Chapitre 29

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Cette fois-ci, j'yvais !

Chapitre 29


L'enterrement et la cérémonie avaient été parfaitement à l'image de mes parents : pompeux, déprimants et évidemment je détonnais, telle un mignon petit mouton noir dans un troupeau parfaitement blanc. Ceci dit, je jouais plutôt le rôle du mouton blanc perdu au milieux des noirs : comme tous les invités,- qui devaient être une centaine- j'étais vêtue de noir, mais la pluie, ayant décidé de projeter une aura morbide et glaciale à la journée, était venue durant la nuit, si bien que j'avais dû me procurer un parapluie au dernier moment, dans une des nombreuses boutiques de souvenirs de la ville. Ce qui m'amenait à l'instant présent : le visage fermé, comme la majorité des gens autours de moi, je regardais la tombe s'enfoncer sous terre, mes parents entrant dans leur dernière et éternelle demeure, protégée de la pluie par un parapluie multicolore où il était écrit en gros "Nice,ville du soleil!". Entre nous, écrire ça sur un parapluie,n'étais-ce pas un peu con-tradictoire ?

Leur cercueil était en réalité un modèle appelé "coffre", selon les dires des commères,fait en marbre et dans lequel j'avais vu mes parents, les yeux clos et sans l'air sévère qui habitait pourtant habituellement leur visage d'aussi loin dont je me souvienne. Ils reposaient sur un matelas de mousse, recouvert de soie couleur satin, les mains l'une sur l'autre, leurs bijoux brillants de façon déplacé dans l'Eglise majestueuse.

Après la messe et un chant religieux,qui je dois l'admettre, apportait de la beauté et de solennité à la cérémonie, le cortège se mit en route, dirigée par leur unique fille : moi.

Les gens ne cessaient de me regardaient avec pitié, tout en faisant tinter leur montre, toutes plus grosses les unes que les autres, versant des larmes hypocrites et se demandant déjà qui aurait une chance de mettre la main sur la fortune des deux malheureux. Un parfait regroupement des raisons pour lesquels j'avais quitté la France. 

J'ignorais la construction et l'appellation des caveaux, mais la tombe choisie par mes parents était également ostentatoire : la stèle, gigantesque, était en marbre pâle, tout comme le reste de la tombe, cachée derrière les immenses bouquets de fleurs qui venait embellir le cimetière, et semblait briller au milieux du cimetière.





L'enterrement était terminé, pourtant je restais quelques minutes devant la tombe, les yeux perdus dans les couleurs des fleurs posées devant moi. J'avais choisi un bouquet de chrysanthèmes roses : je n'aimais pas ces fleurs, j'avais toujours l'impression  que s'en étaient des fausses, mais je dois avouer que fleurir la tombe de gens ne m'ayant pas adressé la parole depuis des années était pour moi parfaitement mesquin. Et puis, tout le monde savait que j'étais là par obligation.

Les gens se dispersaient donc,rejoignant leur berline dans un ballet de parapluies noirs, en direction d'un restaurant pour célébrer la nouvelle vie de mes parents – et surtout se gaver de fruits de mer et de vins coûteux-, et même les photographes rangeaient leur précieux matériel, non sans avoir volé un cliché de la fille Grandbois, "pleurant ses parents". 

La pluie s'écrasant en grosses gout tes sur les pétales des fleurs, et le son régulier me fit comme un baume à l'âme. Je devais avouer que savoir les corps de ceux qui m'avaient mise au monde, figés, sous terre, me rendait nauséeuse et curieusement triste. J'étais comme Remy sans famille à présent.Tous les fantasmes que j'avais imaginé, où mes parents s'excuseraient un jour de leur conduite, pour que l'on devienne une vraie famille soudée et aimante éclatèrent subitement en éclats.Je réalisais alors que jamais plus je n'aurais la chance de me rattraper auprès d'eux. Jamais je n'aurais la chance de leur faire ressentir de la fierté, ou ne serais que d'avoir un sourire sincère de leur part. Jamais je ne leur présenterais celui qui serait mon mari, et avec qui j'aurais eue des enfants. Jamais je ne verrais Mr et Mme Grandbois, des rides aux coins des yeux, en chaussons molletonnés devant la cheminée, à raconter leur jeunesse à leurs petits enfants. Soudainement abattue, le déni s'éclipsa, me laissant face à la vérité cruelle qui s'imposait à moi :


Ils étaient mort.


Toutes mes forces m'ayant quitté, je n'eue plus le courage de tenir le ridicule parapluie, et tombait à genoux, en pleurs, mon corps offert à la pluie pour masquer mes larmes.

Je m'autorisais à pleurer quelques minutes, en me promettant de laisser mon chagrin ici, emporté par l'eau. Je ne croyais pas particulièrement aux fantômes, et encore moins que mes parents puissent me regardaient avec affection depuis le Paradis, en se serrant l'un l'autre dans leur bras, et me souhaitant de garder la tête haute. Ils seraient plutôt du genre à me dire de me relever, que la terre sur les genoux, même sur un pantalon, n'étais pas présentable, et que j'avais rendre leur tombe dégoûtante. Mais l'espace d'un instant, je me permettais d'imaginer que mes larmes, finissant leur course dans la terre fraîchement retournée, les atteignaient, et qu'ils pouvaient regretter, comme moi, tout ce que nous allions manquer, qu'ils s'en voulaient de leur conduite horrible à mon égard durant toutes ces années.

Faire son deuil n'était pas difficile.C'était les remords qui vous bouffaient, la culpabilité rongeant votre cœur et courant sur votre peau, comme un millier de sangsues prête à vous dépouiller de votre joie.


Je ne sais depuis combien de temps j'étais là, à genoux, la visage vers le ciel, les yeux fermés,laissant échapper des larmes cuisantes, lorsqu'une main pressa mon épaule, comme lorsque quelqu'un voulait vous réconforter. Pas de chance, mais Tara et Raphaël n'était pas là, et c'était les deux seules personnes qui auraient pu me réconforter. Je me dégageais donc, sans ouvrir les yeux, ni même me relevait. Si je gardais les yeux clos, les indésirables ne me verraient peut-être pas. Agir comme une enfant était parfois la seule solution.

Cependant, l'individu ne comprit malheureusement pas le message, et s'accroupit visiblement, ou ne mesurait pas plus de cinquante centimètres, puisque je sentis un souffle sur ma joue.

- Norah...

Cette voix... Non... Pas maintenant.    Je n'en pouvait déjà plus de cette journée de merde.

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Coucou ! Voici le chapitre 29 !

Plus court que d'habitude, et certainement beaucoup plus... dark ! Je m'en excuse, mais je ne trouvais pas bien de passer sous silence l'enterrement des parents de Norah ( puisqu'il faut malheureusement y passer, et qu'elle fasse son deuil) sous prétexte que j'ai été confronté à la perte d'un être cher il y a une semaine.

J'espère cependant que je ne détruirais pas toute la joie qui vous habite, et vous assure que la bonne humeur de Norah reviendra très vite, l'écrire de ce chapitre ayant permis d'opérer pour moi une sorte de catharsis.

D'ailleurs, je n'étais pas aussi guillerette que d'habitude en écrivant cette partie -vous vous en doutez bien-, aussi n'hésitez pas à me dire ce qu'il y aurait à améliorer, je ne sais pas si c'est tout le temps compréhensible ce que j'ai écrit !

Voilà voilà, sur ce, à très vite !

Emy

Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now