Chapitre 34 : Oublier la réalité

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Une faible lumière provenant de l'extérieur de la chambre me sort de mon profond sommeil. Mes yeux s'ouvrent délicatement et laissent entrevoir la toile de la Voie lactée collée au plafond. Je n'ai donc pas rêvé, je suis bel et bien sur Malurn, une autre planète que la Terre.

Soudain, mille et un frissons traversent mon corps, comme à chaque fois qu'Amaël est dans les parages. Je comprends instantanément le pourquoi de cette légère lueur, qui a subitement envahi cette pièce. Je devine aisément qu'il se trouve sur le pas de ma porte à me regarder ou à attendre que je me lève sans avoir prononcé le moindre mot. Ne sachant pas comment réagir, je préfère ne pas bouger et faire semblant de dormir. Peut-être qu'il partira, s'il pense que je suis toujours dans les bras de Morphée.

De longues minutes passent et je n'entends pas la porte se refermer, juste le faible bruit de sa respiration. Quelle tête de mule ! Il en faut plus pour le faire fuir ce jeune homme.

Il a dû comprendre que je suis réveillée et attend sagement que je me retourne pour lui faire face.

— C'est dans ton habitude de regarder tes invités dormir ou c'est qu'avec moi ? lui demandé-je d'une voix assurée.

Mon intonation aussi enjouée et remplie d'énergie me trahit, car cela ne peut pas provenir d'une personne qui vient tout juste d'émerger dans le monde réel.

J'entends son rire emplir la pièce et réchauffer toutes les cellules de ma peau. Ses paroles chaleureuses et son grain de voix lui ont été transmis par sa mère, c'est une certitude. Les deux ont la capacité de détendre l'atmosphère rien qu'avec leur élocution. C'est une faculté que peu d'entre nous peuvent se vanter.

— Ça pourrait le devenir, répond-il d'un air songeur avant de reprendre. Le repas est prêt et mes parents t'attendent dans la salle à manger.

Sans plus d'explication sur son début de phrase, il referme la porte tout doucement et va les rejoindre. Une fois que je me suis étirée et coiffée, c'est avec la boule au ventre que je sors de mon antre. Je suis de nature à stresser assez facilement dans un environnement que je ne connais pas bien, surtout avec des personnes qui me sont inconnues.

Au moment où j'entre dans la pièce, les sourires de Sophia et Danyel font dissiper mon angoisse naissante. Ils sont tellement accueillants, que cela me rappelle quand Papy Ali nous a proposé de venir chez lui après nous avoir trouvés dans la rue, ma mère et moi.

— Bien dormi ? me demande Danyel tout en m'invitant à m'asseoir à leur table.

— Très bien, merci beaucoup de m'avoir offert un lit pour me reposer.

— C'est ta chambre, ma puce. Tu es ici comme chez toi, souffle chaleureusement Sophia.

Danyel entreprend de servir tout le monde avec le plat se trouvant devant nous et qui sent divinement bon. Le tout est accompagné d'une salade garnie en divers légumes. Il n'y a aucune chance que je meurs de faim aujourd'hui. J'ai l'impression d'être chez moi, chez Ali. À en croire la quantité qui a été cuisinée, ils veulent, eux aussi, avoir assez à manger pour les prochains jours à venir ou alors ils mangent comme quatre.

Une fois tout le monde servi, tous les membres de la famille se prennent les mains tout en fermant les yeux. Je suis le mouvement en faisant les mêmes gestes qu'eux. J'attends que Danyel récite le bénédicité, comme il est de tradition dans certains foyers sur Terre, mais aucune parole n'est prononcée. C'est avec un haussement de sourcil que je les observe en silence. Cela fait sans doute partie d'une coutume venant de leur planète.

C'est le père d'Amaël qui clôt cet épisode mystérieux en me regardant avec les yeux pétillants.

— Alors c'est comment, la Terre ? Les gens ont tous perdu les pédales ? Les guerres font rage ? Est-ce qu'elle est sur le point d'exploser ? me demande-t-il avec une fougue qui me rappelle son garçon.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant