Chapitre 37 : Cette maison n'est pas la tienne !

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En arrivant dans la salle à manger, l'odeur du pain est encore plus prononcée et me donne subitement l'envie de tout dévorer comme si je n'avais pas avalé quelque chose depuis des lustres. En observant un peu plus attentivement la table, je m'aperçois que celle-ci n'est dressée que pour une personne à croire que je suis la dernière debout. Amaël quant à lui est de dos près du four à appliquer du beurre sur mes tartines.

Sophia m'invite à m'asseoir et se dirige vers son fils pour lui dire quelques mots que je ne peux pas à déchiffrer. Puis elle se déplace vers son mari, qui étudie divers papiers sur la table basse du salon. En jetant un regard plus insistant sur Amaël, j'aperçois divers bandages sur son avant-bras. Qu'est-ce qu'il a bien pu lui arriver ? Une fois qu'il se retourne pour servir mes tartines dans mon assiette, j'observe avec stupéfaction son visage, qui est couvert de multiples blessures superficielles, et même plus que superficielles pour certaines. Son œil a pris une légère teinte bleutée et l'entaille sous ce dernier est définitivement plus profonde que toutes les autres.

— Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? m'écrié-je en faisant sursauter le père d'Amaël qui se trouve assis sur le canapé face à nous.

— Des broutilles, murmure son fils avec un air absent.

— Sérieusement ? Ta figure est couverte de coupures et tu as un coquard et ce ne sont que des broutilles ? lui demandé-je excédée de ce genre de réponse qui le caractérise.

Amaël s'approche doucement de mon visage et me regarde dans le blanc des yeux. Je n'arrive pas à tenir le contact visuel avec lui tellement ce rapprochement soudain me perturbe. Je baisse la tête pour observer attentivement mon assiette et ainsi éviter ce regard bleu hypnotique, qui me met mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il lui prend à me scruter de la sorte ?

— J'aurais pire que ces petites égratignures, quand je combattrai réellement. Crois-moi ! me répond-il avec un air détaché comme si se battre était une habitude.

Le père d'Amaël va se lever du canapé pour se rapprocher de nous, ce qui encourage ce dernier à s'éloigner de moi.

— Borac aurait pu être moins violent dans ses coups, je vous rappelle que ce ne sont que des entraînements, le sermonne-t-il, ce qui fait sourire son fils.

Je continue d'observer Amaël inquiète. Il a l'air de n'en avoir rien à faire de s'être pris de multiples coups par son ami même pour ce qui devait n'être qu'un tour de chauffe avant la tempête.

— Qui te dit que ce n'est pas moi qui ai été le plus agressif dans mes actions ? répond avec insolence Amaël tout en défiant son père du regard.

— Que veux-tu qu'on fasse de toi ? enchaîne Danyel désolé par l'attitude de son garçon. Je t'en prie, Kaelia, sert toi et mange. Le roi de la castagne a mis toute sa gentillesse dans la confection de ce petit déjeuner. Profite-en car, vu son comportement ce ne sera sans doute pas le cas demain.

J'arrive à sentir l'agressivité de Danyel envers son fils grâce à ses paroles. J'ai dû louper un bout de conversation ce matin pour faire face à ses deux hommes remontés l'un contre l'autre.

— Vous n'êtes pas possible vous deux ! intervient pour la première fois Sophia. Vous ne pouvez pas passer une journée sans vous prendre le chou ? Ce serait trop exigé que vous réagissez comme des adultes ! Kaelia va finir par se demander dans quelle famille, elle a atterri. Faites un peu attention à vos paroles, messieurs !

Les deux hommes restent là silencieux à se dévisager en chiens de faïence, à se jauger mutuellement. Ne voulant pas faire partie de cette conversation ou de leur duel, je me contente de savourer ce délicieux petit déjeuner dans le calme le plus complet. Sophia va quant à elle réquisitionner son mari pour qu'il la rejoigne sur le canapé et poursuivre leur discussion. Je ne préfère pas regarder dans la direction d'Amaël, car je sens à travers tous les pores de ma peau que ses yeux sont sur moi.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Where stories live. Discover now