Chapitre 15

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Cette fois-ci, j'y vais !

Chapitre 15

Un ange passe.


Je ne savais qui regarder, entre Tara et la recherche de son soutient oculaire, ou de lui, qui me fixe, impassible, quoi qu'un léger sourire qui prend naissance aux commissures de ses lèvres charnues. Le peu de courage que m'avais procuré mon reflet quelques instants auparavant se dissipa aussi rapidement qu'il était arrivé, et je redevins la Norah habituelle : gauche, mal à l'aise, et dont la peau se rapproche de la carnation d'une tomate bien mûre.Perdue au milieu de mes réflexions et anticipations guère ambitieuses quant à ma soirée, je ne vis pas immédiatement Tara nous faire un salut de la main et disparaître dans mon salon. Je ne pris conscience de son départ que lorsque la porte d'entrée claqua, le bruit résonnant dans mon petit appartement de manière bien trop angoissante. A présent, je ne me sentais plus aussi à l'aise que je l'espérais dans mon chez-moi, avec Raphael à seulement quelque pas.

Lorsqu'il se racla la gorge, sûrement pour me faire revenir sur Terre, mes yeux rencontrèrent les siens, et mon cœur accéléra de façon exponentielle son rythme cardiaque.

Tu ne fais que le regarder, calme-toi.

Facile à dire : je me retrouve avec un presque inconnu dans mon appartement, apprêtée comme je ne l'ai jamais été – mes anciens rendez-vous n'étaient que des simples formalités lors de ma vie en France, et je n'en ai pas eue un seul depuis mon arrivée sur les terres de Jane Austen – et tellement gourde, que je me rends compte que cela doit bien faire cinq longues minutes que je me suis trouvée face à lui, sans même lui dire « bonsoir ». Comme s'il lisait dans mes pensées, je l'entends prendre la parole :


-    Bonsoir.


Oh Dieu tout puissant, j'avais oublié combien sa voix était exquise... Nouvelle accélération de mon pouls. Je vais mourir ce soir, ce n'est pas possible autrement. Je n'avais pas encore eu l'occasion de dire à Tara quoi écrire sur mon épitaphe ! J'avais pensé à quelque chose comme « Ci-gît Norah, enterrée vivante. », mais j'avoue que je l'ai piqué à Friends...


-    Bonsoir, lui répondis un son étranglé, qui provenait de ma gorge.


Bien... Que dire à présent ? « Faites comme chez vous ! » ? Je ne le connais pas, bon sang !


-    J'ai apporté du thé, j'espère que vous aimez, me dit-il avec un de ses sourires en coin, en brandissant une boite en alu, bleue, ornée de décorations imprimées, avec des formes s'enroulant autour d'une lune blanche, tel du lierre sur un tronc d'arbre. Je vais vous le poser dans votre cuisine, et vous attendre sagement sur votre canapé. Ça vous permettra de... reprendre vos esprits.


Et voilà. Une phrase amusante, puis de retour pour se moquer de moi. Pourquoi je ne le fiche pas à la porte déjà... ?


Tandis qu'il me tournait le dos pour aller déposer son offrande surement sur mon plan de travail, je me précipitai -non sans avoir jeté un regard appréciateur sur ses fesses moulées dans un jean divin- sur mon téléphone portable – seul téléphone dans cet appartement -, et ouvrai une page du moteur de recherche.


« Que dire à un rendez-vous galant ? »


Même mes expressions sortent du Moyen-Age... Heureusement, mon ami Google à transformé comme un grand garçon le « rendez-vous galant » en « rencard ». Alors que je parcourrai rapidement les sites proposés pour répondre à ma détresse, et que j'abandonnais tout amour propre, Raphael fit mine de revenir sur ses pas, et me découvrit, portable à la main.


Cette fois-ci, j'y vais (ANCIENNE VERSION)Where stories live. Discover now