Chapitre 14 : Je suis envoûtée par ce que je vois

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Taz, le labrador de ma voisine, patiente sagement tout en remuant la queue. Je m'empare alors de la laisse que sa propriétaire me tend. Cela fait un moment que je ne suis pas venue leur rendre visite. J'avais le cerveau occupé par d'autres choses dernièrement, mais maintenant, j'essaie tant bien que mal de passer au-dessus de ma folie.

— Merci, madame Mason. Je vous le ramène dans une bonne heure.

— Prends ton temps, mon enfant, Taz est ravi de te voir et ça lui fera du bien de se défouler ailleurs que dans mon petit jardin. Et puis, le pauvre t'attendait devant le portillon tous les jours, m'avoue ma charmante voisine aux cheveux grisonnants.

Je me penche sur le labrador pour l'enlacer tendrement et lui procurer un énorme câlin. Je m'en veux de l'avoir délaissé. Pour me faire pardonner, je vais l'emmener à la plage, son endroit préféré sur Terre. Entre le sable dans lequel il adore se rouler et les vagues, je suis persuadée qu'il va bien s'amuser.

Après un au revoir rapide à sa propriétaire, nous nous dirigeons tous les deux vers notre destination d'un pas soutenu. Pendant le court trajet qui nous y amène, j'en profite pour regarder si le comportement de mes voisins n'aurait pas changé. On se sait jamais au vu de ce qu'on a pu voir à la télévision la veille. Un taré pourrait vivre dans mon quartier. Je n'ai pas spécialement envie qu'un débarque pour mettre le feu à ma maison, sous prétexte que la décoration un peu démodée l'insupporte dans ses rêves.

Mise à part la folle que Papy Ali n'apprécie pas vraiment, rien n'a changé. Tout le monde est souriant et aimable. La vieille mégère a toujours été dérangée mentalement. De temps en temps, elle va trouver les voisins pour les agresser verbalement sans qu'on sache vraiment pourquoi.

Lorsque je passe rapidement devant chez elle, celle-ci est dehors en robe de chambre et crie sans cesse le mot « changement » avant de partir d'un pas pressé dans sa voiture. Une fois qu'elle disparaît de mon champ de vision, je peux enfin reprendre mon souffle. Je suis toujours un peu sur mes gardes quand je la vois.

En remontant la rue qui mène à la plage, Taz commence à s'agiter plus que d'habitude et tire comme un fou. J'ai du mal à contrôler la bête sauvage qui prend possession de son corps. Soudainement, la laisse lâche et le chien, libre comme l'air, fonce à grandes foulées vers la plage.

Je cours après Taz qui disparaît derrière un talus. En le cherchant du regard, je remarque qu'il n'est pas seul. Pourquoi Amaël se trouve-t-il allongé dans le sable sous le poids du toutou qui tente de lui lécher le visage ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

— Je suis vraiment désolée, je n'arrivais pas à le contrôler et sa laisse a lâché soudainement. Il ne t'a pas fait mal ? demandé-je tout en essayant de maintenir Taz qui s'attaque au jeune homme.

N'entendant pas réponse de sa part, je l'observe se mettre debout et enlever les grains de sable qui se sont collés à ses vêtements à cause de sa chute. Celui-ci me regarde pendant une microseconde durant laquelle j'aperçois une certaine rancœur. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Habituellement, il n'aurait pas perdu de temps pour me faire une de ses réflexions qui me m'agace au plus haut point. 

— Je savais que tu n'étais pas du genre poli, mais d'habitude tu as une langue et tu sais très bien t'en servir !

Je m'attendais à le faire réagir avec mon jeu de mots, mais au lieu de ça, monsieur part en nous laissant, moi et Taz, perplexes face à ce qu'il vient de se passer. C'est à ce moment-là que l'adorable toutou se met à pleurer comme s'il avait perdu un être cher. J'ai dû louper un épisode, car je ne comprends absolument pas son comportement. C'est quand je m'agenouille pour rassurer Taz que j'aperçois Amaël se retourner vers nous.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora