Chapitre 27

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Cette fois-ci, j'y vais !

Chapitre 27

Le cou penché à m'en faire mal, je cherchais en plissant des yeux mon vol sur le panneau d'affichage des départs.

J'avais finalement pris la décision d'aller en France pour assister à l'enterrement de mes parents, mais également pour aller refuser l'héritage. Il était certain que mes parents m'avaient transmis leur empire uniquement pour nos liens sanguins, ce qui avait du leur faire avoir une attaque lors de la signature de leur testament. Mais je ne me sentais pas de tête à diriger une librairie comme la leur,encore moins depuis un autre pays – car il était hors de question pour moi de déménager -. Nous le mettrons donc aux enchères, ce qui permettra sûrement à quelqu'un plus heureux que moi de s'en occupe.Il était vrai que j'avais pris cette décision la mort dans l'âme,ayant quelque peu l'impression de vendre mon rêve. Mais à part ça,que faire ? Ce monde n'était pas le mien. La richesse, les paparazzis des grandes soirées... Non, ce n'était pas moi. Un coup d'œil dans mon reflet sur la vitre à côté de moi me le confirma.

Les vols affichés qui bougèrent de place reportèrent mon attention sur l'écran : " Vol 6258 - Nice – Embarquement 13h10 – Porte E– A l'heure". C'est bien lui. J'allumais l'écran de veille de mon téléphone, qui m'indiquait que j'avais... trente min avant mon embarquement.

Pourquoi étais-je là déjà ?

Je n'avais pas du tout envie d'y aller bon sang ! Bah, pourquoi ? Ça va être sympa : toutes tes connaissances que tu cherches à fuir seront là bas pour t'accueillir... Je vais incarné à la perfection le vilain petit canard. Plus encore lorsqu'il apprendront que je prendrais pas le contrôle de l'empire Grandbois.

Après le départ de Raphaël cette nuit, je m'étais glissée, l'esprit embué de sentiments contradictoires, sous les couettes et avaient entamé, non pas ma nuit profonde de sommeil, mais des "plans".Plus précisément, un putain de plan : aller à l'enterrement, ne parler à personne, à part peut-être pour m'octroyer le plaisir de gifler et insulter Dimitri en public s'il avait le malheur de se pointer, aller voir Maître Callion, le notaire et ami de mes parents, lui annoncer que je voulais pas de la succession, et rentrer chez moi pour me consacrer que j'aime, à savoir Tara et Raphaël.

La rentrée de l'école, du moins en France, approchant à grand pas,l'aéroport était saturé de familles, avec des enfants qui courraient et hurlaient partout. Heureusement, certains étaient adorables, et c'était malheureusement ceux-là qui ravivaient mon envie de fonder une famille. Je n'avais que vingt-cinq ans, j'en avais conscience, mais depuis toute petite, je voulais un bébé, un gentil mari... Bref, la famille que je n'ai eue jamais, aurait dit un psychologue. A moins que je n'avais en esprit d'une femme des années cinquante. Ce qui était possible aussi.

Durant le chemin jusqu'à l'aéroport, j'ai pu envoyé un rapide texto à Tara et Raphaël, pour les avertir de ma décision (et demander à Tara de passer arroser mes nombreuses plantes vertes). Je pensais que m'absenter jusqu'à jeudi serait suffisant pour régler toutes les formalités. J'avais réservé dans un joli hôtel en bordure de plage : le notaire m'avait assuré que les frais étaient pris en charge par la fortune Grandbois, pourquoi m'en priver ? J'espère que ça leur fera les pieds depuis les Enfers.

C'est pas bien de dire ça...

Oh et puis, si ! A défaut d'être correct, ça fait du bien ! Je me venge gentiment pour ce qu'ils m'ont fait. Ou pas fait, c'est selon le point de vue.

Je décidais d'occuper mon attente avec un bouquin – surprenant, non ?-, mais ne parvenait pas à me concentrer, alors ça sera musique,avec le volume au maximum, pour couvrir les pleurs des bambins.J'étais stressée, avec les ongles rongés jusqu'au sang, je n'avais pas besoin d'être énervée en prime.



***


Me voilà en France. A Nice, plus précisément. Je retrouvais sans joie toutes les choses que j'avais abandonné, et me dirigeais vers mon gracieux chauffeur de taxi, qui semblait avoir oublié son sourire dans son tiroir à chaussettes. Au moins, on sera deux. Sa barbe grisonnante, et ses lunettes de soleil juchées sur son crâne aurait cependant pu faire de lui le typique niçois plein de soleil, mais non. Je le baptiserai donc "Grincheux".  Le soleil m'éblouissant, comme s'il m'empêchait de regarder autours de moi pour que je ne prenne pas conscience d'où j'étais, ce qui me réconforta un peu. Avoir les astres avec vous, c'est plutôt cool.

