CHAPITRE 10

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Il ne devait pas être loin de cinq heures du matin quand le bruit cinglant de deux détonations me sortirent brusquement du sommeil dans lequel j'étais plongée. Les cheveux en bataille, je me réveillai en sursaut, pas bien certaine de l'origine de ce vacarme quand une troisième déflagration retentit.

Bordel c'était quoi, ça ?!

Encore à moitié ensuquée, j'attrapai le premier tee-shirt venu pour l'enfiler puis me précipitai vers le balcon de la chambre. Ça courrait et s'agitait dans tous les sens, en -bas. La sono continuait malgré tout son rôle musical, mais son tempo accompagnait maintenant un embrasement bien différent de la veille.

Inquiète, je balayai des yeux l'extérieur toujours éclairé et vis Isaac accompagné du gars basané un peu plus loin, dans l'allée. D'autres hommes à l'agitation palpable se tenaient à côté d'eux. Je plissai le regard pour tenter de discerner ce à quoi ils faisaient face, lorsqu'un quatrième coup de feu siffla dans les airs.

Je me figeai aussitôt, les mains agrippées à la rambarde, et laissai échapper un cri à casser tous les codes des Castafiore peuplant cette planète. Moi-même j'ignorais l'existence de ce talent avant qu'il ne franchisse la barrière de mes lèvres.

Fou...

Sous mon éclat de voix, Barrosa se retourna dans ma direction. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour m'apercevoir.

—RENTRE ! hurla-t-il.

Je l'entendis mais ne réagis pas.

Tétanisée, j'observai toutes ces silhouettes qui semblaient se décomposer au ralenti.

—PUTAIN, SARA ! RENTRE DANS CETTE PUTAIN DE BARAQUE !

Son ton était sec et sans appel.

Mes yeux clignèrent à plusieurs reprises. Je me reconnectai à la réalité et après lui avoir jeté un dernier regard, m'exécutai en regagnant l'intérieur aussi rapidement que mes jambes tremblantes me le permirent.

La respiration saccadée et les deux mains dans mes cheveux, je tournai sur moi-même au centre de la pièce. Mes neurones essayant tant bien que mal de regrouper entre eux les dernières informations arrivées de manière un peu trop violente à mon goût.

Tout se bousculait dans mon esprit.

La peur, l'émeute émotionnelle. Le rationnel et le plus improbable.

—Tout va bien ? me questionna un timbre doux derrière moi.

La voix soucieuse  mais aussi essoufflée de Sebastian me sortit de la torpeur dans laquelle je me laissai glisser. Debout dans l'encadrure de la porte, les traits tirés et fatigués, il m'examinait. Attentif à la moindre de mes réactions.

—Qu'est-ce qu'il se passe, Sebastian ?

—Rien qui ne doit t'inquiéter, dit-il en amorçant un pas vers moi. On gère.

Bras croisés désormais, j'arquai un sourcil tout en le fixant. Impatiente qu'il développe. Mais rien. Il n'ajouta rien de plus. L'agacement me gagna. D'un coup d'épaule un peu plus brutal que je ne l'avais voulu, je le bousculai afin de le contourner.

—Tu vas où comme ça ?

Têtue et obstinée à en savoir davantage, je me murai dans le silence et ne répondis pas. Je l'entendis souffler et jurer dans mon dos mais là, tout de suite, je m'en cognai. Sa main accrocha alors mon bras.

—Arrête d'être aussi impulsive, putain ! Et fais-nous confiance !

Un rire amer remonta dans ma gorge.

INCANDESCENT Where stories live. Discover now