5 - "J'ai Envie De L'embrasser "

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Non mais putain ! C'est quoi son problème ?

Il s'est pris pour un super-héros ou quoi ? Non parce que là il atteint le niveau d'un super-zéro...

J'avoue que la situation aurait été comique à mes yeux si quelqu'un d'autre avait été à ma place. Je dirais : "il n'avait pas à se mêler de ce qui ne lui regarde pas !". Ironie du sort ! C'est moi qui suis dans la merde.

À quoi il pensait en se jetant dans la gueule du loup comme il l'a fait ? Ou une mouche volant aveuglément vers la toile d'araignée ? Il croyait faire quoi en chargeant comme un petit marcassin ?

Il s'est jeté sur Yoichi. Évidemment, vu la différence taille entre eux, la fin de cette bagarre absurde était évidente. Yoichi est un sportif, un grand musclé. Pour l'autre, il est tout son contraire : petit, mince, le corps fin...

Je croise mes jambes et pousse un long soupir. Je pose mon regard sur le corps endormi du petit agneau. J'examine son visage. Son nez est cassé. Il a un œil au beurre noir. Sa lèvre est fendue. Il a un pansement sur l'arcade sourcilière, sur le nez, la joue droite et des bleus sur le visages.

Il est bien amoché. Ce connard de Yoichi a failli lui tordre le bras. Ça m'étonne encore que le petit noiraud ne se soit pas complètement vidé de son estomac à cause des coups de pied qu'il a reçus sur le ventre.

Cet enfoiré ne l'a pas manqué. Heureusement, que deux profs étaient passés. En me voyant pousser des cris désespérés en tentant vainement de les séparer et le meurtre indirect qui se déroulait sous leurs yeux, ils n'avaient pas hésité à agir professionnellement. Yoichi s'était barré en les voyant arriver.

Je n'aurais jamais cru me retrouver un jour dans une situation aussi bordélique. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Mais je n'implique jamais les autres dans mes affaires ou plutôt ce sont eux qui s'abstiennent de ne pas m'approcher. C'est mieux comme ça.

Je ne vois pas pourquoi quelqu'un aurait de l'empathie pour moi. Les gens ne voient que ce qu'ils veulent croire. Que je fasse quelque chose de bien ou mal, ce sera toujours la même chose. Je serai toujours une abomination. Je n'attends rien des autres et cela va de même pour eux. Je suis celle qui les portera malheurs. À force, cela devient même mon quotidien.

Après tout, ne suis-je pas la Fille du Diable ?

Ce garçon, il m'a l'air intelligent. Pourquoi a-t-il fait ça ? Il est cinglé peut-être... Une personne normale se serait enfuie ou aurait appelé les profs.

Mais lui, il n'est pas comme les autres.

Soudain, le vent entra dans la pièce par la fenêtre. Il fit soulever le rideau comme une barrière entre le lit où reposait le garçon et moi. Lorsqu'il se baissa, il se redressa lentement.

-Le petit marcassin est réveillé ! Je m'exclame avec ironie.

Il tourne automatiquement la tête vers moi. Il écarquille les yeux en me voyant. Il est surpris. Ce n'est pas étonnant. Je suis un mystère pour la plupart -  ou plutôt la totalité -  des gens de ce bahut.

-Euh... Où suis-je ? Il demande hésitant.

-Dans l'infirmerie, je réponds en plissant les paupières.

Il regarde autour de lui comme pour avoir la conviction de mes propos. Pui, il essaie de lever son bras droit enroulé d'une bande. Mais il ne réussit qu'à se faire mal vu la tronche qu'il tire.

-Cet enfoiré ne t'a pas manqué, je commente.

-Et toi ? Est-ce que ça va ?

Attendez ? Quoi ? J'observe son visage. J'y vois de l'inquiétude. Je dois rêver. C'est trop beau pur être vrai.

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