- Bonjour.    L'AC Hôtel, s'il vous plaît, lui demandais-je en prenant place à    l'arrière.

Le regard en coin de Grincheux noir me fit clairement comprendre qu'il me prenait pour une gosse de riche, légèrement en retard cependant pour profiter de l'été. Je n'étais plus habituée à avoir le conducteur à gauche, aussi avais-je du mal à regarder par la fenêtre de droite. Sous mes yeux se succédaient les bouchons, les bâtisses au toit couleur brique, lesquels, juste à les regarder,vous donnaient chaud. Et pas le bon "chaud". Le chaud français : celui où l'air était irrespirable, où le vent décidais de vous laisser à respirer comme des poissons hors de l'eau, celui dont vous savez indéniablement l'arrivée lorsque les grillons se mettent à chanter, comme dans la pub pour l'huile d'olive. On était début septembre, mais les gens arboraient encore leur short, et les top-less, aussi bien chez les hommes que les femmes, sur la plage que je pouvais voir depuis mon taxi. Je regrettais bien plus vite que prévu ma pluie londonienne. Tenir jusqu'à jeudi va être très difficile.

L'AC Hôtel était grandiose, je ne pouvais pas le contredire, avec sa façade faite uniquement de vitres teintées. Une bonne dizaine d'étages, si je m'en référais aux nombres de vitres empilées,donnant à la bâtisse des allures de miroir géant. Je donnais à Grincheux le montant pour sa course, avec un pourboire, en espérant que ça lui donnera au moins le sourire deux minutes dans sa journée.Mais apparemment je ne réussi qu'à renforcer son inimitié à mon égard. Au diable, Grincheux, j'avais d'autres chats à fouetter.

Je n'avais pas eue le temps de pauser mon point sur la première marche menant, qu'un groom si j'en jugeais son costume, s'approche de moi pour prendre ma pauvre petite valise, qui détonnait de l'intérieur de l'hôtel très stricte, avec tous ses autocollants. Je les avais collés lors de mes divers voyage, mais une réelle profusion avait été ajoutée lors de mon départ pour Londres.

Ne sachant pas quoi si ce n'est accepter son aide par politesse, je lui confiait mon unique bagage, et me dirigeais vers la réception pour me cacher au plus vite dans ma chambre de substitution. L'hôtesse,divinement bronzée et très gentille, voire un peu trop pour que son sourire soit sincère à cent pour-cent, me donna les clés de ma chambre, située au sixième étage, en me souhaitant un bon séjour.Je la remerciais en bégayant – ma timidité n'avais pas besoin de valise pour être transportée -, et me dirigeais vers ascenseur chromé. Vu la taille, il devait à tous les coups être témoin de scènes telles que celle de Cinquante Nuance de Grey... Je me contentais de fixé péniblement mon reflet face à moi, en intimant à mes hormones de ne pas penser à un certain brun des plus attirant. Je suis certaine que dans un ascenseur, il serait tout aussi excellent... Nono ! Respire un coup !

Mes yeux se concentrèrent sur le petit écran où défilaient les chiffres, et je pris enfin conscience de la douce musique diffusée dans une petite enceinte, sagement et discrètement fixée à côté de l'écran.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin, et je pénétrai dans un couloir couvert d'un quelconque matériau beige réfléchissant au sol, à la recherche du numéro 622. La voilà. J'insérais maladroitement la carte magnétique dans la porte, n'ayant clairement pas l'habitude de ces procédés. Je me sentais un peu James Bond, je l'avoue. A part pour les personne bourrées, je ne voyais pas l'utilité de nous demander d'utiliser une carte au lieu d'une clé,pour la même utilité. Mamie année cinquante, le retour...Nia nia nia.

J'ouvrais enfin la porte, et entrait dans la pièce gigantesque pour une chambre d'hôtel, avant de pousser un profond et las soupir. Me voilà en France.

Dire que je me sentais seule, était un euphémisme.

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Chapitre du jour ! La pauvre Norah qui se retrouve projeté au milieu de ses démons personnels...

Qu'en pensez-vous ? ;)

Emy

Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Onde histórias criam vida. Descubra agora