Chapitre 17 : Qu'est-ce qu'il peut être envahissant !

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Après une nuit des plus agitées, je me presse de me diriger vers la bibliothèque universitaire pour faire des recherches plus approfondies sur les mots de mon rêve que j'ai gribouillés sur ma feuille de papier.

C'est en sueur que j'entre dans le bâtiment le plus vieux de la faculté où les colonnes sont fissurées, ce qui donne un certain charme même si la plupart des élèves parient sur le jour où tout va finir par s'écrouler. Je trouve rapidement une place à l'écart des autres, là où j'ai l'habitude de me rendre quand j'étudie mes partiels.

Je sors mes affaires sur la table en bois et presque aussitôt, je pars en quête de livres pouvant m'aider dans mes recherches, mais je ne sais pas par où commencer, la mythologie, peut-être, ce serait un bon début. Une dizaine de livres plus tard, je retrouve mon bureau et entame mon enquête munie de ma note où les mots tels que Sanjar, Mangup, Okrutan et Malurn sont marqués d'un rouge vif.

*

Cela fait maintenant plus d'une heure que je cherche sans relâche dans mes livres, une trace, un indice qui pourrait m'aider, mais rien n'y fait, impossible de mettre la main sur ses mots dans les bouquins de mythologie. Désespérée, je souffle d'énervement avant de m'effondrer sur mes bras. Je manque par la même occasion de me taper la tête contre le bois de la table.

- Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai loupé ? murmuré-je en fermant les yeux.

- Comment vas-tu, Kaelia ? me demande une jeune femme que je connais bien tout en posant sa douce main sur mon épaule ce qui me fait sursauter.

- Tout va bien, comme d'habitude. Désolée, les filles, je dois retourner étudier.

Ophélia et Noélie se regardent avant de s'assoir en même temps autour de mon bureau. Qu'est-ce qu'elles me veulent ? Elles ne peuvent pas me laisser bosser.

- Nous devons te parler, reprend Ophélia d'une voix assurée, ce qui ne lui ressemble pas.

- J'ai du travail. On ne peut pas discuter à un autre moment ? insisté-je de nouveau avant de replonger mon nez dans mes bouquins.

Noélie, qui n'a jamais été très patiente, me les prend d'un coup sec pour les ramener vers elle et en profite pour me lâcher un regard dur.

- Ça suffit, tes conneries ! Tu vas nous écouter. Qu'est-ce qu'il t'arrive à la fin ? Tu n'es plus la même ces derniers temps.

- On dirait que tu nous ignores et il n'y a pas que nous qui avons remarqué ton changement de comportement, enchaîne Ophélia. Le plus attristé dans tout ça, c'est Trystan, il ne sait plus quoi faire de cette situation.

Je l'interromps d'un geste de la main et l'observe avec un air menaçant.

- Je vous demande pardon ! Je vous évite, mais vous délirez, ma parole !

- Ne fais pas l'ignorante, Kaelia, tu l'as bien remarqué toi aussi ! s'exclame Ophélia avec une expression mélancolique en essayant sans doute de calmer le ton de notre conversation.

- Absolument pas.

C'est avec conviction d'avoir mis fin à la discussion que je reprends mes affaires et que je remets le nez dans mon livre en faisant abstraction de la tête de mes deux amies sidérées par mon comportement.

Je n'ai pas été tout à fait honnête avec elles, il est vrai que je passe moins de temps avec eux depuis plusieurs semaines. Mais d'un côté est-ce de ma faute si je n'arrive pas à dormir correctement et que mes cauchemars me hantent même le jour ?

Noélie, agacée de me voir continuer ma lecture et faire comme si de rien n'était, décide de s'enfuir de la bibliothèque tout en me lâchant un très joli « va te faire cuire un œuf » pour rester poli devant les autres étudiants.

- Kaelia, murmure Ophélia, qui s'assoit près de moi tout en fermant avec douceur mon livre, on se connaît depuis qu'on est toute petite. Je sais quand quelque chose te tracasse. Tu es consciente que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ?

Je m'en veux d'avoir fait partir Noélie de cette façon. Elle a toujours été un peu sanguine, mais jamais au point de me dire ce genre de chose. J'ai dépassé les bornes, mes cauchemars ne devraient pas avoir un impact aussi important sur ma vie. Je vais finir par me retrouver toute seule avec pour compagnie un Amaël plus qu'envahissant.

- Je sais qu'il n'y a pas si longtemps c'était l'anniversaire de la mort de ta maman, est-ce que c'est pour ça que tu t'es éloignée de nous ? On n'a pas été assez présent avec toi à ce moment-là, c'est ça ? Dis-moi tout, je t'en supplie, Kaelia, tu es mon amie. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu ailles mieux.

Ophélia se rapproche de plus en plus de moi et me serre tendrement dans ses bras comme pour enlever la peine que j'ai dans le cœur. Forcée de constater que mon comportement n'est pas celui d'une copine de longue date, je me tourne vers elle et lui fais un câlin en retour en murmurant des excuses.

- Je suis vraiment désolée, Ophélia, je ne suis pas vraiment dans mon état normal ces derniers temps.

- C'est tout à fait compréhensible. Tu es consciente que tu peux me parler de tout n'est-ce pas ?

Je rigole face à sa phrase qu'elle m'a déjà dite quelques minutes plutôt.

- Je sais, Ophélia, je sais.

Remarquant que je ne souhaite pas lui avouer la cause de mon comportement, elle se contente de me regarder et de jouer nerveusement avec sa fermeture éclair.

Soudainement, de nombreux frissons traversent mon corps remontant jusque dans mes doigts, me faisant lâcher instinctivement mon stylo. Puis, j'entends une chaise se tirer juste derrière moi. Un rictus d'amusement se force sur mon visage malgré moi, car je connais qui est l'individu qui écoute actuellement aux portes attendant sans doute son tour. Qu'est-ce qu'il peut être envahissant !

Après de longues secondes à nous regarder dans les yeux, elle reprend la parole avec une voix hésitante.

- On se demandait si cela te dirait de venir ce soir à une soirée bowling comme on avait l'habitude et terminer par un restaurant.

Contre toute attente, je hoche la tête et lui souris joyeusement.

- Pourquoi pas, cela me fera du bien de m'aérer un peu.

- Génial ! crie Ophélia en sautant de joie. Trystan sera aux anges, car tu lui manques beaucoup, tu sais. Il a vraiment l'impression que tu t'es éloigné de lui dernièrement. Je suis tellement contente, Kaelia.

Ma réponse positive à cette sortie lui redonne ses jolies fossettes et, ne voulant sans doute pas que je change d'avis, elle me dit rapidement au revoir en me prenant dans ses bras et court presque pour retrouver Noélie, qui doit l'attendre dehors.

Quand elle ferme la porte de la bibliothèque et disparaît derrière les colonnes du bâtiment, j'entends la personne dans mon dos s'agiter et venir me rejoindre aussitôt sur la chaise libre à côté de moi.

- Alors comme ça, on est en froid avec son copain ? me demande Amaël avec le sourire aux lèvres.

***

Coucou !

J'espère que vous allez bien ! Le beau temps revient ici en Australie tout comme ma motivation à écrire, alors voici un tout nouveau chapitre ;)

N'hésitez pas à me faire part de vos impressions et à voter. On se retrouve très bientôt pour un autre chapitre !

Bisous :)

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant