𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐈𝐈𝐈

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     En rentrant, je n'avais aucune idée de l'endroit où s'était retranché mon père. À vrai dire, je ne voulais pas croiser de nouveau son chemin avant un petit moment. Ce qu'il m'avait confessé pendant notre balade m'avait à la fois perturbée et frustrée. Pour quelle raison ne m'avait-il pas tout dit ? Quel était le lien entre ma mère, décédée depuis 19 ans et John Shelby ? Des années les séparaient, aucune chance qu'ils aient un lien. De plus, John Shelby ne connaissait pas mon père, pour me l'avoir répété maintes fois. Ça ne serait pas étonnant que mon père soit parti à la chasse ou tout simplement boire et parler affaires avec Emilio. En conséquence, j'étais libre de mes mouvements. Je pouvais me rendre à Birmingham dans la plus grande discrétion, à condition que je mette le chauffeur dans la confidence et lui promette une petite augmentation pour cette fois-ci.

Ainsi, je me rendais dans la partie du domaine où étaient garées nos voitures. Nous n'avions qu'un seul chauffeur, puisque mon père se contentait de ses hommes pour le conduire où bon lui semblait. Alors que je me dirigeai sans craintes vers l'une des voitures, j'entendis une voix m'interpeller. Comme si je venais de me faire prendre en flagrant délit, je sursautais telle une enfant de 8 ans qui venait de faire sa grosse bêtise du jour. En me tournant vers cette voix qui m'était plus que familière, je découvris Federico, qui sortait littéralement de nulle part. Avec cette apparition, presque divine, si je puis dire, je soupçonnais mon père de l'avoir chargé de me surveiller contre mon grès. De toute façon, ce que j'en pensais était le cadet de ses soucis.

"Que fais-tu ici ? Tu n'es pas avec ton père ?

Non comme tu peux le voir. Passer quelques minutes avec moi lui suffit amplement, avouai-je, Comme ça l'a toujours été."

     Ma nervosité me trahirait presque. Mais Federico ne remarquait rien. Qu'est-ce qui pouvait l'intéresser au fond ? C'était un grand gaillard, de deux ans mon aîné. J'ignorais si sous cette chemise, c'était du muscle ou plus de l'enrobement. Il avait des cheveux d'un noir très intense. Ses yeux étaient marrons ou noisettes. Je n'ai jamais été assez proche de lui pour vraiment le remarquer. Quoi qu'il en soit, il possédait un regard qui laissait croire qu'il pouvait lire en vous comme dans un livre ouvert. Mais il ne disait jamais rien, il parlait peu et obéissait toujours sans avoir à redire quoi que ce soit. Si un jour, il devenait un chef de mafia, selon moi, il n'aurait aucun mal à se faire respecter.

Cigarette entre les lèvres, Federico m'observait en silence, j'avais presque l'impression qu'il essayait de deviner ce que j'avais l'intention de faire. Je suppose que ce n'était pas si difficile que ça à comprendre. Mais comme à son habitude, il préférait jouer dans la subtilité.

"Si tu attendais Rino, il n'est pas là aujourd'hui, expliqua-t-il, Personne ne peut t'emmener nulle part."

     Il me fallait une excuse pour le convaincre deme déposer à Birmingham. Je me souvins de l'impatience qu'il avait ressentie lors de notre première visite rapide de la ville. Ce n'était pas un homme qui se sentait particulièrement concerné par l'art de la littérature. Il ne lisait d'ailleurs jamais. Enfant, c'était moi qui lui lisais certains livres. D'une certaine façon, il a toujours été chargé de me surveiller, il était mon chaperon attitré.

"J'ai absolument besoin de retourner à Birmingham. Tu te souviens de ce charmant monsieur, dans le magasin.

Fuori questione, je refuse de retourner là-bas, cracha-t-il.

Tu sais que tu n'es pas obligé de m'accompagner. Dépose-moi à l'entrée de la ville et j'irais. Je ne serais pas longue, c'est promis."

     Il semblait réfléchir à ma proposition. Ou à une contrepartie, ce qui ne serait pas étonnant. Il y a quelques années, je mesouviens avoir surpris une conversation entre Federico et ma gouvernante de l'époque, qui malheureusement nous a quittés peu avant que l'on vienne en Angleterre. Federico lui avait demandé quelles étaient ses chances s'il demandait l'autorisation à mon père de m'épouser. Surtout, s'il réussissait à avoir un poste important à ses côtés. Ma gouvernante lui avait répondu qu'il avait ses chances uniquement s'il arrivait à faire ses preuves aux yeux de mon père. Qu'en était-il de moi ? Malheureusement, aucune décision ne m'appartenait. Cependant, j'ai toujours vu Federico comme le grand frère que je n'ai pas eu. Devenir sa femme serait très bizarre et je savais que des sentiments amoureux ne naîtraient jamais. Bien que je le trouvais très séduisant et tout à fait capable de rendre une femme heureuse. Mais une autre que moi.

Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)Onde as histórias ganham vida. Descobre agora