Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐈

     Je voyais et je devinais qu'en un simple regard, il me défiait. Lequel de nous parlera le premier ? Qui crachera le morceau sur ce qu'il sait ou ne sait pas ? Pendant un moment, je crus me perdre dans ce regard océan. Ce bleu perçant que j'arrivais à percevoir malgré le peu de lumière. Ce qui m'étonnait toujours, c'était son calme légendaire. À l'intérieur, une tempête devait se déchaîner, car ses yeux, trahissaient toute la rage qu'il contenait en lui.  Je n'avais aucun doute sur le fait que s'il se trouvait à l'extérieur, il me tuerait avant de s'occuper de mon père ainsi que d'Emilio, qu'il a sans doute rencontré.

"Je repose la question. Pourquoi mon père s'en soit pris à vous ?"

     J'étais assez proche de lui pour sentir sur ma peau le soupir qu'il venait de lâcher. À force de poser cette question, il finirait peut-être bien par en avoir plus que marre et me dire la raison de cet enlèvement. Mon père ne s'en prendrait pas à quelqu'un qui n'aurait rien fait. Qu'il fasse partie d'un gang ou non. Quel intérêt aurait-il à s'en prendre à un innocent ? Ça, je tenais absolument à le découvrir maintenant.

John Shelby restait appuyer contre les barreaux de la cage. S'il le voulait, il pouvait m'attraper le bras et faire ce qu'il voulait de moi. Mais montrer que je n'avais pas peur de lui -du moins lui faire croire- le pousserait à passer aux confidences. Quoi qu'il en soit, ce qui se dirait entre nous restera dans ce sous-sol. Je ne révélerais rien à mon père, jusqu'à ce que je sois sûre des intentions de l'un comme de l'autre.

"Vous n'avez que cette putain de question dans la bouche ?

Non, il y en a d'autres, affirmai-je, Quelles activités vous et votre gang pratiquez ?

Racket, contrebande, paris illégaux. Entre autres."

     La facilité avec laquelle il a énuméré ce que les Peaky Blinders faisaient m'étonnait. Je ne m'attendais pas à recevoir une réponse aussi facile à ce genre de question. À moins qu'en réalité, tout le monde avait connaissance de quelques-unes d'entre elles. Cela ne me surprendrait guère. Mon regard se posait sur la casquette que je venais de ramasser. La fameuse casquette avec laquelle l'un des hommes du gang avait attaqué deux autres personnes. Alors que je la regardais plus en détail, je compris pourquoi la première victime de cette attaque se cachait le visage. Des lames étaient cousues. Et elles étaient plus ou moins bien dissimulées puisqu'en découvrant les affaires de John Shelby dans la chambre, je n'avais pas du tout remarqué ce détail.

Alors je décidais de la montrer. Je la levais de sorte à ce qu'il la voit bien. Automatiquement, son regard se posait sur sa casquette, ou son arme, et ses sourcils se fronçaient.

"Où avez-vous eu ça ?

Je l'ai trouvé dans une chambre dont la porte était fermée à clef, expliquai-je, C'est votre arme ?"

     Alors que je ne faisais pas attention à ce que je faisais avec la casquette, je sentis que l'une des lames me coupait légèrement le pouce. Je la fis tomber et préférant la laisser à terre, je portais mon pouce jusqu'à mes lèvres. Une légère grimace pouvait se lire sur mon visage, ce qui faisait ricaner John Shelby.

"Pas vraiment non mais les lames sont très bien aiguisées."

     Il se fichait clairement de moi. Malheureusement, je n'avais pas le temps de rire et encore moins l'envie. Il fallait que j'insiste. Quitte à ce qu'il s'énerve un peu, il devait cracher le morceau en ce qui concerne mon père.

"Faites un effort. Surtout si vous voulez savoir ce que j'ai vu. Pourquoi mon père aurait fait de vous son otage s'il ne vous connaît pas ? demandai-je

Vous ne comprenez pas ? J'en ai aucune putain d'idée."

     Il avait l'air plus ou moins sincère. Tant que je n'en saurais pas plus du côté de mon père en ce qui concernait cette capture, je n'en parlerais plus avec John Shelby. Un nouveau silence s'installait alors que je réfléchissais à une nouvelle question. Une en particulier me vint en tête. Elle me faisait déjà froid dans le dos. Je regardais de nouveau John Shelby. Il ne m'avait pas quitté du regard. Ce que je m'apprêtais à lui demander m'obligeait à détourner le regard.

"Avez-vous déjà tué des gens ?

J'ai arrêté de compter, avoua-t-il."

     Était-il sérieux ? J'imaginais qu'il incluait celles de la Grande Guerre. Du moins, c'est ce que je me disais pour me rassurer. Cet homme ne semblait aucunement cacher ce qu'il faisait ou même avait fait. Donc, s'il avait quoi que ce soit à se reprocher en ce qui concernait de près ou de loin mon père, il ne se serait pas caché de s'en vanter et donc de me le dire. Une partie de moi commençait alors à croire à l'éventuelle innocence de John Shelby. Finalement, l'idée de cette révélation me fit froid dans le dos. De plus, il faisait réellement froid dans ce sous-sol. Je repris alors mon châle qui était jusqu'à présent posé à terre. Il devait être très tard et il valait mieux ne pas m'attarder, d'autant plus que mon père pourrait se lever pour une quelconque raison.

"Ce n'est pas un endroit adéquat pour une dame."

     Je fus contrainte de lever la tête, à cause de l'étonnement que venaient de me provoquer ces mots. Était-ce vraiment John Shelby qui venait de se montrer un peu agréable et poli ? Je recherchais sans cesse une raison qui pourrait le rendre coupable de quelque chose, mais un brigand ne dissimulerait pas ses erreurs ou ses crimes. Était-il seulement un brigand ? Cette conversation n'a pas abouti à ce à quoi, je m'attendais. Au final, j'en suis arrivée à la conclusion, que mon père s'était trompé de personne ou lui reprochait une chose dont John Shelby ignorait la raison. Une querelle de longue date ? Quel intérêt à se venger sur des personnes qui n'en seraient pas responsables ?

J'accordais un sourire à cet homme qui semblait rapidement changer de comportement ou se montrait aimable avec ceux qui le sont avec lui. Peut-être qu'il serait judicieux de lui donner un peu d'espoir.

"Plus tôt dans la journée, en revenant de Birmingham, nous avons vu au loin quatre hommes, portant les mêmes vêtements et la même casquette que vous, expliquai-je, L'un d'eux interrogeait deux hommes. Nous sommes restés là à les observer quand tout d'un coup, celui qui se chargeait de l'interrogatoire s'est mis à les attaquer. En utiliser sa casquette."

     Avant de continuer, j'observais la réaction de John Shelby. Il avait la tête baissée, appuyée contre les barreaux. Pour le moment, il ne réagissait pas. Il attendait plutôt que je termine de tout lui raconter. Mais quelle serait sa réaction ensuite ?

"Nous n'avons pas cherché à nous éterniser. Nous sommes immédiatement revenus. Mais en découvrant tout ceci, j'ai vite compris qu'il s'agissait de votre gang et qu'ils étaient à votre recherche."

     À présent, j'avais fini. Je lui avais tout dit. Il était possible que je venais de commettre une erreur qui allait s'avérer être irréparable. Cependant, mon cœur me convainquait qu'il était innocent. Et alors que John Shelby n'avait pour le moment pas lâché un seul mot, je le voyais lentement relever la tête. Ce léger sourire, que j'avais vu dès le premier moment où j'avais mis les pieds dans ce sous-sol, était réapparu.

"Vous devriez vous mettre à l'abri ma dame. Les Peaky Blinders seront bientôt à votre porte."

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Le voilà enfin ce chapitre VI !

Je suis consciente que l'attente a été assez longue, j'en suis d'ailleurs désolée.

Maintenant que l'histoire est assez bien entamée, j'aimerais connaître vos avis. Aimeriez-vous connaître le visage que j'ai attribué à Giuliana ? Certains d'entre vous préfère sûrement s'en faire leur propre image bien que peu de détails sur son physique ont été donnés. Je tâcherais de corriger cela.

Il s'agira peut-être du seul message que je laisserais sur un chapitre, car je n'aime pas trop faire cela. C'est à titre exceptionnel ! Pour les messages importants, ils apparaîtront sur mon profil et pour discuter je suis toujours disponible en mp.

Je vous souhaite d'avance une très bonne lecture pour les chapitres à venir !