18 - "Parce que quand il me regarde"

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Je saute du petit muret et atterris - gracieusement - sur le sol de mes deux pieds. J'entends un chat sursauter et pousser un miaulement aigu. Le boule de poil grise s'enfuit en courant en passant entre mes jambes. Un rictus moqueur se forme sur mes lèvres. Chats ou humains, ils ont tous peur de moi. 

Je marche tranquillement dans la nuit éclairée par les enseignes lumineuses qui animent ce quartier. Une petite brise glaciale vient me frapper. Je resserre ma prise sur les pans de ma veste en cuir noir. Mes jambes frissonnent. J'aurais dû mettre un jean au lieu de cette mini-jupe noire et ces collants de la même couleur fins. 

Certaines personnes me dévisagent, me sifflent, m'appellent de tous ces surnoms à vomir des arcs-en-ciel ou chuchotent dans mon dos. Mais je les ignore. A croire que ces gens n'ont rien d'autre à foutre dans leur vie. 

J'arrive enfin à destination. Il y a une file monstrueuse. Je soupire longuement. Je vais devoir poireauter ici pendant au moins trente minutes ou une heure. Je n'ai aucune envie d'attendre. 

Ce matin, j'ai pris le petit déjeuner avec Darling. Il a insisté pour rentrer chez lui... J'ai bataillé avec lui pour qu'il rentre en voiture avec le chauffeur de la maison mais non ! Humble et modeste qu'il est, il a pris le bus sans m'écouter. Après son départ, j'ai eu un sentiment bizarre. J'ai dormi pendant plusieurs heures comme si j'avais pas déjà assez dormi comme ça dans ses bras. Mes draps avaient encore sa douce odeur. Quand je fermais les yeux, je revoyais ses grands yeux me rassurer. Rien que voir ses deux orbes émeraudes briller avec tant d'innocence brisait toutes mes barrières. Je ressentais encore sa présence dans ma chambre. Je me suis sentie étrangement vide... 

J'ai voulu me changer les idées. Ca fait longtemps que je suis pas sortie. Je regarde l'heure en sortant mon téléphone de mon petit sac beige en bandoulière. Il est 22h12. Je soupire pour la énième fois. Qu'est-ce qui m'arrive ? Bah tant pis. Finalement je n'ai pas envie d'être ici. Au moment où j'allais tourner les talons, quelqu'un passe un bras autour de mes épaules. Par réflexe je fais un mouvement. Oh shit. Jouer au ninja avec des bottines n'est pas recommandé. Mon dos a failli bouffer le sol quand ce même bras glisse derrière et m'attrape par la taille m'empêchant de tomber.

J'écarquille les yeux de stupeur. Je me relève rapidement en repoussant l'inconnu. Je découvre avec agacement mon "sauveur".

-Du calme Pinkie !

-Ta gueule, je rétorque en roulant des yeux, ne m'appelle pas comme ça. 

Ses yeux de chat me reluquent sans discrétion. Il passe une main dans ses cheveux blonds soyeux. La luminosité ambiante fait briller ses piercings argentés sur ses oreilles.

-Alors Pinkie ? C'est comme ça que tu me remercies ?

-Je t'emmerde, Dae Jung.

Le coréen esquisse un rictus amusé. Putain je déteste ce gars. Je l'ai rencontré par hasard à une soirée il y a un mois environ. Je ne sais plus mais ça faisait longtemps. Je le vois parfois à la boîte où je vais souvent. Il n'a fait que me coller au cul jusqu'à même gâcher le goût de ma boisson. J'aurais pu me le faire s'il n'était pas aussi insistant, bruyant et agaçant. Tous ces gens qui ne me connaissent pas croient que je me tape tout ce qui bouge. Mais où va le monde...

J'ai mes critères.

Agé de 22  ans, coréen, futur vice-président d'une grande entreprise et  beau parleur... J'ai maintes fois tenté de le repousser mais il revient à la charge comme un animal en rut.

-Ca fait longtemps que je ne t'ai pas vu par ici. Tu étais passée où ?

-Qu'est-ce que ça peut te faire ?

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