𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕

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     Ces longues minutes, passées en compagnie d'Ada, m'avaient procurées un bien fou. Rencontrer une personne qui n'avait pas le même mode de vie que moi me changeait de ce que je vivais au quotidien. Je n'avais même pas pensé à lui poser des questions sur les Peaky Blinders. Je n'aurais pas voulu qu'elle soit mal à l'aise ou bien se braque et ne veuille plus me voir. D'ailleurs, elle avait proposé qu'on se rejoigne au même endroit dans une semaine. Si je sentais qu'elle me fait davantage confiance, j'aborderais le sujet. Peut-être pourrait-elle m'apporter certaines réponses.

En quittant le Garrison, je n'étais toujours pas décidée à partir, mais mon temps de liberté touchait à sa fin et Federico me semblait extrêmement soulagé de retourner au manoir. Nous attendîmes alors le chauffeur sagement et dans le silence. Pour ma part, je contemplais le livre que le vieil homme m'avait offert et je le feuilletais rapidement. J'étais certaine qu'il allait me plaire. Le chauffeur arrivé sur place, Federico m'ouvrit la portière. Il avait rapidement retrouvé le sourire puisque sa torture avait pris fin. Quant à moi, j'étais à demi insatisfaite puisque je n'avais pas appris grand-chose malheureusement. Je me disais que la prochaine fois serait la bonne.

Sur le chemin du retour, j'avais débuté ma lecture lorsque, instinctivement, je levais la tête afin de regarder à travers la vitre de la voiture. En me rapprochant, je vis au loin quelque chose qui attira fortement mon attention.

"Arrêtez-vous, s'il vous plaît."

     Automatiquement, Federico se retourna vers moi et était sur le point de me demander ce qu'il se passait, quand je lui fis signe de se taire. Mon regard était braqué sur un groupe d'hommes qui se trouvaient plus loin. Je pouvais les compter au nombre de quatre. Ils semblaient discuter avec deux autres personnes. Les distingués était assez facile. J'étais beaucoup trop loin pour les décrire parfaitement, mais je pouvais constater avec certitude qu'ils portaient tous les quatre de longs manteaux noirs ainsi qu'une sorte de casquette. Federico et le chauffeur observaient la scène également et tous les trois, nous retenions presque notre souffle, en attendant qu'il se passe quelque chose.

La conversation semblait assez mouvementée. Dans le groupe, un seul homme avait l'air de parler. De temps en temps, on pouvait capter quelques gestes, mais le reste du temps, il ne bougeait presque pas. Il était entouré des trois autres, comme si c'était lui qui dirigeait. Les deux personnes à qui il s'adressait étaient également des hommes. L'un d'eux avait d'ailleurs les bras croisés. Comme s'il faisait face à celui que j'avais désigné comme étant le chef.

Pendant quelques minutes, qui s'écoulaient comme des heures, tout le monde resta immobile. On avait l'impression que deux titans se faisaient face et étaient prêts à se battre. J'essayais de remarquer le moindre petit détail, mais rien ne les trahissaient. Puis soudain, le chef à la casquette fit mine de faire demi-tour, tout en retirant sa casquette. Mais les autres ne bougèrent pas. Et tout à coup, le chef se jeta sur l'autre homme en le frappant avec sa casquette. D'où nous nous trouvions, on avait pu entendre le hurlement de l'homme, qui avait désormais ses mains sur son visage. Les trois autres firent de même lorsque des renforts arrivèrent.

Sans même demander quoi que ce soit, le chauffeur redémarra la voiture et nous quittâmes la route en trombe. J'entendis les paroles de Federico sans vraiment l'écouter. Dans ma tête, je ne cessais de revoir la scène où le chef du petit groupe s'est jeté sur son adversaire en le frappant avec sa casquette. J'avais un mauvais pressentiment.

     De retour au manoir, je fus accueillie par mon père qui m'annonçait que le repas était déjà servi. Je ne pris alors pas la peine d'aller me changer et me retrouvais directement dans le grand salon. Une bonne ambiance y régnait. Sur la table, toutes sortes de plats très variés étaient posés sur la table. Plusieurs bougies étaient allumées en plus de celles du lustre et avec la cheminée, la pièce était encore plus chaleureuse. Je retrouvais Emilio bien n'avait pas attendu pour se servir. Mon père avait déjà entamé son repas. Décidément, ils semblaient bien affamés. Depuis quelques minutes, je gardais le silence. J'étais bien trop perturbée par ce que je venais de voir et je n'avais pas vu Federico dans les parages. J'espérais qu'il tienne sa langue.

Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon