Chapitre 19*

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Chapitre 19* : Dis-moi d'où tu viens, je te dirai qui tu es.














Colombie ; Barranquilla
06h00, Lunÿs.



La tête encore une fois remplies de pensées, je me redresse de ce lit de fortune sur lequel je dors depuis trois semaines maintenant. J'attrape un verre d'eau et me lave rapidement le visage avant d'attraper mon tee-shirt en posant les yeux sur le petit que je garde. Ce n'est pas Sarcelles ici, je l'apprends à mes dépends.

Lunÿs- Oh Ju', levántate chico.

Il ouvre les yeux au ralentit et je l'aide à mettre son tee-shirt et son short rapidement. Il lui faut une douche mais on a pas le temps de la faire ici, il faut qu'on bouge avant le lever du soleil. Je prends sa couverture et l'entraîne à l'extérieur de la cabane. Presque tout notre côté du barrio a déjà déserté, nous sommes encore dans les derniers.

Lunÿs- Ven.

Il attrape ma main pour me suivre hors du refuge de fortune, las invasiones comme l'état l'appelle. Une fois assez loin, je ralentis la cadence en gardant le petit le plus proche possible du grillage qui longe la longue route. Elle est dangereuse, les voitures ne font pas attention aux piétons, beaucoup trop pressées d'aller travailler.

Barranquilla c'est une belle ville, en plein essor durable. Malheureusement, les jeunes comme moi ne sont pas les bienvenus dans le monde du travail et dans la ville en général. Quand je dis comme moi je parle de los chicos del barrio, on a à peu près tous le même statut dans la société. Pourtant je ne viens pas d'ici directement, mais on m'y a assimilé. Pour l'instant je ne peux pas vous dire comment je le prends, j'ai eu des responsabilités d'un coup.

Les péripéties sont nombreuses, les regrets aussi. Mais bon, c'est une autre histoire. Pour l'instant je dois m'occuper de trouver un travail ne serait-ce que pour manger et nourrir un maximum de personnes. Nous ne sommes pas beaucoup à pouvoir ramener de l'argent au jour le jour et légalement. Les autres dealent et donc partent un moment du barrio. Lorsqu'ils reviennent bien évidemment c'est la fête. Mais ce n'est qu'une fois par mois environ et ils viennent juste de repartir.

Je baisse le regard vers Judah qui fixe la mer le long de la route. Il parle très peu, se contentant de répondre à mes questions et rigoler quand je l'amuse un peu. Son père est dans les mauvaises affaires, j'essaye de l'aider comme je peux de la même façon qu'il m'a aidé quand je suis arrivé.

Lunÿs- Compraré una nueva camiseta, para la escuela. (J'achèterai un nouveau tee-shirt pour l'école.)

Judah- Gracias.

Je lui souris tristement. Malheureusement, son avenir est presque déjà tout tracé. Comme la majorité du quartier, il va finir orphelin. L'espérance de vie est bien trop courte pour espérer un quelconque avenir. Judah il veut apprendre, il veut connaître tous les livres il m'a dit. Avec l'argent que j'avais, je l'ai inscrit à l'école du quartier.

Alejandro- Holà Johjan, encore le dernier.

Lunÿs- J'essaye de laisser dormir le petit le plus longtemps possible. Il ne tient plus debout.

Alejandro- Il n'a pas le choix. Tiens. -il me tend un papier- Avec ce job tu pourras gagner de l'argent pendant une semaine entière. J'ai aussi récupéré les fiches pour que tu puisses récupérer l'héritage de ton père. Avec un peu de chance, ton baba ne l'a pas encore bloqué.

Ziyâra : Je n'attendrai rien de toi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant