CHAPITRE 2

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Peter avait proposé de me raccompagner.

Le trajet se fit dans un silence de plomb où seuls quelques regards en biais avaient trahi sa nervosité.

Arrivés en bas de mon immeuble et après avoir coupé le contact, un soupir profond lui échappa. L'instant d'après, il tourna la tête dans ma direction. Mon regard était rivé sur lui, insistant. Je ne comptais pas lâcher le morceau.

—Tu m'expliques ? l'attaquai-je en croisant les bras.

—C'est compliqué, Sara. Une longue histoire.

—T'inquiète, j'ai tout mon temps.

Peter grimaça et se mit à fixer un point invisible, droit devant. Mais il ne se livra pas pour autant. Il demeura muet. Plongé dans ses raisonnements, il malmena sa tignasse brune d'un geste sec tout en maronnant dans sa barbe.

—Peter !

—Juste que ce type n'est pas fréquentable, point final ! s'agaça-t-il en levant les deux mains en signe de reddition.

Dubitative, j'arquai un sourcil.

—Vous aviez pourtant l'air de bien vous connaître.

Traits fermés, il reporta de nouveau son attention sur moi.

—Justement. Je le connais suffisamment pour pouvoir affirmer que ce gars est un vrai nid à emmerdes.

Malgré ses recommandations, mon indiscrétion prit l'avantage.

Je posai un coude sur le dossier de mon siège et me rapprochai de lui, toute ouïe. Un peu comme une gamine dans l'attente d'un secret crucial venant de sa meilleure copine.

—Raconte !

Blasé par ma réaction, Peter leva les yeux au ciel.

—Nan mais t'es pas croyable, toi ! me sermonna-t-il. J'te dis qu'Isaac est dangereux et toi, tout c'que t'attends, c'est des détails croustillants ?!

Peu convaincue, j'haussai les épaules pour unique réponse.

—Reste loin de lui, Sara.

Limite vexée, je me réinstallai dans ma position initiale en soufflant de manière exagérée. Qu'il comprenne mon agacement.

—Si tu le dis, bougonnai-je dans un murmure.

—Fais-moi confiance, conclut-il après m'avoir envoyé une pichenette sur la tête.

—Ouais ouais...

—Sara, s'il te plaît.

—C'est bon, t'as gagné ! J'ai saisi.

Rassuré par ma prise de conscience qui en soi, n'en était pas une, il déposa un chaste baiser sur mon front pour me souhaiter une bonne nuit.

(...)

Il n'était pas loin de neuf heures du matin quand je me décidai enfin à mettre un pied hors de mon lit.

Bonjour gueule de bois.

Une meute de piverts se la donnaient grave dans ma boîte crânienne.

—Oh misère, grimaçai-je en massant mes tempes tout en me dirigeant vers la salle de bain.

Sous la douche salvatrice, je me remémorerai la soirée d'hier ainsi que la discussion que nous avions eue avec Peter. Néanmoins et malgré ses mises en garde, mes pommettes commencèrent à chauffer lorsque des souvenirs de la danse effectuée ce Isaac remontèrent à la surface.

Merde mais qu'est-ce qui m'a pris...

L'alcool était définitivement l'ennemi numéro un de la raison. Je venais, à mes dépens, dans avoir la confirmation formelle. Pour autant, un truc m'échappait. L'idée que mon ami me cache des choses avait du mal à passer.

INCANDESCENT Where stories live. Discover now