CHAPITRE 16

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«La paume de sa main droite tomba avec une brutalité certaine sur ma joue.

—Nan mais t'es malade ! hurlai-je en effleurant ma peau endolorie.

Là, tout de suite, je ne savais pas ce qui m'infligeait le plus de douleur entre son geste ou bien cette facette de lui qu'il laissait paraître. Il me faisait peur, je ne le reconnaissais plus.

Melvin avait changé.

Ce n'était plus du tout le même homme qu'à notre rencontre. Il était devenu froid, violent et enchaînait les abus. Toujours dans les reproches, notre complicité du début avait disparue.

Ses traits déformés par la colère se durcirent davantage. Il empoigna mes cheveux d'un mouvement sec et tira ma tête vers l'arrière. Un gémissement de douleur m'échappa tandis que j'agrippai son poignet dans l'espoir qu'il me libère.

—Si j'te revois, ne serait-ce qu'une seule fois, aguicher ce gars, Sara, cracha-t-il près de mon visage, c'est mon poing que tu verras.

Son haleine alcoolisée me parvint, ma respiration s'intensifia.

—Tu me fais mal !

—Est-ce que j'ai été clair, chérie ?

Sa prise se resserra et il posa son front sur le mien.

—J'ai rien fait du tout, ripostai-je, tremblante. Fais-moi un peu confiance !

Un ricanement glacial franchit la barrière de ses lèvres alors que de sa main de libre, il frôla ma nuque. La pulpe de ses doigts passa et repassa à plusieurs reprises sur cette partie de mon corps.

Une caresse étrange, déroutante.

—Je te fais confiance, murmura-t-il à mon oreille. Bien plus que tu ne l'imagines. Alors ne me déçois pas.

Il ponctua sa phrase en venant dévorer ma bouche.

Une grimace de dégoût mais aussi de peine s'inscrivit sur mon visage mais malgré tout, je ne le repoussai pas.

Je le laissai faire.

Je le laissai encore une fois souiller ma dignité et abîmer mon cœur car au fond de moi, j'avais gardé espoir de revoir celui dont j'étais tombée amoureuse...»

******

—Arrête de dormir, idiote. On est arrivés.

En sursaut j'ouvris les paupières. La luminosité agressa mes yeux encore endormis qui se plissèrent face à la clarté de ce milieu d'après-midi. Vaseuse, il me fallut plusieurs secondes pour pouvoir émerger correctement. Pour me souvenir où je me trouvais, pourquoi et avec qui.

Toujours assise dans cette voiture, je me massai les tempes dans un soupire.

—Accélère un peu ! gronda Isaac alors qu'il s'éloignait déjà du véhicule.

—Ça va... je sors.

Une fois dehors, je fis un tour sur moi-même.

Exceptée une immense maison boisée, seul le désert nous entourait et s'étendait à perte de vue. Un rire sans joie m'échappa tandis que je me tournai vers le basané qui s'allumait une énième cigarette.

—C'est ça que vous appelez Chalet ? le questionnai-je en montrant l'habitation du menton. Faudrait penser à revoir vos définitions. On n'a pas les mêmes, apparemment.

Perplexe, il me considéra, silencieux, tout en recrachant sa fumée. Mal à l'aise je l'interrogeai du regard pour l'inciter à parler.

—T'as vraiment une gueule affreuse, se contenta-t-il de répondre avant de rejoindre Barrosa. Bouge, on y va.

INCANDESCENT Where stories live. Discover now