourné... Qui pouvait désirer une vie pareille ? La mienne n'était pas parfaite, loin de là, mais suffisamment agréable pour que je ne regrette en rien le chemin que j'avais choisi. J'avais pourtant un lot colossal de choses à régler : à commencer par mes factures, prévenir Tobby que je ne pourrais sûrement honorer notre soirée mardi, me préparer mentalement à aller en cours... 

Il n'était pas encore tout à fait midi, et nous arrivions à destination, je voyais le gigantesque bâtiment hôtelier se profiler à une centaine de mètres devant nous. Je rêvai déjà d'une délicieuse douche chaude, l'air emplit de délicieuses effluves de parfum floraux, la buée m'entourant et emportant mes soucis, mes muscles se délassant sous l'eau. 

Dimitri se garait à présent devant ma résidence occasionnelle, et le voiturier se dépêchait déjà de venir vers nous. Avec un sourire, je lui fis un "non" de la tête, avec peut-être un peu trop de panache pour quelqu'un qui apprécierait la présence de la personne l'ayant reconduite à son hôtel. Mais je ne voulais absolument pas que Dimitri interprète la volonté du voiturier à faire son travail comme une invitation à rester en ma superbe compagnie. Je posais alors la main sur la poignée de la porte pour m'extirper du véhicule, non sans rajouter encore un peu de boue, et remerciait brièvement Dimitri de m'avoir ramené. 

- Je suis terriblement désolée de toute la terre que j'ai mis partout ! 

- Mais non ne t'en fais pas ! C'était avec plaisir !, me rétorqua-t-il, non sans une ride barrant son front à la mention de la terre dans son bolide. 

Je décidais alors de jouer l'idiote et de pousser le vice de la vengeance à son paroxysme : 

- C'était un plaisir que je mette de la boue partout ? Tu n'es pas difficile à satisfaire. Je peux continuer si tu veux... 

Il éclata d'un rire qui se voulait charmeur mais qui me faisait autant d'effet que des ongles sur un ardoise, comme ce taré de pêcheur dans Les Dents de la Mer. Tout chez lui semblait faux, de son sourire ultra bright à son bronzage made in UV, et plus je restais avec plus, plus mes épaules étaient contractées sous la tension qui les habitaient.  

- Tu es toujours aussi fantastique, Norah !  (Décidément, le proverbe "les caresses de chien donne des puces ne lui disait rien) Je voudrais te revoir. 

- Oui bien sûr !

- C'est vrai ?, me demanda-t-il, visiblement surpris par mon acquiescement. 

- Oui! Tu n'as qu'à faire comme chaque ex qui se respecte : me traquer et me poursuivre sur Facebook. Tu as de la chance c'est  moi sur ma photo de profil, tu auras donc tout le loisir de me voir, chaque jour être chaque instant de l'année. 

Avoue-le, tu es fière de ta blague...

Oh oui, je l'avoue ! A voir sa mine déconfite, il s'attendait sûrement pas à cette réponse. Pour qui me prenait-il ? 

- Sérieusement, poursuit-il. Je voudrais te revoir. Pourquoi pas demain ? 

Hum... Définition de la discrétion : "qualité consistante à savoir garder un secret", "caractère qui n'attire pas l'attention". Ou encore, "attitude de quelqu'un qui veille à ne pas gêner les autres, à ne pas s'imposer". 

Quel gros trou du cul, celui-là. 

Je lui répondis avec une innocence feinte, le plus beau sourire d'idiote sur le visage : 

- Non, je ne crois pas. Et d'ailleurs, demain j'ai déjà un rendez-vous. (Comme si tu ne le savais pas...) 

Par chance, un conducteur dans un gigantesque Hummer noir rutilant bloqué derrière nous commençait à s'impatienter et klaxonnait, gesticulant pour nous communiquer des gestes obscènes qui, je pense, nous étaient destiné pour nous faire bouger. Rapidement. 

Je profitais de cette intervention pour filer, abandonnant Dimitri et son ego sûrement piétiné, sur le parking de l'hôtel, en marchant très vite - ou en courant très lentement, suivant le point de vue -, en direction de l'ascenseur. J'eu cependant le temps d'entendre Dimitri me crier qu'il me recontacterait - pas que je lui répondrais -, avant de m'engouffrer dans le hall de l'hôtel, sous le regard curieux de la réceptionniste quant à ma démarche pour le moins peu conventionnelle. Jamais je n'avais été aussi heureuse d'entendre la musique d'ascenseur.  

Un couple était présent et j'avais manifestement interrompu leur réunion secrète très sensuelle (ils étaient de fait penchés l'un sur l'autre dans un coin de la cabine), voire érotique, puisque débraillés, les tétons de la femme pointant sous son haut quasi inexistant et le pied de tente qui apparaissait sous le pantalon de l'homme, ils me regardaient avec mépris, ne se gênant pas de me communiquer leur mécontentement en soufflant. 

Qu'ils se consolent, ils pourraient continuer leur échanges d'informations secrètes et salivaires dans leur chambres, tandis que moi, je n'aurais que mon imagination pour me mettre au supplice, et la fantastique douche italienne, avant un bon repas que le service de chambre aurait la gentillesse de m'apporter ! 

Je m'étais au moins débarrassé de Dimitri, et avait bien dégueulassé sa voiture. Ça mettait de la joie dans ma journée qui avait commencé d'une manière bien déprimante ! 

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Chapitre 31 ! 

Ravie de vous retrouver en meilleure forme ;) 

Qu'en pensez-vous ? ;)

Emy 

Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now