Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈

     Comment cet homme connaissait mon nom ? Mon père a dû le prononcer à moment où un autre devant lui. Dans le cas contraire, il s'est renseigné non seulement sur mon père, mais également sur moi. Qu'est-ce que cela pourrait signifier ? Qu'en dépit du fait que je n'ai rien à voir avec les affaires de mon père, de quelques natures qu'elles soient, de près ou de loin, ce John Shelby pourrait s'en prendre à moi ?

Suite à cette brève entrevue plus tôt ce matin, après que je lui ai apporté de quoi manger et qu'il m'ait saluée en prononçant mon nom, je me suis enfuie sans demander mon reste. Je n'ai pas cherché à savoir comment il a su mon nom, ni comment il s'est retrouvé dans cette cage dans ma maison. Plusieurs domestiques m'ont vu remonter, alors j'ai prétendu que le prisonnier était évanoui. À peine quelques secondes plus tard, mon père faisait son entrée dans la cuisine. Dans la pièce, personne ne parlait. Mon père et ses hommes se sont directement rendus au sous-sol, sans se préoccuper de qui que ce soit, pas même de moi. La première chose que j'ai remarqué, c'était qu'il avait le visage complètement fermé. Quelque chose avait dû se passer à l'extérieur.

À présent, je tournais en rond dans ma chambre. Je n'avais pas le droit de sortir sans un chaperon. La situation m'échappait complètement. En quoi cette ville, Birmingham est-elle plus dangereuse que ce qu'on connaît déjà en Italie ? John Shelby fait-il partit d'un gang, qui serait presque l'équivalent de la mafia chez nous ? Mais je ne l'ai jamais vu. Ce qui voulait dire que mon père était déjà venu ici. Ce dont j'avais besoin, c'était d'en apprendre plus sur ce qui se passait. Devais-je prendre le risque de descendre une nouvelle fois et lui poser des questions ? Tant de questions qui se bousculaient dans ma tête, mais pas la moindre idée de comment faire pour qu'on y réponde.

Je me décidais alors à sortir de ma chambre afin de tomber sur le premier domestique. Au loin, se trouvaient deux jeunes femmes, elles devaient être un peu plus vieille que moi et à les entendre parler, elles étaient natives d'ici. Peut-être qu'elles pourraient répondre à quelques-unes de mes questions. Alors que je m'approchais, elles se turent soudain et firent un geste de salut qui ressemblait à une révérence. Je n'aimais pas ce genre de formalité, mais je préférais ne rien dire pour ne pas les brusquer.

"J'aurais des questions à vous poser. À propos de l'homme qui se trouve en bas."

     Les visages des deux jeunes femmes changèrent en quelques secondes. Qu'avais-je dit de mal ? L'une d'elles prétendait avoir énormément de travaille, mais elle voulait seulement échapper à mon interrogatoire. Mon regard se posait alors sur la seconde.

"Acceptez-vous de me suivre afin de répondre à seulement deux ou trois questions ? demandais-je prudemment.

Oui mademoiselle."

     Rassurée par sa réponse, je lui indiquais le chemin de ma chambre. Une fois dans la pièce, je prenais soin de refermer la porte afin qu'aucune oreille trop indiscrète n'écoute notre conversation. Je m'assieds alors sur le bord de mon lit et regarda la jeune femme.

"Comment t'appelles-tu ?

Elizabeth, mademoiselle, répondait-elle timidement."

    Hochant lentement la tête, je l'invitais à s'installer à mes côtés. Mon but était de la mettre en confiance, afin qu'elle réponde sans hésitation à mes questions.

"Bien. Connais-tu l'homme enfermé au sous-sol ?

Oui mademoiselle. Tout le monde le connaît."

     J'arquais un sourcil face à cette révélation. "Tout le monde le connaît" ? C'est-à-dire ? À quelle échelle ? Était-il connu dans tout Birmingham ? L'Angleterre ? Quoi qu'il en soit, pour moi ça n'était pas une bonne nouvelle. Mes craintes n'allaient qu'accroître. Je n'ai pas accepté de venir jusqu'ici pour me faire tuer. Mais je me risquais à en apprendre plus sur John Shelby et continuai.