𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐕

1.3K 75 2
                                    

Voici la première chose que je m'étais dite en me réveillant. "C'est aujourd'hui". Les deux jours qui ont suivi le dernier moment que j'avais passé avec John, j'étais restée la plupart du temps dans ma chambre. Me laissant envahir par la tristesse que je ressentais et qui grandissait au fil des heures, me rapprochant de la rupture. En me levant, j'avais remarqué non seulement le soleil rayonnant qui était présent, ainsi que le petit-déjeuner que m'avait apporté Elizabeth. Ces deux derniers jours, nous avions partagé un petit-déjeuner ensemble, mais elle avait sûrement dû avoir beaucoup de travail ce matin-là, en plus de l'évasion de John, qui était prévue pour cet après-midi.

J'attendais patiemment devant les écuries, que mon père me rejoigne. Toute la matinée, je m'étais préparée sans grand enthousiasme. Bien que je sache que je retrouverais John au coucher du soleil dans la maisonnette, je n'arrivais pas à garder ma bonne humeur qui était pourtant très présente dans mon quotidien. Cependant, lorsque je vis mon père apparaître dans mon champ de vision, je ne pus m'empêcher de sourire. J'étais si heureuse de le voir être encore à mes côtés, je pensais souvent au fait que j'avais failli le perdre, il y a à peine quelques semaines. Je restais persuadée que quelqu'un lui voulait àtout prix du mal.

J'avais continué d'observer son comportement, ainsi que celui d'Emilio. L'un comme l'autre semblaient assez distraits. Jamais plus, ils n'ont prononcé le nom de John ou ont simplement mentionné sa présence dans le sous-sol du manoir.

"Quelle belle journée pour aller se promener mia cara figlia."

Nous débutâmes alors notre promenade. Avant de quitter la cour du manoir, je lançais un dernier regard vers ma demeure, où j'ai pu apercevoir Elizabeth, qui attendait sur le seuil de la porte, notre départ. Tous mes espoirs se reposaient à présent sur elle. Si tout se passait comme prévu, John allait partir dans quelques minutes, en direction de la maisonnette, afin de reprendre les forces dont il avait besoin, pour rentrer chez lui et retrouver sa famille.

Pendant ce temps, au manoir

Elizabeth vaquait à ses occupations, essayant de paraître la plus naturelle possible. Faisant mine de passer le balai dans la cuisine, elle attendait patiemment que les autres domestiques quittent la pièce, afin de continuer d'effectuer leur travail. Le manoir était très grand, il y avait donc de quoi faire. Néanmoins, deux jeunes filles, qui devaient sûrement avoir entre 16 et 18 ans, prenaient tout leur temps et étaient plus occupées à ricaner en se prenant pour des dames. Quand le chat n'est pas là, les souris dansent.

Stoppant ce qu'elle faisait, Elizabeth se tourna vers les jeunes filles, le poing sur la hanche.

"Vous n'avez pas de travail à accomplir vous deux ? demanda-t-elle d'une voix grondante."

L'une donna un coup de coude à l'autre. Le silence régna dans la cuisine et sous le regard d'Elizabeth, elles quittèrent la pièce, sans pour autant pouvoir garder leur sérieux une fois un peu plus éloignées. Elizabeth venait d'une famille qui vivait dans les Cornouailles. Pendant des générations, sa famille prospérait dans la production des minerais trouvés dans les mines qui bordaient les falaises. Cependant, lorsque son grand-père avait la gérance de la mine familiale, le minerai principal s'était comme évaporé et il demeurait introuvable. N'aillant pas d'autre affaire et le reste de la production insuffisante, ils ont dû fermer la mine et la famille d'Elizabeth était tombée dans la pauvreté.

Ses parents géraient maintenant une petite ferme, son frère s'était engagé dans l'armée lors de la Grande Guerre, mais n'en était jamais revenu. Étant l'unique fille de la famille, Elizabeth avait toujours rêvé de quitter les Cornouailles pour se rapprocher de la capitale. Chose qu'elle fit, une fois qu'elle avait jugé être assez responsable d'elle-même. Ainsi, elle s'était retrouvée au service de la famille qui était les anciens propriétaires de ce manoir. Mais le lord est décédé prématurément et sa femme ne voulait pas garder cet immense domaine. À l'arrivée des Tozzi, elle leur a vendu le domaine pour un bon prix, désirant s'en débarrasser le plus rapidement possible. Benedetto Tozzi, ne trouvant pas l'utilité de licencier tous les domestiques, les avaient gardé et les payaient gracieusement.

Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن